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 Je vais commencer, n'est-ce pas? :D

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Amandine

Amandine


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MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptyLun 30 Nov - 21:26

confused
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Camille

Camille


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MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptySam 5 Déc - 22:39

Ben...j'l'imaginais plutôt genre à la Sophie ou Léa. Laura je le sens bof. Peut-on avoir l'avis d'une tierce personne s'il-vous-plaît? =D
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Héléna

Héléna


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MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptyLun 7 Déc - 20:52

La tierce personne : Sophiie c'est pas mal... Smile
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Amandine

Amandine


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MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptyMar 8 Déc - 21:39

Oui, c'est n'importe, c'est pas non plus hyper essentiel Sleep bounce bounce cheers
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Camille

Camille


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MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptyMar 22 Déc - 23:54

25 avril.
Regardez-les. Regardez comme ils ont l'air heureux, ensemble. Regardez comme l'amour gicle entre eux, comme on a l'impression d'être face à de la guimauve, entre leurs petits sourires et regards amoureux. Regardez comme tout cela est écoeurant.
Mais moi, ne me regardez pas. Ne me regardez surtout pas ou vous verrez que j'en meurs de jalousie. Ne me regardez pas parce que je n'ai pas envie que vous le sachiez que je suis malade qu'ils restent ensemble et qu'il l'aime. Alors que moi, il m'aime depuis bien plus longtemps. On se connait depuis bientôt dix ans. Pas depuis dix jours.
On a toujours été amis parce que le jour où il est arrivé dans mon école, j'ai été la seule à aller vers lui, alors qu'il ne connaissait personne.
Alors qu'elle, il la connait depuis dix jours. Et il me la préfère tout de même, alors que jamais elle n'a été à son chevet quand il était malade, que jamais elle n'a partagé tous ses secrets avec lui, que jamais elle ne lui a dit qu'il était tout pour elle. Oh pardon, si, elle lui a dit. Avec une telle dose d'amour que ça me donnait envie de vomir. C'est ce qu'elle a dit à Maxime, à Olivier, à Thibault, à François, à des dizaines d'autres avant de le dire encore maintenant à Antoine. Comment peut-il la croire sincèrement? J'aimerais que quelqu'un m'explique comment fonctionne un cerveau masculin.
Et les voir rester comme ça toute la journée scotchés l'un à l'autre non seulement me dégoûte, mais aussi, même si j'aime moins l'avouer, m'attriste énormément. C'est vrai quoi, il sait bien que je l'aime à en mourir, et lui tout ce qu'il trouve à faire c'est s'afficher en sa compagnie à tout bout de champ. On dirait vraiment qu'il n'a aucun souvenir de tout ce que l'on a traversé ensemble... Depuis ces dix jours, il avait bien changé. Avant cela, on partageait beaucoup, mais apparemment, dès l'instant où Charlotte est apparue dans sa vie, tout était fini. Il a tiré un trait sur moi, même inconsciemment peut-être. Toujours est-il qu'il l'a fait, et que ça me fait mal.

26 avril.
Il ne m'a même pas dit bonjour. Il est passé à côté de moi, sans me voir, dans le bus. Avant, il marchait jusque chez moi, deux arrêts avant le sien, le matin pour qu'on prenne le bus en même temps. Il disait que se lever plus tôt ne le dérangeait pas, que marcher lui était complètement égal s'il pouvait me voir plus longtemps. Les rares fois où il montait à l'arrêt juste devant chez lui, c'était qu'il était vraiment à la bourre.
Je l'ai espionné, en me cachant bêtement derrière une mèche de mes cheveux. Il a commencé par ranger son abonnement dans sa poche gauche, il a passé la main dans ses cheveux puis sur sa tirette pour l'ouvrir, il a sorti son gsm de sa poche droite, a eu l'air absorbé, puis l'a porté à son oreille droite. J'ai détourné un regard qu'il n'avait même pas vu. Il lui téléphonait. Bien sûr. Il allait la voir dans dix minutes, mais quand on s'aime tellement, on ne peut pas attendre aussi longtemps, comprenez-vous?

27 avril.
Ca m'étonne qu'ils n'aient pas encore cassé. Encore cinq jours ainsi et Charlotte aura battu son record. Non, je ne rigole pas. Je la connais bien, malheureusement. Elle est détestée par tellement de filles que les rares jours où elle est célibataire, elle me colle, car je suis la seule qui n'aie pas le courage de lui dire ce que je pense d'elle. Je suis au courant de toutes ses conquêtes amoureuses. Et je sais que plus d'une semaine avec un même garçon, c'est pour elle un manque de diversité. Je lui ai déjà demandé comment elle pouvait plaquer aussi facilement les garçons si elles les aimait. Elle m'a répondu que c'était parce qu'elle les aimait tous, et que comme elle avait du mal à choisir, elle les essayait un par un. Je ne crois pas qu'elle ait eu mauvaise conscience en me disant cela. Je crois que c'est pour elle quelque chose de naturel. Seulement, il y a une semaine, elle est arrivée au bout de sa liste de garçons à "essayer". C'est à ce moment qu'elle a commencé à s'intéresser à Antoine. Elle m'a demandé comment s'appelait "mon ami roux" et si je ne voulais pas le lui présenter. J'ai accepté parce que j'étais sûre qu'Antoine ne tomberait pas dans le panneau, et je me disais que ça lui donnerait, en quelque sorte, une leçon. Mais je m'étais trompée. Après dix jours, ils sortaient déjà ensemble.
Antoine n'est ni beau ni moche. Il n'est pas banal, il est spécial. Il a les cheveux blond vénitien coupés assez court, mais il va les laisser pousser car Charlotte lui a dit que ça lui irait mieux. Il me l'a dit au début de leur "relation", quand on se parlait encore. Ses yeux son vert banane pas mûre, ce qui donne un contraste étrange avec ses cheveux. Il a la peau très pâle et est de taille moyenne. Une chose est certaine, c'est qu'il s'habille super bien. En tout cas de mon point de vue. C'est normal, je l'accompagne toujours quand il a besoin de nouvelles fringues. Enfin, je l'accompagnais...
Mais je ne me fais pas de soucis. Dans quelques jours ils ne seront plus ensemble, et je pardonnerai Antoine, parce que je n'aurai rien d'autre à faire. Je ne veux pas laisser cette sale p*** casser notre amitié.

28 avril
Je me surprends à cocher les jours sur mon calendrier. Comme si j'étais pressée d'atteindre une certaine date. Mais j'ignore laquelle c'est. J'ignore quand ils vont casser. J'ai l'impression que je vais encore pouvoir cocher longtemps. Car je semble être la seule à attendre cette date.
Allons, je me décourage trop facilement. Ils n'en sont qu'à leur troisième jour...
C'est long, mine de rien, 3 jours. 259 200 secondes. 259 200 qu'ils ont passées à penser l'un à l'autre, à s'envoyer des messages à l'eau de rose, à s'aimer à un point que ça donne envie de vomir. Faites que pas une seconde de plus ne soit consacrée à cette ignoble perte de temps. Faites qu'elle le largue une bonne fois pour toutes et qu'il revienne pleurnicher dans mes bras pour enfin se rendre compte qu'il n'y a que moi qui suis toujours là pour lui. Pour qu'il voie enfin à quel point je me meurs d'amour pour lui.

29 avril
Si demain tout ça n'est pas fini, j'irai lui parler.

30 avril
Non, je n'ai pas lâchement abandonné. Quand il est arrivé dans le bus, ce matin, j'ai joué des coudes assez violemment pour pouvoir le rejoindre. Cette fois il ne m'a pas ignorée. Il m'a regardé venir avec un drôle d'air. Pas méchant, mais il avait l'air de se demander pourquoi cette inconnue frappait tout le monde pour se diriger vers lui. Il ne me restait qu'un mètre à parcourir quand il a sorti son gsm et a commencé à téléphoner. Je suis restée plantée devant lui jusqu'à la fin du trajet. On est sortis du bus et on s'est dirigés ensemble vers l'école, mais il a accéléré l'allure pour ne pas devoir marcher à ma hauteur. Alors j'ai abandonné. Je suis devenue une inconnue pour lui. Une inconnue.

1er mai.
Congé. Heureusement. Ca va me faire un jour où je n'aurai pas à les voir.
Bon sang, pourquoi faut-il que je sois amoureuse de ce crétin?

1er mai, plus tard.
J'aurais dû profiter de cette journée pour étudier, mais je n'ai réussi qu'à penser et à pleurer. J'ai trop pensé, et j'ai encore l'impression de ne pas avoir assez pleuré. Je me suis toujours demandé comment les gens amoureux réussissaient dans la vie. Moi, ça me semble impossible de me concentrer sur autre chose que sur lui. Mes cotes à l'école baissent de plus en plus, ça ne me remonte pas le moral.

2 mai.
Je n'en peux plus, je voudrais pouvoir enfin me réveiller, mais je sais que cet espoir de cauchemar n'est qu'un rêve ridicule. Aussi aimerais-je pouvoir m'endormir, même dans un sommeil tourmenté, car de toute manière aucun cauchemar ne sera plus horrible que celui-ci.
Je voudrais tout oublier. Je voudrais que tout ceci n'ait jamais existé.
Je maudis tous ces films où les héros s'aiment réciproquement. C'est vrai que personne n'irait voir un film où le personnage principal se contente de mourir de désespoir mais sincèrement, ce serait moins cruel envers tous ceux qui n'ont le droit qu'à aller pleurnicher devant des histoires où tout finit toujours bien. Ou parfois mal, c'est vrai, comme dans Titanic, mais au final, ça revient au même: ils meurent d'amour l'un pour l'autre, Leonardo et Kate. Même si leur histoire est tragique. Au moins, ça nous change.

3 mai.
Il m'a parlé! Ce matin dans le bus, il y avait une place libre à côté de moi, il est directement venu près de moi et m'a dit bonjour.
"Excuse-moi pour tous ces matins où je t'ai ignoré. Je n'ai pas d'excuse. En fait, je pensais que tu n'aimais pas Charlotte et que donc tu m'en voulais, mais j'ai réfléchis et j'ai pensé que c'était vraiment trop bête de casser notre amitié comme ça."
J'avoue que je débarquais un peu. J'aurais aimé voir ma tête à cet instant-là, elle devait être amusante. Mais je me suis vite reprise. Et je ne sais toujours pas pourquoi j'ai réagi ainsi.
"Ca me touche beaucoup, merci."
Je me suis levée et j'ai été attendre devant la porte du bus comme si j'allais en sortir bientôt, bien qu'il restât encore la moitié du trajet à parcourir.
J'ai brièvement espéré qu'il me rejoigne. Il ne l'a pas fait. Il a sorti son gsm et a commencé à téléphoné. J'ai tout entendu.
"Je lui ai dit ce que tu m'avais dit de dire, mais je crois que ça ne sert à rien. Ton idée était foireuse... oui... à tout de suite."
Ainsi donc c'était elle qui lui avait demandé de me parler.
C'est à cette instant que j'ai fait une croix sur Antoine. Je l'aime encore, mais désormais, je le déteste. Expliquez-moi sincèrement pourquoi il a fallu que je tombe sur cet imbécile. Expliquez-moi quelle était la probabilité pour que le mec que j'aime - que je déteste, pardon - rencontre la fille la plus sadique au monde et que tous deux s'associent à moi.

4 mai.
Plus dans le bus, cette fois. A la sortie de l'école.
"Pourquoi tu me tires la tête? Tu m'épuises, à la fin, ça fait une semaine que tu me regardes comme de la merde. C'est quoi, ton problème?
- C'est encore Charlotte qui t'envoie?
- Charlotte est partie à son cours de gym, à cette heure-ci.
- Ah d'accord. Je me disais aussi que c'était étrange que tu perdes encore ton temps alors que tu pouvais être avec elle.
- J'ai pas envie qu'on joue à ce stupide petit jeu, tous les deux.
- Faudra t'y habituer, c'est toi qui as commencé la partie."
Et je l'ai planté là.
J'aurais dû lui dire. Lui dire que je mentais. Que rien n'était plus important que lui pour moi.
Mais je ne l'aime plus. Je le déteste. Alors je ne peux pas.

5 mai.
Désormais c'est moi qui le nie. Ca m'arrivait de le faire, avant, juste pour qu'il vienne lui-même vers moi et que j'aie le sentiment que je comptais pour lui. Je faisais ça comme toutes les filles. Maintenant je me rends compte combien c'était ridicule. Il est venu me dire bonjour dans le bus. Pourtant je n'en suis pas moins sans savoir que je ne vaux rien à ses yeux.

6 mai.
Il m'a demandé pourquoi je ne lui disais plus rien. Pourquoi? Parce qu'il n'y a plus rien à dire. Je suis triste, et alors? Si ça, c'était quelque chose, je pourrais tout aussi bien lui raconter la dernière aventure de mon canari, la fois où il avait avalé une graine de travers dans le fond de sa cage. Et le pire, je trouve, c'est qu'il ose me reprocher de ne plus rien lui confier. Alors que lui, du jour au lendemain, il avait arrêté de me parler, pour ne plus faire que téléphoner, envoyer des messages, passer du temps avec Charlotte. Il croyait vraiment qu'il était clean, lui? Je me le demandais. Etais-je vraiment si naïve d'habitude pour qu'il croie que je pense que j'étais la seule en tort?

7 mai.
RRAH! Elle l'a quitté! Pas trop tôt, on commençait presque à croire qu'elle l'aimait vraiment.
C'est samedi aujourd'hui. Il est venu sonner chez moi et comme personne d'autre n'était là, c'est moi qui ai ouvert. Il est tombé dans mes bras en pleurnichant, comme dans les films les plus pathétiques. Je l'ai regardé de travers, ai songé à lui dire d'aller trouver quelqu'un d'autre pour le consoler. Et l'ai laissé rentrer. Bien entendu.
Il m'a raconté comment ça s'était passé. Elle ne lui a même pas dit en face. Ca ne m'étonne pas d'elle. Vous imaginez peut-être qu'elle lui a téléphoné pour lui expliquer? Même pas. Elle a préféré le larguer par sms. Croyez-vous qu'elle s'est excusée ou qu'elle a dit pourquoi? Où avez-vous la tête? Elle lui a juste envoyé "C'est fini entre nous.", sans aucune autre forme de procès. Quand il lui a répondu, tombé des nues puisque tout allait bien entre eux, en lui demandant le pourquoi du comment, elle est devenue injoignable. Evidemment, à partir de ce moment-là, son GSM était éteint, personne ne décrochait chez elle... On aurait pu s'y attendre. Mais, même en ayant Antoine effondré dans mes bras, je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était beaucoup mieux pour lui qu'elle soit (enfin) partie. Mais ça, je ne pouvais pas lui dire. Je me voyais mal lui expliquer qu'elle le manipulait et qu'elle ne l'aimait pas. Je crois que ce n'était pas à moi de le faire, ça.

8 mai.
Je suis heureuse, vous ne pouvez même pas vous imaginer.

9 mai.
C'est une blague? Charlotte me colle. Elle croit que je l'aime, ou quoi?

10 mai.
C'est de pire en pire. Antoine est toujours aussi mal, et Charlotte reste de plus en plus avec moi. Et plus Charlotte reste avec moi, plus Antoine va mal. C'est un cercle vicieux, et je ne sais rien faire pour le contrer. Je suis beaucoup trop farouche pour avouer à l'ex de celui que j'aime que je ne supporte pas sa présence incessante à mes côtés, même si je suis consciente que c'est de nous voir ensemble qui le rend malheureux.

12 mai.
Il faut que je reprenne les choses en main...
C'est vrai quoi! Je ne peux pas passer ma vie à materner la cause de mon malheur!
Pour ça, j'ai un plan d'enfer...
Puisque Charlotte semble à cours de garçons à essayer, je vais lui en présenter un autre. Un que je connais à peine, et qui me déchargera d'elle, me laissant seule avec Antoine, comme avant. On fera comme si rien ne s'était passé. Je n'ai pas hésité longtemps, j'ai vite choisi Benjamin, un ami d'une copine, que j'avais rencontré lors d'une sortie au cinéma où nous étions tous les deux invités. Je l'avais tout de suite détesté, il était arrogant, égoïste, trop sûr de lui. Mais je dois reconnaitre qu'il n'est pas mal foutu. Le mec idéal pour Charlotte. Je vais lui dire quelque chose de la part de ma copine, Valérie, un truc passe-partout, du genre "elle veut te parler". Si on me demande après pourquoi j'ai dit ça, j'improviserai. Je m'arrangerai juste pour que Charlotte soit avec moi quand je le lui dirai. "Coup de foudre" assuré, et elle me lachera pendant au moins une semaine. J'ai hâte d'être demain.

13 mai.
Dernière heure de cours.
J'attends la sonnerie dans le tapotement incessant de mon crayon sur le banc.
Le plan est lancé.
Reste à voir si il va se crasher...

Tard le soir.
Bon. C'est raté pour cette fois, mais, c'est promis, je m'y mets demain. Tout ça pourquoi? Parce qu'évidemment je ne l'ai pas trouvé à la sortie. C'est toujours comme ça, je suis maudite. Maintenant j'ai attiré des doutes de la part de Charlotte mais bon... Avec son cerveau de la taille d'un petit pois si ça tombe elle n'y a vu que du feu quand je me suis assurée qu'elle me suivait quand je cherchais Ben. J'espère. Vivement demain.

14 mai.
"Tu crois que j'ai pas vu ton petit plan hier, ou quoi? m'a demandé rageusement Charlotte au début de la journée. Je le connais déjà, Benjamin. Notre histoire a duré deux jours, si tu tiens à le savoir. Franchement, il est hors de question que je me remette avec ce type.
- Hein? De quoi tu parles?
- Fais pas ton innocente. Tu me mettras pas de mauvaise humeur pour ça."
Elle a souri:
"Allez, on oublie. Je suppose que tu faisais ça pour moi. C'est pas un mec qui viendra à bout de notre amitié."
Super. Par contre, c'est une fille qui parvient à casser mon amitié avec Antoine. Youpie.
Il me regarde comme si j'étais un parasite.
Voyons le positif, au moins il me regarde.

Plus tard.
Il m'a envoyé ces merveilleux sms: "Tu veux me faire souffrir ou quoi? Pourquoi tu restes encore avec elle?" et "Je l'aime encore. J'en guérirai, tu crois?"
Je doute qu'il finisse un jour par se rendre compte que je l'aime.

15 mai
Je ne pensais pas qu'une telle chose puisse arriver.
Ce matin, Charlotte arrive près de moi, la mine pensive. Je lui fis la bise avec beaucoup de mauvaise volonté sans engager de conversation. Elle ne sembla pas s'en rendre compte.
- Sophie, ça t'es déjà arrivé d'être amoureuse?
Je la regardai, étonnée.
- Oui...
- Je crois que moi, ça ne m'était jamais arrivé.
- Je crois aussi.
Elle ne réagit pas, continuant son monologue sans se soucier de ce que je pouvais en penser.
- Mais là, je suis tombée amoureuse. Tu te rends compte? Je suis amoureuse! C'est génial! Je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie!
Là, sans prévenir, Charlotte me tomba dans les bras, au bord des larmes.
Je ne savais pas quelle attitude adopter. Je méprisais légèrement son attitude puérile, sans
pouvoir m'empêcher d'être touchée par un telle débordement de joie. Je la serrai légèrement contre moi.
Si Charlotte aimait un garçon, je n'avais aucun doute sur le fait qu'elle serait avec lui d'ici demain. Peut-être la passion alongerait-elle leur relation? Cela ôterait tout espoir à Antoine d'avoir à nouveau une chance avec elle. Peut-être l'oublierait-il plus facilement? Finalement, je partageais la joie de Charlotte, bien qu'égoïstement. Je la pris par les épaules et la regardai dans les yeux.
- Et dis-moi, de qui s'agit-il?
- D'Antoine. Depuis que je l'ai quitté, je pense tout le temps à lui. C'est une vraie obsession. Je regrette tellement de l'avoir largué... Tu crois qu'il me reprendra?
Charlotte me regardait avec ses yeux d'anges. Une espérance innoncente luisait dans son regard.
- Bien sûr...
Je lui adressai un sourire forcé dans lequel même un chacal aurait vu ma détresse. Charlotte est pire qu'un chacal. Elle n'a rien vu. Elle m'a à nouveau sauté dans les bras puis a couru retrouver Antoine.

Voilà =D
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Amandine

Amandine


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MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptyJeu 24 Déc - 20:01

25 avril.
Regardez-les. Regardez comme ils ont l'air heureux, ensemble. Regardez comme l'amour gicle entre eux, comme on a l'impression d'être face à de la guimauve, entre leurs petits sourires et regards amoureux. Regardez comme tout cela est écoeurant.
Mais moi, ne me regardez pas. Ne me regardez surtout pas ou vous verrez que j'en meurs de jalousie. Ne me regardez pas parce que je n'ai pas envie que vous le sachiez que je suis malade qu'ils restent ensemble et qu'il l'aime. Alors que moi, il m'aime depuis bien plus longtemps. On se connait depuis bientôt dix ans. Pas depuis dix jours.
On a toujours été amis parce que le jour où il est arrivé dans mon école, j'ai été la seule à aller vers lui, alors qu'il ne connaissait personne.
Alors qu'elle, il la connait depuis dix jours. Et il me la préfère tout de même, alors que jamais elle n'a été à son chevet quand il était malade, que jamais elle n'a partagé tous ses secrets avec lui, que jamais elle ne lui a dit qu'il était tout pour elle. Oh pardon, si, elle lui a dit. Avec une telle dose d'amour que ça me donnait envie de vomir. C'est ce qu'elle a dit à Maxime, à Olivier, à Thibault, à François, à des dizaines d'autres avant de le dire encore maintenant à Antoine. Comment peut-il la croire sincèrement? J'aimerais que quelqu'un m'explique comment fonctionne un cerveau masculin.
Et les voir rester comme ça toute la journée scotchés l'un à l'autre non seulement me dégoûte, mais aussi, même si j'aime moins l'avouer, m'attriste énormément. C'est vrai quoi, il sait bien que je l'aime à en mourir, et lui tout ce qu'il trouve à faire c'est s'afficher en sa compagnie à tout bout de champ. On dirait vraiment qu'il n'a aucun souvenir de tout ce que l'on a traversé ensemble... Depuis ces dix jours, il avait bien changé. Avant cela, on partageait beaucoup, mais apparemment, dès l'instant où Charlotte est apparue dans sa vie, tout était fini. Il a tiré un trait sur moi, même inconsciemment peut-être. Toujours est-il qu'il l'a fait, et que ça me fait mal.

26 avril.
Il ne m'a même pas dit bonjour. Il est passé à côté de moi, sans me voir, dans le bus. Avant, il marchait jusque chez moi, deux arrêts avant le sien, le matin pour qu'on prenne le bus en même temps. Il disait que se lever plus tôt ne le dérangeait pas, que marcher lui était complètement égal s'il pouvait me voir plus longtemps. Les rares fois où il montait à l'arrêt juste devant chez lui, c'était qu'il était vraiment à la bourre.
Je l'ai espionné, en me cachant bêtement derrière une mèche de mes cheveux. Il a commencé par ranger son abonnement dans sa poche gauche, il a passé la main dans ses cheveux puis sur sa tirette pour l'ouvrir, il a sorti son gsm de sa poche droite, a eu l'air absorbé, puis l'a porté à son oreille droite. J'ai détourné un regard qu'il n'avait même pas vu. Il lui téléphonait. Bien sûr. Il allait la voir dans dix minutes, mais quand on s'aime tellement, on ne peut pas attendre aussi longtemps, comprenez-vous?

27 avril.
Ca m'étonne qu'ils n'aient pas encore cassé. Encore cinq jours ainsi et Charlotte aura battu son record. Non, je ne rigole pas. Je la connais bien, malheureusement. Elle est détestée par tellement de filles que les rares jours où elle est célibataire, elle me colle, car je suis la seule qui n'aie pas le courage de lui dire ce que je pense d'elle. Je suis au courant de toutes ses conquêtes amoureuses. Et je sais que plus d'une semaine avec un même garçon, c'est pour elle un manque de diversité. Je lui ai déjà demandé comment elle pouvait plaquer aussi facilement les garçons si elles les aimait. Elle m'a répondu que c'était parce qu'elle les aimait tous, et que comme elle avait du mal à choisir, elle les essayait un par un. Je ne crois pas qu'elle ait eu mauvaise conscience en me disant cela. Je crois que c'est pour elle quelque chose de naturel. Seulement, il y a une semaine, elle est arrivée au bout de sa liste de garçons à "essayer". C'est à ce moment qu'elle a commencé à s'intéresser à Antoine. Elle m'a demandé comment s'appelait "mon ami roux" et si je ne voulais pas le lui présenter. J'ai accepté parce que j'étais sûre qu'Antoine ne tomberait pas dans le panneau, et je me disais que ça lui donnerait, en quelque sorte, une leçon. Mais je m'étais trompée. Après dix jours, ils sortaient déjà ensemble.
Antoine n'est ni beau ni moche. Il n'est pas banal, il est spécial. Il a les cheveux blond vénitien coupés assez court, mais il va les laisser pousser car Charlotte lui a dit que ça lui irait mieux. Il me l'a dit au début de leur "relation", quand on se parlait encore. Ses yeux son vert banane pas mûre, ce qui donne un contraste étrange avec ses cheveux. Il a la peau très pâle et est de taille moyenne. Une chose est certaine, c'est qu'il s'habille super bien. En tout cas de mon point de vue. C'est normal, je l'accompagne toujours quand il a besoin de nouvelles fringues. Enfin, je l'accompagnais...
Mais je ne me fais pas de soucis. Dans quelques jours ils ne seront plus ensemble, et je pardonnerai Antoine, parce que je n'aurai rien d'autre à faire. Je ne veux pas laisser cette sale p*** casser notre amitié.

28 avril
Je me surprends à cocher les jours sur mon calendrier. Comme si j'étais pressée d'atteindre une certaine date. Mais j'ignore laquelle c'est. J'ignore quand ils vont casser. J'ai l'impression que je vais encore pouvoir cocher longtemps. Car je semble être la seule à attendre cette date.
Allons, je me décourage trop facilement. Ils n'en sont qu'à leur troisième jour...
C'est long, mine de rien, 3 jours. 259 200 secondes. 259 200 qu'ils ont passées à penser l'un à l'autre, à s'envoyer des messages à l'eau de rose, à s'aimer à un point que ça donne envie de vomir. Faites que pas une seconde de plus ne soit consacrée à cette ignoble perte de temps. Faites qu'elle le largue une bonne fois pour toutes et qu'il revienne pleurnicher dans mes bras pour enfin se rendre compte qu'il n'y a que moi qui suis toujours là pour lui. Pour qu'il voie enfin à quel point je me meurs d'amour pour lui.

29 avril
Si demain tout ça n'est pas fini, j'irai lui parler.

30 avril
Non, je n'ai pas lâchement abandonné. Quand il est arrivé dans le bus, ce matin, j'ai joué des coudes assez violemment pour pouvoir le rejoindre. Cette fois il ne m'a pas ignorée. Il m'a regardé venir avec un drôle d'air. Pas méchant, mais il avait l'air de se demander pourquoi cette inconnue frappait tout le monde pour se diriger vers lui. Il ne me restait qu'un mètre à parcourir quand il a sorti son gsm et a commencé à téléphoner. Je suis restée plantée devant lui jusqu'à la fin du trajet. On est sortis du bus et on s'est dirigés ensemble vers l'école, mais il a accéléré l'allure pour ne pas devoir marcher à ma hauteur. Alors j'ai abandonné. Je suis devenue une inconnue pour lui. Une inconnue.

1er mai.
Congé. Heureusement. Ca va me faire un jour où je n'aurai pas à les voir.
Bon sang, pourquoi faut-il que je sois amoureuse de ce crétin?

1er mai, plus tard.
J'aurais dû profiter de cette journée pour étudier, mais je n'ai réussi qu'à penser et à pleurer. J'ai trop pensé, et j'ai encore l'impression de ne pas avoir assez pleuré. Je me suis toujours demandé comment les gens amoureux réussissaient dans la vie. Moi, ça me semble impossible de me concentrer sur autre chose que sur lui. Mes cotes à l'école baissent de plus en plus, ça ne me remonte pas le moral.

2 mai.
Je n'en peux plus, je voudrais pouvoir enfin me réveiller, mais je sais que cet espoir de cauchemar n'est qu'un rêve ridicule. Aussi aimerais-je pouvoir m'endormir, même dans un sommeil tourmenté, car de toute manière aucun cauchemar ne sera plus horrible que celui-ci.
Je voudrais tout oublier. Je voudrais que tout ceci n'ait jamais existé.
Je maudis tous ces films où les héros s'aiment réciproquement. C'est vrai que personne n'irait voir un film où le personnage principal se contente de mourir de désespoir mais sincèrement, ce serait moins cruel envers tous ceux qui n'ont le droit qu'à aller pleurnicher devant des histoires où tout finit toujours bien. Ou parfois mal, c'est vrai, comme dans Titanic, mais au final, ça revient au même: ils meurent d'amour l'un pour l'autre, Leonardo et Kate. Même si leur histoire est tragique. Au moins, ça nous change.

3 mai.
Il m'a parlé! Ce matin dans le bus, il y avait une place libre à côté de moi, il est directement venu près de moi et m'a dit bonjour.
"Excuse-moi pour tous ces matins où je t'ai ignoré. Je n'ai pas d'excuse. En fait, je pensais que tu n'aimais pas Charlotte et que donc tu m'en voulais, mais j'ai réfléchis et j'ai pensé que c'était vraiment trop bête de casser notre amitié comme ça."
J'avoue que je débarquais un peu. J'aurais aimé voir ma tête à cet instant-là, elle devait être amusante. Mais je me suis vite reprise. Et je ne sais toujours pas pourquoi j'ai réagi ainsi.
"Ca me touche beaucoup, merci."
Je me suis levée et j'ai été attendre devant la porte du bus comme si j'allais en sortir bientôt, bien qu'il restât encore la moitié du trajet à parcourir.
J'ai brièvement espéré qu'il me rejoigne. Il ne l'a pas fait. Il a sorti son gsm et a commencé à téléphoné. J'ai tout entendu.
"Je lui ai dit ce que tu m'avais dit de dire, mais je crois que ça ne sert à rien. Ton idée était foireuse... oui... à tout de suite."
Ainsi donc c'était elle qui lui avait demandé de me parler.
C'est à cette instant que j'ai fait une croix sur Antoine. Je l'aime encore, mais désormais, je le déteste. Expliquez-moi sincèrement pourquoi il a fallu que je tombe sur cet imbécile. Expliquez-moi quelle était la probabilité pour que le mec que j'aime - que je déteste, pardon - rencontre la fille la plus sadique au monde et que tous deux s'associent à moi.

4 mai.
Plus dans le bus, cette fois. A la sortie de l'école.
"Pourquoi tu me tires la tête? Tu m'épuises, à la fin, ça fait une semaine que tu me regardes comme de la merde. C'est quoi, ton problème?
- C'est encore Charlotte qui t'envoie?
- Charlotte est partie à son cours de gym, à cette heure-ci.
- Ah d'accord. Je me disais aussi que c'était étrange que tu perdes encore ton temps alors que tu pouvais être avec elle.
- J'ai pas envie qu'on joue à ce stupide petit jeu, tous les deux.
- Faudra t'y habituer, c'est toi qui as commencé la partie."
Et je l'ai planté là.
J'aurais dû lui dire. Lui dire que je mentais. Que rien n'était plus important que lui pour moi.
Mais je ne l'aime plus. Je le déteste. Alors je ne peux pas.

5 mai.
Désormais c'est moi qui le nie. Ca m'arrivait de le faire, avant, juste pour qu'il vienne lui-même vers moi et que j'aie le sentiment que je comptais pour lui. Je faisais ça comme toutes les filles. Maintenant je me rends compte combien c'était ridicule. Il est venu me dire bonjour dans le bus. Pourtant je n'en suis pas moins sans savoir que je ne vaux rien à ses yeux.

6 mai.
Il m'a demandé pourquoi je ne lui disais plus rien. Pourquoi? Parce qu'il n'y a plus rien à dire. Je suis triste, et alors? Si ça, c'était quelque chose, je pourrais tout aussi bien lui raconter la dernière aventure de mon canari, la fois où il avait avalé une graine de travers dans le fond de sa cage. Et le pire, je trouve, c'est qu'il ose me reprocher de ne plus rien lui confier. Alors que lui, du jour au lendemain, il avait arrêté de me parler, pour ne plus faire que téléphoner, envoyer des messages, passer du temps avec Charlotte. Il croyait vraiment qu'il était clean, lui? Je me le demandais. Etais-je vraiment si naïve d'habitude pour qu'il croie que je pense que j'étais la seule en tort?

7 mai.
RRAH! Elle l'a quitté! Pas trop tôt, on commençait presque à croire qu'elle l'aimait vraiment.
C'est samedi aujourd'hui. Il est venu sonner chez moi et comme personne d'autre n'était là, c'est moi qui ai ouvert. Il est tombé dans mes bras en pleurnichant, comme dans les films les plus pathétiques. Je l'ai regardé de travers, ai songé à lui dire d'aller trouver quelqu'un d'autre pour le consoler. Et l'ai laissé rentrer. Bien entendu.
Il m'a raconté comment ça s'était passé. Elle ne lui a même pas dit en face. Ca ne m'étonne pas d'elle. Vous imaginez peut-être qu'elle lui a téléphoné pour lui expliquer? Même pas. Elle a préféré le larguer par sms. Croyez-vous qu'elle s'est excusée ou qu'elle a dit pourquoi? Où avez-vous la tête? Elle lui a juste envoyé "C'est fini entre nous.", sans aucune autre forme de procès. Quand il lui a répondu, tombé des nues puisque tout allait bien entre eux, en lui demandant le pourquoi du comment, elle est devenue injoignable. Evidemment, à partir de ce moment-là, son GSM était éteint, personne ne décrochait chez elle... On aurait pu s'y attendre. Mais, même en ayant Antoine effondré dans mes bras, je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était beaucoup mieux pour lui qu'elle soit (enfin) partie. Mais ça, je ne pouvais pas lui dire. Je me voyais mal lui expliquer qu'elle le manipulait et qu'elle ne l'aimait pas. Je crois que ce n'était pas à moi de le faire, ça.

8 mai.
Je suis heureuse, vous ne pouvez même pas vous imaginer.

9 mai.
C'est une blague? Charlotte me colle. Elle croit que je l'aime, ou quoi?

10 mai.
C'est de pire en pire. Antoine est toujours aussi mal, et Charlotte reste de plus en plus avec moi. Et plus Charlotte reste avec moi, plus Antoine va mal. C'est un cercle vicieux, et je ne sais rien faire pour le contrer. Je suis beaucoup trop farouche pour avouer à l'ex de celui que j'aime que je ne supporte pas sa présence incessante à mes côtés, même si je suis consciente que c'est de nous voir ensemble qui le rend malheureux.

12 mai.
Il faut que je reprenne les choses en main...
C'est vrai quoi! Je ne peux pas passer ma vie à materner la cause de mon malheur!
Pour ça, j'ai un plan d'enfer...
Puisque Charlotte semble à cours de garçons à essayer, je vais lui en présenter un autre. Un que je connais à peine, et qui me déchargera d'elle, me laissant seule avec Antoine, comme avant. On fera comme si rien ne s'était passé. Je n'ai pas hésité longtemps, j'ai vite choisi Benjamin, un ami d'une copine, que j'avais rencontré lors d'une sortie au cinéma où nous étions tous les deux invités. Je l'avais tout de suite détesté, il était arrogant, égoïste, trop sûr de lui. Mais je dois reconnaitre qu'il n'est pas mal foutu. Le mec idéal pour Charlotte. Je vais lui dire quelque chose de la part de ma copine, Valérie, un truc passe-partout, du genre "elle veut te parler". Si on me demande après pourquoi j'ai dit ça, j'improviserai. Je m'arrangerai juste pour que Charlotte soit avec moi quand je le lui dirai. "Coup de foudre" assuré, et elle me lâchera pendant au moins une semaine. J'ai hâte d'être demain.

13 mai.
Dernière heure de cours.
J'attends la sonnerie dans le tapotement incessant de mon crayon sur le banc.
Le plan est lancé.
Reste à voir si il va se crasher...

Tard le soir.
Bon. C'est raté pour cette fois, mais, c'est promis, je m'y mets demain. Tout ça pourquoi? Parce qu'évidemment je ne l'ai pas trouvé à la sortie. C'est toujours comme ça, je suis maudite. Maintenant j'ai attiré des doutes de la part de Charlotte mais bon... Avec son cerveau de la taille d'un petit pois si ça tombe elle n'y a vu que du feu quand je me suis assurée qu'elle me suivait quand je cherchais Ben. J'espère. Vivement demain.

14 mai.
"Tu crois que j'ai pas vu ton petit plan hier, ou quoi? m'a demandé rageusement Charlotte au début de la journée. Je le connais déjà, Benjamin. Notre histoire a duré deux jours, si tu tiens à le savoir. Franchement, il est hors de question que je me remette avec ce type.
- Hein? De quoi tu parles?
- Fais pas ton innocente. Tu me mettras pas de mauvaise humeur pour ça."
Elle a souri:
"Allez, on oublie. Je suppose que tu faisais ça pour moi. C'est pas un mec qui viendra à bout de notre amitié."
Super. Par contre, c'est une fille qui parvient à casser mon amitié avec Antoine. Youpie.
Il me regarde comme si j'étais un parasite.
Voyons le positif, au moins il me regarde.

Plus tard.
Il m'a envoyé ces merveilleux sms: "Tu veux me faire souffrir ou quoi? Pourquoi tu restes encore avec elle?" et "Je l'aime encore. J'en guérirai, tu crois?"
Je doute qu'il finisse un jour par se rendre compte que je l'aime.

15 mai
Je ne pensais pas qu'une telle chose puisse arriver.
Ce matin, Charlotte arrive près de moi, la mine pensive. Je lui fis la bise avec beaucoup de mauvaise volonté sans engager de conversation. Elle ne sembla pas s'en rendre compte.
- Sophie, ça t'es déjà arrivé d'être amoureuse?
Je la regardai, étonnée.
- Oui...
- Je crois que moi, ça ne m'était jamais arrivé.
- Je crois aussi.
Elle ne réagit pas, continuant son monologue sans se soucier de ce que je pouvais en penser.
- Mais là, je suis tombée amoureuse. Tu te rends compte? Je suis amoureuse! C'est génial! Je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie!
Là, sans prévenir, Charlotte me tomba dans les bras, au bord des larmes.
Je ne savais pas quelle attitude adopter. Je méprisais légèrement son attitude puérile, sans
pouvoir m'empêcher d'être touchée par un telle débordement de joie. Je la serrai légèrement contre moi.
Si Charlotte aimait un garçon, je n'avais aucun doute sur le fait qu'elle serait avec lui d'ici demain. Peut-être la passion allongerait-elle leur relation? Cela ôterait tout espoir à Antoine d'avoir à nouveau une chance avec elle. Peut-être l'oublierait-il plus facilement? Finalement, je partageais la joie de Charlotte, bien qu'égoïstement. Je la pris par les épaules et la regardai dans les yeux.
- Et dis-moi, de qui s'agit-il?
- D'Antoine. Depuis que je l'ai quitté, je pense tout le temps à lui. C'est une vraie obsession. Je regrette tellement de l'avoir largué... Tu crois qu'il me reprendra?
Charlotte me regardait avec ses yeux d'anges. Une espérance innocente luisait dans son regard.
- Bien sûr...
Je lui adressai un sourire forcé dans lequel même un chacal aurait vu ma détresse. Charlotte est pire qu'un chacal. Elle n'a rien vu. Elle m'a à nouveau sauté dans les bras puis a couru retrouver Antoine.

16 mai
Cette vie est une vaste blague.

17 mai
Ca fait deux jours que Charlotte invente tous les plans possibles et imaginables pour reprendre Antoine. Ca fait deux jours que je casse méthodiquement chacun de ces mêmes plans. Ca fait deux jours qu'Antoine me demande systématiquement dans le bus pourquoi je passe autant de temps avec elle. Ca fait deux jours que je lui réponds que j'aimerais m'en défaire mais qu'elle refuse. Ca fait deux jours qu'il veut que je la ramène près de lui.
Alors je l'ai fait. Aujourd'hui. Parce que je suis faible.
C'était comme s'ils ne s'étaient jamais quitté.
J'ai pleuré toute la soirée.
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Héléna

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MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptyLun 11 Jan - 22:27

La déprimation totale!! xD
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Camille

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MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptyMar 12 Jan - 0:16

bah, pleurer toute la soirée c'est pas une déprime totale, c'est une déprime tout court, ça arrive assez souvent ^^
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Amandine

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MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptyMer 13 Jan - 22:04

Tout est relatif. Personnellement, je ne pleure jamais.
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Héléna

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MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptyDim 31 Jan - 21:06

Moi, je pleure quand je suis en colère ou quand les autres pleurent.

(je ne dis pas que nos particularités lacrymales ne sont pas passionantes, mais si on reprenait l'histoire??)
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Camille

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MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptyLun 1 Fév - 19:49

C'est bien de le dire, mais pourquoi tu ne le fais pas? 8D

25 avril.
Regardez-les. Regardez comme ils ont l'air heureux, ensemble. Regardez comme l'amour gicle entre eux, comme on a l'impression d'être face à de la guimauve, entre leurs petits sourires et regards amoureux. Regardez comme tout cela est écoeurant.
Mais moi, ne me regardez pas. Ne me regardez surtout pas ou vous verrez que j'en meurs de jalousie. Ne me regardez pas parce que je n'ai pas envie que vous le sachiez que je suis malade qu'ils restent ensemble et qu'il l'aime. Alors que moi, il m'aime depuis bien plus longtemps. On se connait depuis bientôt dix ans. Pas depuis dix jours.
On a toujours été amis parce que le jour où il est arrivé dans mon école, j'ai été la seule à aller vers lui, alors qu'il ne connaissait personne.
Alors qu'elle, il la connait depuis dix jours. Et il me la préfère tout de même, alors que jamais elle n'a été à son chevet quand il était malade, que jamais elle n'a partagé tous ses secrets avec lui, que jamais elle ne lui a dit qu'il était tout pour elle. Oh pardon, si, elle lui a dit. Avec une telle dose d'amour que ça me donnait envie de vomir. C'est ce qu'elle a dit à Maxime, à Olivier, à Thibault, à François, à des dizaines d'autres avant de le dire encore maintenant à Antoine. Comment peut-il la croire sincèrement? J'aimerais que quelqu'un m'explique comment fonctionne un cerveau masculin.
Et les voir rester comme ça toute la journée scotchés l'un à l'autre non seulement me dégoûte, mais aussi, même si j'aime moins l'avouer, m'attriste énormément. C'est vrai quoi, il sait bien que je l'aime à en mourir, et lui tout ce qu'il trouve à faire c'est s'afficher en sa compagnie à tout bout de champ. On dirait vraiment qu'il n'a aucun souvenir de tout ce que l'on a traversé ensemble... Depuis ces dix jours, il avait bien changé. Avant cela, on partageait beaucoup, mais apparemment, dès l'instant où Charlotte est apparue dans sa vie, tout était fini. Il a tiré un trait sur moi, même inconsciemment peut-être. Toujours est-il qu'il l'a fait, et que ça me fait mal.

26 avril.
Il ne m'a même pas dit bonjour. Il est passé à côté de moi, sans me voir, dans le bus. Avant, il marchait jusque chez moi, deux arrêts avant le sien, le matin pour qu'on prenne le bus en même temps. Il disait que se lever plus tôt ne le dérangeait pas, que marcher lui était complètement égal s'il pouvait me voir plus longtemps. Les rares fois où il montait à l'arrêt juste devant chez lui, c'était qu'il était vraiment à la bourre.
Je l'ai espionné, en me cachant bêtement derrière une mèche de mes cheveux. Il a commencé par ranger son abonnement dans sa poche gauche, il a passé la main dans ses cheveux puis sur sa tirette pour l'ouvrir, il a sorti son gsm de sa poche droite, a eu l'air absorbé, puis l'a porté à son oreille droite. J'ai détourné un regard qu'il n'avait même pas vu. Il lui téléphonait. Bien sûr. Il allait la voir dans dix minutes, mais quand on s'aime tellement, on ne peut pas attendre aussi longtemps, comprenez-vous?

27 avril.
Ca m'étonne qu'ils n'aient pas encore cassé. Encore cinq jours ainsi et Charlotte aura battu son record. Non, je ne rigole pas. Je la connais bien, malheureusement. Elle est détestée par tellement de filles que les rares jours où elle est célibataire, elle me colle, car je suis la seule qui n'aie pas le courage de lui dire ce que je pense d'elle. Je suis au courant de toutes ses conquêtes amoureuses. Et je sais que plus d'une semaine avec un même garçon, c'est pour elle un manque de diversité. Je lui ai déjà demandé comment elle pouvait plaquer aussi facilement les garçons si elles les aimait. Elle m'a répondu que c'était parce qu'elle les aimait tous, et que comme elle avait du mal à choisir, elle les essayait un par un. Je ne crois pas qu'elle ait eu mauvaise conscience en me disant cela. Je crois que c'est pour elle quelque chose de naturel. Seulement, il y a une semaine, elle est arrivée au bout de sa liste de garçons à "essayer". C'est à ce moment qu'elle a commencé à s'intéresser à Antoine. Elle m'a demandé comment s'appelait "mon ami roux" et si je ne voulais pas le lui présenter. J'ai accepté parce que j'étais sûre qu'Antoine ne tomberait pas dans le panneau, et je me disais que ça lui donnerait, en quelque sorte, une leçon. Mais je m'étais trompée. Après dix jours, ils sortaient déjà ensemble.
Antoine n'est ni beau ni moche. Il n'est pas banal, il est spécial. Il a les cheveux blond vénitien coupés assez court, mais il va les laisser pousser car Charlotte lui a dit que ça lui irait mieux. Il me l'a dit au début de leur "relation", quand on se parlait encore. Ses yeux son vert banane pas mûre, ce qui donne un contraste étrange avec ses cheveux. Il a la peau très pâle et est de taille moyenne. Une chose est certaine, c'est qu'il s'habille super bien. En tout cas de mon point de vue. C'est normal, je l'accompagne toujours quand il a besoin de nouvelles fringues. Enfin, je l'accompagnais...
Mais je ne me fais pas de soucis. Dans quelques jours ils ne seront plus ensemble, et je pardonnerai Antoine, parce que je n'aurai rien d'autre à faire. Je ne veux pas laisser cette sale p*** casser notre amitié.

28 avril
Je me surprends à cocher les jours sur mon calendrier. Comme si j'étais pressée d'atteindre une certaine date. Mais j'ignore laquelle c'est. J'ignore quand ils vont casser. J'ai l'impression que je vais encore pouvoir cocher longtemps. Car je semble être la seule à attendre cette date.
Allons, je me décourage trop facilement. Ils n'en sont qu'à leur troisième jour...
C'est long, mine de rien, 3 jours. 259 200 secondes. 259 200 qu'ils ont passées à penser l'un à l'autre, à s'envoyer des messages à l'eau de rose, à s'aimer à un point que ça donne envie de vomir. Faites que pas une seconde de plus ne soit consacrée à cette ignoble perte de temps. Faites qu'elle le largue une bonne fois pour toutes et qu'il revienne pleurnicher dans mes bras pour enfin se rendre compte qu'il n'y a que moi qui suis toujours là pour lui. Pour qu'il voie enfin à quel point je me meurs d'amour pour lui.

29 avril
Si demain tout ça n'est pas fini, j'irai lui parler.

30 avril
Non, je n'ai pas lâchement abandonné. Quand il est arrivé dans le bus, ce matin, j'ai joué des coudes assez violemment pour pouvoir le rejoindre. Cette fois il ne m'a pas ignorée. Il m'a regardé venir avec un drôle d'air. Pas méchant, mais il avait l'air de se demander pourquoi cette inconnue frappait tout le monde pour se diriger vers lui. Il ne me restait qu'un mètre à parcourir quand il a sorti son gsm et a commencé à téléphoner. Je suis restée plantée devant lui jusqu'à la fin du trajet. On est sortis du bus et on s'est dirigés ensemble vers l'école, mais il a accéléré l'allure pour ne pas devoir marcher à ma hauteur. Alors j'ai abandonné. Je suis devenue une inconnue pour lui. Une inconnue.

1er mai.
Congé. Heureusement. Ca va me faire un jour où je n'aurai pas à les voir.
Bon sang, pourquoi faut-il que je sois amoureuse de ce crétin?

1er mai, plus tard.
J'aurais dû profiter de cette journée pour étudier, mais je n'ai réussi qu'à penser et à pleurer. J'ai trop pensé, et j'ai encore l'impression de ne pas avoir assez pleuré. Je me suis toujours demandé comment les gens amoureux réussissaient dans la vie. Moi, ça me semble impossible de me concentrer sur autre chose que sur lui. Mes cotes à l'école baissent de plus en plus, ça ne me remonte pas le moral.

2 mai.
Je n'en peux plus, je voudrais pouvoir enfin me réveiller, mais je sais que cet espoir de cauchemar n'est qu'un rêve ridicule. Aussi aimerais-je pouvoir m'endormir, même dans un sommeil tourmenté, car de toute manière aucun cauchemar ne sera plus horrible que celui-ci.
Je voudrais tout oublier. Je voudrais que tout ceci n'ait jamais existé.
Je maudis tous ces films où les héros s'aiment réciproquement. C'est vrai que personne n'irait voir un film où le personnage principal se contente de mourir de désespoir mais sincèrement, ce serait moins cruel envers tous ceux qui n'ont le droit qu'à aller pleurnicher devant des histoires où tout finit toujours bien. Ou parfois mal, c'est vrai, comme dans Titanic, mais au final, ça revient au même: ils meurent d'amour l'un pour l'autre, Leonardo et Kate. Même si leur histoire est tragique. Au moins, ça nous change.

3 mai.
Il m'a parlé! Ce matin dans le bus, il y avait une place libre à côté de moi, il est directement venu près de moi et m'a dit bonjour.
"Excuse-moi pour tous ces matins où je t'ai ignoré. Je n'ai pas d'excuse. En fait, je pensais que tu n'aimais pas Charlotte et que donc tu m'en voulais, mais j'ai réfléchis et j'ai pensé que c'était vraiment trop bête de casser notre amitié comme ça."
J'avoue que je débarquais un peu. J'aurais aimé voir ma tête à cet instant-là, elle devait être amusante. Mais je me suis vite reprise. Et je ne sais toujours pas pourquoi j'ai réagi ainsi.
"Ca me touche beaucoup, merci."
Je me suis levée et j'ai été attendre devant la porte du bus comme si j'allais en sortir bientôt, bien qu'il restât encore la moitié du trajet à parcourir.
J'ai brièvement espéré qu'il me rejoigne. Il ne l'a pas fait. Il a sorti son gsm et a commencé à téléphoné. J'ai tout entendu.
"Je lui ai dit ce que tu m'avais dit de dire, mais je crois que ça ne sert à rien. Ton idée était foireuse... oui... à tout de suite."
Ainsi donc c'était elle qui lui avait demandé de me parler.
C'est à cette instant que j'ai fait une croix sur Antoine. Je l'aime encore, mais désormais, je le déteste. Expliquez-moi sincèrement pourquoi il a fallu que je tombe sur cet imbécile. Expliquez-moi quelle était la probabilité pour que le mec que j'aime - que je déteste, pardon - rencontre la fille la plus sadique au monde et que tous deux s'associent à moi.

4 mai.
Plus dans le bus, cette fois. A la sortie de l'école.
"Pourquoi tu me tires la tête? Tu m'épuises, à la fin, ça fait une semaine que tu me regardes comme de la merde. C'est quoi, ton problème?
- C'est encore Charlotte qui t'envoie?
- Charlotte est partie à son cours de gym, à cette heure-ci.
- Ah d'accord. Je me disais aussi que c'était étrange que tu perdes encore ton temps alors que tu pouvais être avec elle.
- J'ai pas envie qu'on joue à ce stupide petit jeu, tous les deux.
- Faudra t'y habituer, c'est toi qui as commencé la partie."
Et je l'ai planté là.
J'aurais dû lui dire. Lui dire que je mentais. Que rien n'était plus important que lui pour moi.
Mais je ne l'aime plus. Je le déteste. Alors je ne peux pas.

5 mai.
Désormais c'est moi qui le nie. Ca m'arrivait de le faire, avant, juste pour qu'il vienne lui-même vers moi et que j'aie le sentiment que je comptais pour lui. Je faisais ça comme toutes les filles. Maintenant je me rends compte combien c'était ridicule. Il est venu me dire bonjour dans le bus. Pourtant je n'en suis pas moins sans savoir que je ne vaux rien à ses yeux.

6 mai.
Il m'a demandé pourquoi je ne lui disais plus rien. Pourquoi? Parce qu'il n'y a plus rien à dire. Je suis triste, et alors? Si ça, c'était quelque chose, je pourrais tout aussi bien lui raconter la dernière aventure de mon canari, la fois où il avait avalé une graine de travers dans le fond de sa cage. Et le pire, je trouve, c'est qu'il ose me reprocher de ne plus rien lui confier. Alors que lui, du jour au lendemain, il avait arrêté de me parler, pour ne plus faire que téléphoner, envoyer des messages, passer du temps avec Charlotte. Il croyait vraiment qu'il était clean, lui? Je me le demandais. Etais-je vraiment si naïve d'habitude pour qu'il croie que je pense que j'étais la seule en tort?

7 mai.
RRAH! Elle l'a quitté! Pas trop tôt, on commençait presque à croire qu'elle l'aimait vraiment.
C'est samedi aujourd'hui. Il est venu sonner chez moi et comme personne d'autre n'était là, c'est moi qui ai ouvert. Il est tombé dans mes bras en pleurnichant, comme dans les films les plus pathétiques. Je l'ai regardé de travers, ai songé à lui dire d'aller trouver quelqu'un d'autre pour le consoler. Et l'ai laissé rentrer. Bien entendu.
Il m'a raconté comment ça s'était passé. Elle ne lui a même pas dit en face. Ca ne m'étonne pas d'elle. Vous imaginez peut-être qu'elle lui a téléphoné pour lui expliquer? Même pas. Elle a préféré le larguer par sms. Croyez-vous qu'elle s'est excusée ou qu'elle a dit pourquoi? Où avez-vous la tête? Elle lui a juste envoyé "C'est fini entre nous.", sans aucune autre forme de procès. Quand il lui a répondu, tombé des nues puisque tout allait bien entre eux, en lui demandant le pourquoi du comment, elle est devenue injoignable. Evidemment, à partir de ce moment-là, son GSM était éteint, personne ne décrochait chez elle... On aurait pu s'y attendre. Mais, même en ayant Antoine effondré dans mes bras, je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était beaucoup mieux pour lui qu'elle soit (enfin) partie. Mais ça, je ne pouvais pas lui dire. Je me voyais mal lui expliquer qu'elle le manipulait et qu'elle ne l'aimait pas. Je crois que ce n'était pas à moi de le faire, ça.

8 mai.
Je suis heureuse, vous ne pouvez même pas vous imaginer.

9 mai.
C'est une blague? Charlotte me colle. Elle croit que je l'aime, ou quoi?

10 mai.
C'est de pire en pire. Antoine est toujours aussi mal, et Charlotte reste de plus en plus avec moi. Et plus Charlotte reste avec moi, plus Antoine va mal. C'est un cercle vicieux, et je ne sais rien faire pour le contrer. Je suis beaucoup trop farouche pour avouer à l'ex de celui que j'aime que je ne supporte pas sa présence incessante à mes côtés, même si je suis consciente que c'est de nous voir ensemble qui le rend malheureux.

12 mai.
Il faut que je reprenne les choses en main...
C'est vrai quoi! Je ne peux pas passer ma vie à materner la cause de mon malheur!
Pour ça, j'ai un plan d'enfer...
Puisque Charlotte semble à cours de garçons à essayer, je vais lui en présenter un autre. Un que je connais à peine, et qui me déchargera d'elle, me laissant seule avec Antoine, comme avant. On fera comme si rien ne s'était passé. Je n'ai pas hésité longtemps, j'ai vite choisi Benjamin, un ami d'une copine, que j'avais rencontré lors d'une sortie au cinéma où nous étions tous les deux invités. Je l'avais tout de suite détesté, il était arrogant, égoïste, trop sûr de lui. Mais je dois reconnaitre qu'il n'est pas mal foutu. Le mec idéal pour Charlotte. Je vais lui dire quelque chose de la part de ma copine, Valérie, un truc passe-partout, du genre "elle veut te parler". Si on me demande après pourquoi j'ai dit ça, j'improviserai. Je m'arrangerai juste pour que Charlotte soit avec moi quand je le lui dirai. "Coup de foudre" assuré, et elle me lâchera pendant au moins une semaine. J'ai hâte d'être demain.

13 mai.
Dernière heure de cours.
J'attends la sonnerie dans le tapotement incessant de mon crayon sur le banc.
Le plan est lancé.
Reste à voir si il va se crasher...

Tard le soir.
Bon. C'est raté pour cette fois, mais, c'est promis, je m'y mets demain. Tout ça pourquoi? Parce qu'évidemment je ne l'ai pas trouvé à la sortie. C'est toujours comme ça, je suis maudite. Maintenant j'ai attiré des doutes de la part de Charlotte mais bon... Avec son cerveau de la taille d'un petit pois si ça tombe elle n'y a vu que du feu quand je me suis assurée qu'elle me suivait quand je cherchais Ben. J'espère. Vivement demain.

14 mai.
"Tu crois que j'ai pas vu ton petit plan hier, ou quoi? m'a demandé rageusement Charlotte au début de la journée. Je le connais déjà, Benjamin. Notre histoire a duré deux jours, si tu tiens à le savoir. Franchement, il est hors de question que je me remette avec ce type.
- Hein? De quoi tu parles?
- Fais pas ton innocente. Tu me mettras pas de mauvaise humeur pour ça."
Elle a souri:
"Allez, on oublie. Je suppose que tu faisais ça pour moi. C'est pas un mec qui viendra à bout de notre amitié."
Super. Par contre, c'est une fille qui parvient à casser mon amitié avec Antoine. Youpie.
Il me regarde comme si j'étais un parasite.
Voyons le positif, au moins il me regarde.

Plus tard.
Il m'a envoyé ces merveilleux sms: "Tu veux me faire souffrir ou quoi? Pourquoi tu restes encore avec elle?" et "Je l'aime encore. J'en guérirai, tu crois?"
Je doute qu'il finisse un jour par se rendre compte que je l'aime.

15 mai
Je ne pensais pas qu'une telle chose puisse arriver.
Ce matin, Charlotte arrive près de moi, la mine pensive. Je lui fis la bise avec beaucoup de mauvaise volonté sans engager de conversation. Elle ne sembla pas s'en rendre compte.
- Sophie, ça t'es déjà arrivé d'être amoureuse?
Je la regardai, étonnée.
- Oui...
- Je crois que moi, ça ne m'était jamais arrivé.
- Je crois aussi.
Elle ne réagit pas, continuant son monologue sans se soucier de ce que je pouvais en penser.
- Mais là, je suis tombée amoureuse. Tu te rends compte? Je suis amoureuse! C'est génial! Je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie!
Là, sans prévenir, Charlotte me tomba dans les bras, au bord des larmes.
Je ne savais pas quelle attitude adopter. Je méprisais légèrement son attitude puérile, sans
pouvoir m'empêcher d'être touchée par un telle débordement de joie. Je la serrai légèrement contre moi.
Si Charlotte aimait un garçon, je n'avais aucun doute sur le fait qu'elle serait avec lui d'ici demain. Peut-être la passion allongerait-elle leur relation? Cela ôterait tout espoir à Antoine d'avoir à nouveau une chance avec elle. Peut-être l'oublierait-il plus facilement? Finalement, je partageais la joie de Charlotte, bien qu'égoïstement. Je la pris par les épaules et la regardai dans les yeux.
- Et dis-moi, de qui s'agit-il?
- D'Antoine. Depuis que je l'ai quitté, je pense tout le temps à lui. C'est une vraie obsession. Je regrette tellement de l'avoir largué... Tu crois qu'il me reprendra?
Charlotte me regardait avec ses yeux d'anges. Une espérance innocente luisait dans son regard.
- Bien sûr...
Je lui adressai un sourire forcé dans lequel même un chacal aurait vu ma détresse. Charlotte est pire qu'un chacal. Elle n'a rien vu. Elle m'a à nouveau sauté dans les bras puis a couru retrouver Antoine.

16 mai
Cette vie est une vaste blague.

17 mai
Ca fait deux jours que Charlotte invente tous les plans possibles et imaginables pour reprendre Antoine. Ca fait deux jours que je casse méthodiquement chacun de ces mêmes plans. Ca fait deux jours qu'Antoine me demande systématiquement dans le bus pourquoi je passe autant de temps avec elle. Ca fait deux jours que je lui réponds que j'aimerais m'en défaire mais qu'elle refuse. Ca fait deux jours qu'il veut que je la ramène près de lui.
Alors je l'ai fait. Aujourd'hui. Parce que je suis faible.
C'était comme s'ils ne s'étaient jamais quitté.
J'ai pleuré toute la soirée.

18 mai
Et c'est reparti.
Me revoici dans mon coin, à les regarder s'aimer, pour de bon cette fois. Je ne semble bonne qu'à souffrir de mes élans de gentillesse.
Je dois reconnaître que malgré le fait qu'elle sorte avec un garçon, Charlotte me dit bonjour tous les matins et me demande si je vais bien avant de rejoindre Antoine. C'est la première fois que ça arrive depuis qu'on se connait. Généralement, elle me délaissait au profit des ses câlineries "amoureuses".
Par contre, pour Antoine, je n'existe de nouveau plus.
Et ça fait mal de voir qu'une fille comme Charlotte me prette plus d'attention que le garçon qui est mon ami depuis toujours, le mec que j'aime imbécilement mais irréversiblement.
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Amandine

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MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptyLun 1 Fév - 20:50

Excellente idée. Etant donné que j'ai été la dernière personne à parler d'autre chose que de larmes, je propose que ce ne soit pas à moi à faire la suite Very Happy
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Héléna

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MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptyMer 3 Fév - 20:01

Ok... Je vois qu'il est temps de redresser la barre, laissez-moi faire... >)
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Héléna

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MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptyMer 3 Fév - 20:17

25 avril.
Regardez-les. Regardez comme ils ont l'air heureux, ensemble. Regardez comme l'amour gicle entre eux, comme on a l'impression d'être face à de la guimauve, entre leurs petits sourires et regards amoureux. Regardez comme tout cela est écoeurant.
Mais moi, ne me regardez pas. Ne me regardez surtout pas ou vous verrez que j'en meurs de jalousie. Ne me regardez pas parce que je n'ai pas envie que vous le sachiez que je suis malade qu'ils restent ensemble et qu'il l'aime. Alors que moi, il m'aime depuis bien plus longtemps. On se connait depuis bientôt dix ans. Pas depuis dix jours.
On a toujours été amis parce que le jour où il est arrivé dans mon école, j'ai été la seule à aller vers lui, alors qu'il ne connaissait personne.
Alors qu'elle, il la connait depuis dix jours. Et il me la préfère tout de même, alors que jamais elle n'a été à son chevet quand il était malade, que jamais elle n'a partagé tous ses secrets avec lui, que jamais elle ne lui a dit qu'il était tout pour elle. Oh pardon, si, elle lui a dit. Avec une telle dose d'amour que ça me donnait envie de vomir. C'est ce qu'elle a dit à Maxime, à Olivier, à Thibault, à François, à des dizaines d'autres avant de le dire encore maintenant à Antoine. Comment peut-il la croire sincèrement? J'aimerais que quelqu'un m'explique comment fonctionne un cerveau masculin.
Et les voir rester comme ça toute la journée scotchés l'un à l'autre non seulement me dégoûte, mais aussi, même si j'aime moins l'avouer, m'attriste énormément. C'est vrai quoi, il sait bien que je l'aime à en mourir, et lui tout ce qu'il trouve à faire c'est s'afficher en sa compagnie à tout bout de champ. On dirait vraiment qu'il n'a aucun souvenir de tout ce que l'on a traversé ensemble... Depuis ces dix jours, il avait bien changé. Avant cela, on partageait beaucoup, mais apparemment, dès l'instant où Charlotte est apparue dans sa vie, tout était fini. Il a tiré un trait sur moi, même inconsciemment peut-être. Toujours est-il qu'il l'a fait, et que ça me fait mal.

26 avril.
Il ne m'a même pas dit bonjour. Il est passé à côté de moi, sans me voir, dans le bus. Avant, il marchait jusque chez moi, deux arrêts avant le sien, le matin pour qu'on prenne le bus en même temps. Il disait que se lever plus tôt ne le dérangeait pas, que marcher lui était complètement égal s'il pouvait me voir plus longtemps. Les rares fois où il montait à l'arrêt juste devant chez lui, c'était qu'il était vraiment à la bourre.
Je l'ai espionné, en me cachant bêtement derrière une mèche de mes cheveux. Il a commencé par ranger son abonnement dans sa poche gauche, il a passé la main dans ses cheveux puis sur sa tirette pour l'ouvrir, il a sorti son gsm de sa poche droite, a eu l'air absorbé, puis l'a porté à son oreille droite. J'ai détourné un regard qu'il n'avait même pas vu. Il lui téléphonait. Bien sûr. Il allait la voir dans dix minutes, mais quand on s'aime tellement, on ne peut pas attendre aussi longtemps, comprenez-vous?

27 avril.
Ca m'étonne qu'ils n'aient pas encore cassé. Encore cinq jours ainsi et Charlotte aura battu son record. Non, je ne rigole pas. Je la connais bien, malheureusement. Elle est détestée par tellement de filles que les rares jours où elle est célibataire, elle me colle, car je suis la seule qui n'aie pas le courage de lui dire ce que je pense d'elle. Je suis au courant de toutes ses conquêtes amoureuses. Et je sais que plus d'une semaine avec un même garçon, c'est pour elle un manque de diversité. Je lui ai déjà demandé comment elle pouvait plaquer aussi facilement les garçons si elles les aimait. Elle m'a répondu que c'était parce qu'elle les aimait tous, et que comme elle avait du mal à choisir, elle les essayait un par un. Je ne crois pas qu'elle ait eu mauvaise conscience en me disant cela. Je crois que c'est pour elle quelque chose de naturel. Seulement, il y a une semaine, elle est arrivée au bout de sa liste de garçons à "essayer". C'est à ce moment qu'elle a commencé à s'intéresser à Antoine. Elle m'a demandé comment s'appelait "mon ami roux" et si je ne voulais pas le lui présenter. J'ai accepté parce que j'étais sûre qu'Antoine ne tomberait pas dans le panneau, et je me disais que ça lui donnerait, en quelque sorte, une leçon. Mais je m'étais trompée. Après dix jours, ils sortaient déjà ensemble.
Antoine n'est ni beau ni moche. Il n'est pas banal, il est spécial. Il a les cheveux blond vénitien coupés assez court, mais il va les laisser pousser car Charlotte lui a dit que ça lui irait mieux. Il me l'a dit au début de leur "relation", quand on se parlait encore. Ses yeux son vert banane pas mûre, ce qui donne un contraste étrange avec ses cheveux. Il a la peau très pâle et est de taille moyenne. Une chose est certaine, c'est qu'il s'habille super bien. En tout cas de mon point de vue. C'est normal, je l'accompagne toujours quand il a besoin de nouvelles fringues. Enfin, je l'accompagnais...
Mais je ne me fais pas de soucis. Dans quelques jours ils ne seront plus ensemble, et je pardonnerai Antoine, parce que je n'aurai rien d'autre à faire. Je ne veux pas laisser cette sale p*** casser notre amitié.

28 avril
Je me surprends à cocher les jours sur mon calendrier. Comme si j'étais pressée d'atteindre une certaine date. Mais j'ignore laquelle c'est. J'ignore quand ils vont casser. J'ai l'impression que je vais encore pouvoir cocher longtemps. Car je semble être la seule à attendre cette date.
Allons, je me décourage trop facilement. Ils n'en sont qu'à leur troisième jour...
C'est long, mine de rien, 3 jours. 259 200 secondes. 259 200 qu'ils ont passées à penser l'un à l'autre, à s'envoyer des messages à l'eau de rose, à s'aimer à un point que ça donne envie de vomir. Faites que pas une seconde de plus ne soit consacrée à cette ignoble perte de temps. Faites qu'elle le largue une bonne fois pour toutes et qu'il revienne pleurnicher dans mes bras pour enfin se rendre compte qu'il n'y a que moi qui suis toujours là pour lui. Pour qu'il voie enfin à quel point je me meurs d'amour pour lui.

29 avril
Si demain tout ça n'est pas fini, j'irai lui parler.

30 avril
Non, je n'ai pas lâchement abandonné. Quand il est arrivé dans le bus, ce matin, j'ai joué des coudes assez violemment pour pouvoir le rejoindre. Cette fois il ne m'a pas ignorée. Il m'a regardé venir avec un drôle d'air. Pas méchant, mais il avait l'air de se demander pourquoi cette inconnue frappait tout le monde pour se diriger vers lui. Il ne me restait qu'un mètre à parcourir quand il a sorti son gsm et a commencé à téléphoner. Je suis restée plantée devant lui jusqu'à la fin du trajet. On est sortis du bus et on s'est dirigés ensemble vers l'école, mais il a accéléré l'allure pour ne pas devoir marcher à ma hauteur. Alors j'ai abandonné. Je suis devenue une inconnue pour lui. Une inconnue.

1er mai.
Congé. Heureusement. Ca va me faire un jour où je n'aurai pas à les voir.
Bon sang, pourquoi faut-il que je sois amoureuse de ce crétin?

1er mai, plus tard.
J'aurais dû profiter de cette journée pour étudier, mais je n'ai réussi qu'à penser et à pleurer. J'ai trop pensé, et j'ai encore l'impression de ne pas avoir assez pleuré. Je me suis toujours demandé comment les gens amoureux réussissaient dans la vie. Moi, ça me semble impossible de me concentrer sur autre chose que sur lui. Mes cotes à l'école baissent de plus en plus, ça ne me remonte pas le moral.

2 mai.
Je n'en peux plus, je voudrais pouvoir enfin me réveiller, mais je sais que cet espoir de cauchemar n'est qu'un rêve ridicule. Aussi aimerais-je pouvoir m'endormir, même dans un sommeil tourmenté, car de toute manière aucun cauchemar ne sera plus horrible que celui-ci.
Je voudrais tout oublier. Je voudrais que tout ceci n'ait jamais existé.
Je maudis tous ces films où les héros s'aiment réciproquement. C'est vrai que personne n'irait voir un film où le personnage principal se contente de mourir de désespoir mais sincèrement, ce serait moins cruel envers tous ceux qui n'ont le droit qu'à aller pleurnicher devant des histoires où tout finit toujours bien. Ou parfois mal, c'est vrai, comme dans Titanic, mais au final, ça revient au même: ils meurent d'amour l'un pour l'autre, Leonardo et Kate. Même si leur histoire est tragique. Au moins, ça nous change.

3 mai.
Il m'a parlé! Ce matin dans le bus, il y avait une place libre à côté de moi, il est directement venu près de moi et m'a dit bonjour.
"Excuse-moi pour tous ces matins où je t'ai ignoré. Je n'ai pas d'excuse. En fait, je pensais que tu n'aimais pas Charlotte et que donc tu m'en voulais, mais j'ai réfléchis et j'ai pensé que c'était vraiment trop bête de casser notre amitié comme ça."
J'avoue que je débarquais un peu. J'aurais aimé voir ma tête à cet instant-là, elle devait être amusante. Mais je me suis vite reprise. Et je ne sais toujours pas pourquoi j'ai réagi ainsi.
"Ca me touche beaucoup, merci."
Je me suis levée et j'ai été attendre devant la porte du bus comme si j'allais en sortir bientôt, bien qu'il restât encore la moitié du trajet à parcourir.
J'ai brièvement espéré qu'il me rejoigne. Il ne l'a pas fait. Il a sorti son gsm et a commencé à téléphoné. J'ai tout entendu.
"Je lui ai dit ce que tu m'avais dit de dire, mais je crois que ça ne sert à rien. Ton idée était foireuse... oui... à tout de suite."
Ainsi donc c'était elle qui lui avait demandé de me parler.
C'est à cette instant que j'ai fait une croix sur Antoine. Je l'aime encore, mais désormais, je le déteste. Expliquez-moi sincèrement pourquoi il a fallu que je tombe sur cet imbécile. Expliquez-moi quelle était la probabilité pour que le mec que j'aime - que je déteste, pardon - rencontre la fille la plus sadique au monde et que tous deux s'associent à moi.

4 mai.
Plus dans le bus, cette fois. A la sortie de l'école.
"Pourquoi tu me tires la tête? Tu m'épuises, à la fin, ça fait une semaine que tu me regardes comme de la merde. C'est quoi, ton problème?
- C'est encore Charlotte qui t'envoie?
- Charlotte est partie à son cours de gym, à cette heure-ci.
- Ah d'accord. Je me disais aussi que c'était étrange que tu perdes encore ton temps alors que tu pouvais être avec elle.
- J'ai pas envie qu'on joue à ce stupide petit jeu, tous les deux.
- Faudra t'y habituer, c'est toi qui as commencé la partie."
Et je l'ai planté là.
J'aurais dû lui dire. Lui dire que je mentais. Que rien n'était plus important que lui pour moi.
Mais je ne l'aime plus. Je le déteste. Alors je ne peux pas.

5 mai.
Désormais c'est moi qui le nie. Ca m'arrivait de le faire, avant, juste pour qu'il vienne lui-même vers moi et que j'aie le sentiment que je comptais pour lui. Je faisais ça comme toutes les filles. Maintenant je me rends compte combien c'était ridicule. Il est venu me dire bonjour dans le bus. Pourtant je n'en suis pas moins sans savoir que je ne vaux rien à ses yeux.

6 mai.
Il m'a demandé pourquoi je ne lui disais plus rien. Pourquoi? Parce qu'il n'y a plus rien à dire. Je suis triste, et alors? Si ça, c'était quelque chose, je pourrais tout aussi bien lui raconter la dernière aventure de mon canari, la fois où il avait avalé une graine de travers dans le fond de sa cage. Et le pire, je trouve, c'est qu'il ose me reprocher de ne plus rien lui confier. Alors que lui, du jour au lendemain, il avait arrêté de me parler, pour ne plus faire que téléphoner, envoyer des messages, passer du temps avec Charlotte. Il croyait vraiment qu'il était clean, lui? Je me le demandais. Etais-je vraiment si naïve d'habitude pour qu'il croie que je pense que j'étais la seule en tort?

7 mai.
RRAH! Elle l'a quitté! Pas trop tôt, on commençait presque à croire qu'elle l'aimait vraiment.
C'est samedi aujourd'hui. Il est venu sonner chez moi et comme personne d'autre n'était là, c'est moi qui ai ouvert. Il est tombé dans mes bras en pleurnichant, comme dans les films les plus pathétiques. Je l'ai regardé de travers, ai songé à lui dire d'aller trouver quelqu'un d'autre pour le consoler. Et l'ai laissé rentrer. Bien entendu.
Il m'a raconté comment ça s'était passé. Elle ne lui a même pas dit en face. Ca ne m'étonne pas d'elle. Vous imaginez peut-être qu'elle lui a téléphoné pour lui expliquer? Même pas. Elle a préféré le larguer par sms. Croyez-vous qu'elle s'est excusée ou qu'elle a dit pourquoi? Où avez-vous la tête? Elle lui a juste envoyé "C'est fini entre nous.", sans aucune autre forme de procès. Quand il lui a répondu, tombé des nues puisque tout allait bien entre eux, en lui demandant le pourquoi du comment, elle est devenue injoignable. Evidemment, à partir de ce moment-là, son GSM était éteint, personne ne décrochait chez elle... On aurait pu s'y attendre. Mais, même en ayant Antoine effondré dans mes bras, je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était beaucoup mieux pour lui qu'elle soit (enfin) partie. Mais ça, je ne pouvais pas lui dire. Je me voyais mal lui expliquer qu'elle le manipulait et qu'elle ne l'aimait pas. Je crois que ce n'était pas à moi de le faire, ça.

8 mai.
Je suis heureuse, vous ne pouvez même pas vous imaginer.

9 mai.
C'est une blague? Charlotte me colle. Elle croit que je l'aime, ou quoi?

10 mai.
C'est de pire en pire. Antoine est toujours aussi mal, et Charlotte reste de plus en plus avec moi. Et plus Charlotte reste avec moi, plus Antoine va mal. C'est un cercle vicieux, et je ne sais rien faire pour le contrer. Je suis beaucoup trop farouche pour avouer à l'ex de celui que j'aime que je ne supporte pas sa présence incessante à mes côtés, même si je suis consciente que c'est de nous voir ensemble qui le rend malheureux.

12 mai.
Il faut que je reprenne les choses en main...
C'est vrai quoi! Je ne peux pas passer ma vie à materner la cause de mon malheur!
Pour ça, j'ai un plan d'enfer...
Puisque Charlotte semble à cours de garçons à essayer, je vais lui en présenter un autre. Un que je connais à peine, et qui me déchargera d'elle, me laissant seule avec Antoine, comme avant. On fera comme si rien ne s'était passé. Je n'ai pas hésité longtemps, j'ai vite choisi Benjamin, un ami d'une copine, que j'avais rencontré lors d'une sortie au cinéma où nous étions tous les deux invités. Je l'avais tout de suite détesté, il était arrogant, égoïste, trop sûr de lui. Mais je dois reconnaitre qu'il n'est pas mal foutu. Le mec idéal pour Charlotte. Je vais lui dire quelque chose de la part de ma copine, Valérie, un truc passe-partout, du genre "elle veut te parler". Si on me demande après pourquoi j'ai dit ça, j'improviserai. Je m'arrangerai juste pour que Charlotte soit avec moi quand je le lui dirai. "Coup de foudre" assuré, et elle me lâchera pendant au moins une semaine. J'ai hâte d'être demain.

13 mai.
Dernière heure de cours.
J'attends la sonnerie dans le tapotement incessant de mon crayon sur le banc.
Le plan est lancé.
Reste à voir si il va se crasher...

Tard le soir.
Bon. C'est raté pour cette fois, mais, c'est promis, je m'y mets demain. Tout ça pourquoi? Parce qu'évidemment je ne l'ai pas trouvé à la sortie. C'est toujours comme ça, je suis maudite. Maintenant j'ai attiré des doutes de la part de Charlotte mais bon... Avec son cerveau de la taille d'un petit pois si ça tombe elle n'y a vu que du feu quand je me suis assurée qu'elle me suivait quand je cherchais Ben. J'espère. Vivement demain.

14 mai.
"Tu crois que j'ai pas vu ton petit plan hier, ou quoi? m'a demandé rageusement Charlotte au début de la journée. Je le connais déjà, Benjamin. Notre histoire a duré deux jours, si tu tiens à le savoir. Franchement, il est hors de question que je me remette avec ce type.
- Hein? De quoi tu parles?
- Fais pas ton innocente. Tu me mettras pas de mauvaise humeur pour ça."
Elle a souri:
"Allez, on oublie. Je suppose que tu faisais ça pour moi. C'est pas un mec qui viendra à bout de notre amitié."
Super. Par contre, c'est une fille qui parvient à casser mon amitié avec Antoine. Youpie.
Il me regarde comme si j'étais un parasite.
Voyons le positif, au moins il me regarde.

Plus tard.
Il m'a envoyé ces merveilleux sms: "Tu veux me faire souffrir ou quoi? Pourquoi tu restes encore avec elle?" et "Je l'aime encore. J'en guérirai, tu crois?"
Je doute qu'il finisse un jour par se rendre compte que je l'aime.

15 mai
Je ne pensais pas qu'une telle chose puisse arriver.
Ce matin, Charlotte arrive près de moi, la mine pensive. Je lui fis la bise avec beaucoup de mauvaise volonté sans engager de conversation. Elle ne sembla pas s'en rendre compte.
- Sophie, ça t'es déjà arrivé d'être amoureuse?
Je la regardai, étonnée.
- Oui...
- Je crois que moi, ça ne m'était jamais arrivé.
- Je crois aussi.
Elle ne réagit pas, continuant son monologue sans se soucier de ce que je pouvais en penser.
- Mais là, je suis tombée amoureuse. Tu te rends compte? Je suis amoureuse! C'est génial! Je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie!
Là, sans prévenir, Charlotte me tomba dans les bras, au bord des larmes.
Je ne savais pas quelle attitude adopter. Je méprisais légèrement son attitude puérile, sans
pouvoir m'empêcher d'être touchée par un telle débordement de joie. Je la serrai légèrement contre moi.
Si Charlotte aimait un garçon, je n'avais aucun doute sur le fait qu'elle serait avec lui d'ici demain. Peut-être la passion allongerait-elle leur relation? Cela ôterait tout espoir à Antoine d'avoir à nouveau une chance avec elle. Peut-être l'oublierait-il plus facilement? Finalement, je partageais la joie de Charlotte, bien qu'égoïstement. Je la pris par les épaules et la regardai dans les yeux.
- Et dis-moi, de qui s'agit-il?
- D'Antoine. Depuis que je l'ai quitté, je pense tout le temps à lui. C'est une vraie obsession. Je regrette tellement de l'avoir largué... Tu crois qu'il me reprendra?
Charlotte me regardait avec ses yeux d'anges. Une espérance innocente luisait dans son regard.
- Bien sûr...
Je lui adressai un sourire forcé dans lequel même un chacal aurait vu ma détresse. Charlotte est pire qu'un chacal. Elle n'a rien vu. Elle m'a à nouveau sauté dans les bras puis a couru retrouver Antoine.

16 mai
Cette vie est une vaste blague.

17 mai
Ca fait deux jours que Charlotte invente tous les plans possibles et imaginables pour reprendre Antoine. Ca fait deux jours que je casse méthodiquement chacun de ces mêmes plans. Ca fait deux jours qu'Antoine me demande systématiquement dans le bus pourquoi je passe autant de temps avec elle. Ca fait deux jours que je lui réponds que j'aimerais m'en défaire mais qu'elle refuse. Ca fait deux jours qu'il veut que je la ramène près de lui.
Alors je l'ai fait. Aujourd'hui. Parce que je suis faible.
C'était comme s'ils ne s'étaient jamais quitté.
J'ai pleuré toute la soirée.

18 mai
Et c'est reparti.
Me revoici dans mon coin, à les regarder s'aimer, pour de bon cette fois. Je ne semble bonne qu'à souffrir de mes élans de gentillesse.
Je dois reconnaître que malgré le fait qu'elle sorte avec un garçon, Charlotte me dit bonjour tous les matins et me demande si je vais bien avant de rejoindre Antoine. C'est la première fois que ça arrive depuis qu'on se connait. Généralement, elle me délaissait au profit des ses câlineries "amoureuses".
Par contre, pour Antoine, je n'existe de nouveau plus.
Et ça fait mal de voir qu'une fille comme Charlotte me prette plus d'attention que le garçon qui est mon ami depuis toujours, le mec que j'aime imbécilement mais irréversiblement.

19 mai
Le temps passe...

20 mai
Sauf pour moi.

21 mai
J'ai l'impression d'être... spectatrice de ma propre vie.

22 mai
Je me sens tellement impuissante, transparente.
Je me demande même si les gens ont conscience de mon existence...

23 mai
Génial...
Comme si j'avais besoin de cela!!
Je n'existe plus pour Antoine, mais Alex - un crétin brun de première classe, toujours entouré d'une armada de potes, et qui ne sait probablement pas compter jusqu'à cinq - s'est mis en tête de me charrier jusqu'à ce que je lui adresse un sourire parce que, soi-disant, il avait l'impression de jouer dans le remake de "Attaque de zombies" chaque fois qu'il me croisait dans les couloirs!
Merci, Seigneur, mais je ne suis pas sûre d'apprécier votre sens de l'humour...

24 mai
Antoine m'a bousculée tout à l'heure. Il ne s'en est même pas rendu compte.

25 mai
Je suis maudite!
Il n'y a que trois choses dans ma vie dont je suis certaine :
Primo, je m'appelle Sophie;
Secundo, je suis désespérément amoureuse d'Antoine;
Tertio, celui-ci ne sait même plus que j'existe.
Ah! En fait, il y en a quatre :
Quarto, Alex sait compter, il aime les maths.


Dernière édition par Héléna le Dim 14 Fév - 17:18, édité 1 fois
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Camille

Camille


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Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptyMer 10 Fév - 22:54

25 avril.
Regardez-les. Regardez comme ils ont l'air heureux, ensemble. Regardez comme l'amour gicle entre eux, comme on a l'impression d'être face à de la guimauve, entre leurs petits sourires et regards amoureux. Regardez comme tout cela est écoeurant.
Mais moi, ne me regardez pas. Ne me regardez surtout pas ou vous verrez que j'en meurs de jalousie. Ne me regardez pas parce que je n'ai pas envie que vous le sachiez que je suis malade qu'ils restent ensemble et qu'il l'aime. Alors que moi, il m'aime depuis bien plus longtemps. On se connait depuis bientôt dix ans. Pas depuis dix jours.
On a toujours été amis parce que le jour où il est arrivé dans mon école, j'ai été la seule à aller vers lui, alors qu'il ne connaissait personne.
Alors qu'elle, il la connait depuis dix jours. Et il me la préfère tout de même, alors que jamais elle n'a été à son chevet quand il était malade, que jamais elle n'a partagé tous ses secrets avec lui, que jamais elle ne lui a dit qu'il était tout pour elle. Oh pardon, si, elle lui a dit. Avec une telle dose d'amour que ça me donnait envie de vomir. C'est ce qu'elle a dit à Maxime, à Olivier, à Thibault, à François, à des dizaines d'autres avant de le dire encore maintenant à Antoine. Comment peut-il la croire sincèrement? J'aimerais que quelqu'un m'explique comment fonctionne un cerveau masculin.
Et les voir rester comme ça toute la journée scotchés l'un à l'autre non seulement me dégoûte, mais aussi, même si j'aime moins l'avouer, m'attriste énormément. C'est vrai quoi, il sait bien que je l'aime à en mourir, et lui tout ce qu'il trouve à faire c'est s'afficher en sa compagnie à tout bout de champ. On dirait vraiment qu'il n'a aucun souvenir de tout ce que l'on a traversé ensemble... Depuis ces dix jours, il avait bien changé. Avant cela, on partageait beaucoup, mais apparemment, dès l'instant où Charlotte est apparue dans sa vie, tout était fini. Il a tiré un trait sur moi, même inconsciemment peut-être. Toujours est-il qu'il l'a fait, et que ça me fait mal.

26 avril.
Il ne m'a même pas dit bonjour. Il est passé à côté de moi, sans me voir, dans le bus. Avant, il marchait jusque chez moi, deux arrêts avant le sien, le matin pour qu'on prenne le bus en même temps. Il disait que se lever plus tôt ne le dérangeait pas, que marcher lui était complètement égal s'il pouvait me voir plus longtemps. Les rares fois où il montait à l'arrêt juste devant chez lui, c'était qu'il était vraiment à la bourre.
Je l'ai espionné, en me cachant bêtement derrière une mèche de mes cheveux. Il a commencé par ranger son abonnement dans sa poche gauche, il a passé la main dans ses cheveux puis sur sa tirette pour l'ouvrir, il a sorti son gsm de sa poche droite, a eu l'air absorbé, puis l'a porté à son oreille droite. J'ai détourné un regard qu'il n'avait même pas vu. Il lui téléphonait. Bien sûr. Il allait la voir dans dix minutes, mais quand on s'aime tellement, on ne peut pas attendre aussi longtemps, comprenez-vous?

27 avril.
Ca m'étonne qu'ils n'aient pas encore cassé. Encore cinq jours ainsi et Charlotte aura battu son record. Non, je ne rigole pas. Je la connais bien, malheureusement. Elle est détestée par tellement de filles que les rares jours où elle est célibataire, elle me colle, car je suis la seule qui n'aie pas le courage de lui dire ce que je pense d'elle. Je suis au courant de toutes ses conquêtes amoureuses. Et je sais que plus d'une semaine avec un même garçon, c'est pour elle un manque de diversité. Je lui ai déjà demandé comment elle pouvait plaquer aussi facilement les garçons si elles les aimait. Elle m'a répondu que c'était parce qu'elle les aimait tous, et que comme elle avait du mal à choisir, elle les essayait un par un. Je ne crois pas qu'elle ait eu mauvaise conscience en me disant cela. Je crois que c'est pour elle quelque chose de naturel. Seulement, il y a une semaine, elle est arrivée au bout de sa liste de garçons à "essayer". C'est à ce moment qu'elle a commencé à s'intéresser à Antoine. Elle m'a demandé comment s'appelait "mon ami roux" et si je ne voulais pas le lui présenter. J'ai accepté parce que j'étais sûre qu'Antoine ne tomberait pas dans le panneau, et je me disais que ça lui donnerait, en quelque sorte, une leçon. Mais je m'étais trompée. Après dix jours, ils sortaient déjà ensemble.
Antoine n'est ni beau ni moche. Il n'est pas banal, il est spécial. Il a les cheveux blond vénitien coupés assez court, mais il va les laisser pousser car Charlotte lui a dit que ça lui irait mieux. Il me l'a dit au début de leur "relation", quand on se parlait encore. Ses yeux son vert banane pas mûre, ce qui donne un contraste étrange avec ses cheveux. Il a la peau très pâle et est de taille moyenne. Une chose est certaine, c'est qu'il s'habille super bien. En tout cas de mon point de vue. C'est normal, je l'accompagne toujours quand il a besoin de nouvelles fringues. Enfin, je l'accompagnais...
Mais je ne me fais pas de soucis. Dans quelques jours ils ne seront plus ensemble, et je pardonnerai Antoine, parce que je n'aurai rien d'autre à faire. Je ne veux pas laisser cette sale p*** casser notre amitié.

28 avril
Je me surprends à cocher les jours sur mon calendrier. Comme si j'étais pressée d'atteindre une certaine date. Mais j'ignore laquelle c'est. J'ignore quand ils vont casser. J'ai l'impression que je vais encore pouvoir cocher longtemps. Car je semble être la seule à attendre cette date.
Allons, je me décourage trop facilement. Ils n'en sont qu'à leur troisième jour...
C'est long, mine de rien, 3 jours. 259 200 secondes. 259 200 qu'ils ont passées à penser l'un à l'autre, à s'envoyer des messages à l'eau de rose, à s'aimer à un point que ça donne envie de vomir. Faites que pas une seconde de plus ne soit consacrée à cette ignoble perte de temps. Faites qu'elle le largue une bonne fois pour toutes et qu'il revienne pleurnicher dans mes bras pour enfin se rendre compte qu'il n'y a que moi qui suis toujours là pour lui. Pour qu'il voie enfin à quel point je me meurs d'amour pour lui.

29 avril
Si demain tout ça n'est pas fini, j'irai lui parler.

30 avril
Non, je n'ai pas lâchement abandonné. Quand il est arrivé dans le bus, ce matin, j'ai joué des coudes assez violemment pour pouvoir le rejoindre. Cette fois il ne m'a pas ignorée. Il m'a regardé venir avec un drôle d'air. Pas méchant, mais il avait l'air de se demander pourquoi cette inconnue frappait tout le monde pour se diriger vers lui. Il ne me restait qu'un mètre à parcourir quand il a sorti son gsm et a commencé à téléphoner. Je suis restée plantée devant lui jusqu'à la fin du trajet. On est sortis du bus et on s'est dirigés ensemble vers l'école, mais il a accéléré l'allure pour ne pas devoir marcher à ma hauteur. Alors j'ai abandonné. Je suis devenue une inconnue pour lui. Une inconnue.

1er mai.
Congé. Heureusement. Ca va me faire un jour où je n'aurai pas à les voir.
Bon sang, pourquoi faut-il que je sois amoureuse de ce crétin?

1er mai, plus tard.
J'aurais dû profiter de cette journée pour étudier, mais je n'ai réussi qu'à penser et à pleurer. J'ai trop pensé, et j'ai encore l'impression de ne pas avoir assez pleuré. Je me suis toujours demandé comment les gens amoureux réussissaient dans la vie. Moi, ça me semble impossible de me concentrer sur autre chose que sur lui. Mes cotes à l'école baissent de plus en plus, ça ne me remonte pas le moral.

2 mai.
Je n'en peux plus, je voudrais pouvoir enfin me réveiller, mais je sais que cet espoir de cauchemar n'est qu'un rêve ridicule. Aussi aimerais-je pouvoir m'endormir, même dans un sommeil tourmenté, car de toute manière aucun cauchemar ne sera plus horrible que celui-ci.
Je voudrais tout oublier. Je voudrais que tout ceci n'ait jamais existé.
Je maudis tous ces films où les héros s'aiment réciproquement. C'est vrai que personne n'irait voir un film où le personnage principal se contente de mourir de désespoir mais sincèrement, ce serait moins cruel envers tous ceux qui n'ont le droit qu'à aller pleurnicher devant des histoires où tout finit toujours bien. Ou parfois mal, c'est vrai, comme dans Titanic, mais au final, ça revient au même: ils meurent d'amour l'un pour l'autre, Leonardo et Kate. Même si leur histoire est tragique. Au moins, ça nous change.

3 mai.
Il m'a parlé! Ce matin dans le bus, il y avait une place libre à côté de moi, il est directement venu près de moi et m'a dit bonjour.
"Excuse-moi pour tous ces matins où je t'ai ignoré. Je n'ai pas d'excuse. En fait, je pensais que tu n'aimais pas Charlotte et que donc tu m'en voulais, mais j'ai réfléchis et j'ai pensé que c'était vraiment trop bête de casser notre amitié comme ça."
J'avoue que je débarquais un peu. J'aurais aimé voir ma tête à cet instant-là, elle devait être amusante. Mais je me suis vite reprise. Et je ne sais toujours pas pourquoi j'ai réagi ainsi.
"Ca me touche beaucoup, merci."
Je me suis levée et j'ai été attendre devant la porte du bus comme si j'allais en sortir bientôt, bien qu'il restât encore la moitié du trajet à parcourir.
J'ai brièvement espéré qu'il me rejoigne. Il ne l'a pas fait. Il a sorti son gsm et a commencé à téléphoné. J'ai tout entendu.
"Je lui ai dit ce que tu m'avais dit de dire, mais je crois que ça ne sert à rien. Ton idée était foireuse... oui... à tout de suite."
Ainsi donc c'était elle qui lui avait demandé de me parler.
C'est à cette instant que j'ai fait une croix sur Antoine. Je l'aime encore, mais désormais, je le déteste. Expliquez-moi sincèrement pourquoi il a fallu que je tombe sur cet imbécile. Expliquez-moi quelle était la probabilité pour que le mec que j'aime - que je déteste, pardon - rencontre la fille la plus sadique au monde et que tous deux s'associent à moi.

4 mai.
Plus dans le bus, cette fois. A la sortie de l'école.
"Pourquoi tu me tires la tête? Tu m'épuises, à la fin, ça fait une semaine que tu me regardes comme de la merde. C'est quoi, ton problème?
- C'est encore Charlotte qui t'envoie?
- Charlotte est partie à son cours de gym, à cette heure-ci.
- Ah d'accord. Je me disais aussi que c'était étrange que tu perdes encore ton temps alors que tu pouvais être avec elle.
- J'ai pas envie qu'on joue à ce stupide petit jeu, tous les deux.
- Faudra t'y habituer, c'est toi qui as commencé la partie."
Et je l'ai planté là.
J'aurais dû lui dire. Lui dire que je mentais. Que rien n'était plus important que lui pour moi.
Mais je ne l'aime plus. Je le déteste. Alors je ne peux pas.

5 mai.
Désormais c'est moi qui le nie. Ca m'arrivait de le faire, avant, juste pour qu'il vienne lui-même vers moi et que j'aie le sentiment que je comptais pour lui. Je faisais ça comme toutes les filles. Maintenant je me rends compte combien c'était ridicule. Il est venu me dire bonjour dans le bus. Pourtant je n'en suis pas moins sans savoir que je ne vaux rien à ses yeux.

6 mai.
Il m'a demandé pourquoi je ne lui disais plus rien. Pourquoi? Parce qu'il n'y a plus rien à dire. Je suis triste, et alors? Si ça, c'était quelque chose, je pourrais tout aussi bien lui raconter la dernière aventure de mon canari, la fois où il avait avalé une graine de travers dans le fond de sa cage. Et le pire, je trouve, c'est qu'il ose me reprocher de ne plus rien lui confier. Alors que lui, du jour au lendemain, il avait arrêté de me parler, pour ne plus faire que téléphoner, envoyer des messages, passer du temps avec Charlotte. Il croyait vraiment qu'il était clean, lui? Je me le demandais. Etais-je vraiment si naïve d'habitude pour qu'il croie que je pense que j'étais la seule en tort?

7 mai.
RRAH! Elle l'a quitté! Pas trop tôt, on commençait presque à croire qu'elle l'aimait vraiment.
C'est samedi aujourd'hui. Il est venu sonner chez moi et comme personne d'autre n'était là, c'est moi qui ai ouvert. Il est tombé dans mes bras en pleurnichant, comme dans les films les plus pathétiques. Je l'ai regardé de travers, ai songé à lui dire d'aller trouver quelqu'un d'autre pour le consoler. Et l'ai laissé rentrer. Bien entendu.
Il m'a raconté comment ça s'était passé. Elle ne lui a même pas dit en face. Ca ne m'étonne pas d'elle. Vous imaginez peut-être qu'elle lui a téléphoné pour lui expliquer? Même pas. Elle a préféré le larguer par sms. Croyez-vous qu'elle s'est excusée ou qu'elle a dit pourquoi? Où avez-vous la tête? Elle lui a juste envoyé "C'est fini entre nous.", sans aucune autre forme de procès. Quand il lui a répondu, tombé des nues puisque tout allait bien entre eux, en lui demandant le pourquoi du comment, elle est devenue injoignable. Evidemment, à partir de ce moment-là, son GSM était éteint, personne ne décrochait chez elle... On aurait pu s'y attendre. Mais, même en ayant Antoine effondré dans mes bras, je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était beaucoup mieux pour lui qu'elle soit (enfin) partie. Mais ça, je ne pouvais pas lui dire. Je me voyais mal lui expliquer qu'elle le manipulait et qu'elle ne l'aimait pas. Je crois que ce n'était pas à moi de le faire, ça.

8 mai.
Je suis heureuse, vous ne pouvez même pas vous imaginer.

9 mai.
C'est une blague? Charlotte me colle. Elle croit que je l'aime, ou quoi?

10 mai.
C'est de pire en pire. Antoine est toujours aussi mal, et Charlotte reste de plus en plus avec moi. Et plus Charlotte reste avec moi, plus Antoine va mal. C'est un cercle vicieux, et je ne sais rien faire pour le contrer. Je suis beaucoup trop farouche pour avouer à l'ex de celui que j'aime que je ne supporte pas sa présence incessante à mes côtés, même si je suis consciente que c'est de nous voir ensemble qui le rend malheureux.

12 mai.
Il faut que je reprenne les choses en main...
C'est vrai quoi! Je ne peux pas passer ma vie à materner la cause de mon malheur!
Pour ça, j'ai un plan d'enfer...
Puisque Charlotte semble à cours de garçons à essayer, je vais lui en présenter un autre. Un que je connais à peine, et qui me déchargera d'elle, me laissant seule avec Antoine, comme avant. On fera comme si rien ne s'était passé. Je n'ai pas hésité longtemps, j'ai vite choisi Benjamin, un ami d'une copine, que j'avais rencontré lors d'une sortie au cinéma où nous étions tous les deux invités. Je l'avais tout de suite détesté, il était arrogant, égoïste, trop sûr de lui. Mais je dois reconnaitre qu'il n'est pas mal foutu. Le mec idéal pour Charlotte. Je vais lui dire quelque chose de la part de ma copine, Valérie, un truc passe-partout, du genre "elle veut te parler". Si on me demande après pourquoi j'ai dit ça, j'improviserai. Je m'arrangerai juste pour que Charlotte soit avec moi quand je le lui dirai. "Coup de foudre" assuré, et elle me lâchera pendant au moins une semaine. J'ai hâte d'être demain.

13 mai.
Dernière heure de cours.
J'attends la sonnerie dans le tapotement incessant de mon crayon sur le banc.
Le plan est lancé.
Reste à voir si il va se crasher...

Tard le soir.
Bon. C'est raté pour cette fois, mais, c'est promis, je m'y mets demain. Tout ça pourquoi? Parce qu'évidemment je ne l'ai pas trouvé à la sortie. C'est toujours comme ça, je suis maudite. Maintenant j'ai attiré des doutes de la part de Charlotte mais bon... Avec son cerveau de la taille d'un petit pois si ça tombe elle n'y a vu que du feu quand je me suis assurée qu'elle me suivait quand je cherchais Ben. J'espère. Vivement demain.

14 mai.
"Tu crois que j'ai pas vu ton petit plan hier, ou quoi? m'a demandé rageusement Charlotte au début de la journée. Je le connais déjà, Benjamin. Notre histoire a duré deux jours, si tu tiens à le savoir. Franchement, il est hors de question que je me remette avec ce type.
- Hein? De quoi tu parles?
- Fais pas ton innocente. Tu me mettras pas de mauvaise humeur pour ça."
Elle a souri:
"Allez, on oublie. Je suppose que tu faisais ça pour moi. C'est pas un mec qui viendra à bout de notre amitié."
Super. Par contre, c'est une fille qui parvient à casser mon amitié avec Antoine. Youpie.
Il me regarde comme si j'étais un parasite.
Voyons le positif, au moins il me regarde.

Plus tard.
Il m'a envoyé ces merveilleux sms: "Tu veux me faire souffrir ou quoi? Pourquoi tu restes encore avec elle?" et "Je l'aime encore. J'en guérirai, tu crois?"
Je doute qu'il finisse un jour par se rendre compte que je l'aime.

15 mai
Je ne pensais pas qu'une telle chose puisse arriver.
Ce matin, Charlotte arrive près de moi, la mine pensive. Je lui fis la bise avec beaucoup de mauvaise volonté sans engager de conversation. Elle ne sembla pas s'en rendre compte.
- Sophie, ça t'es déjà arrivé d'être amoureuse?
Je la regardai, étonnée.
- Oui...
- Je crois que moi, ça ne m'était jamais arrivé.
- Je crois aussi.
Elle ne réagit pas, continuant son monologue sans se soucier de ce que je pouvais en penser.
- Mais là, je suis tombée amoureuse. Tu te rends compte? Je suis amoureuse! C'est génial! Je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie!
Là, sans prévenir, Charlotte me tomba dans les bras, au bord des larmes.
Je ne savais pas quelle attitude adopter. Je méprisais légèrement son attitude puérile, sans
pouvoir m'empêcher d'être touchée par un telle débordement de joie. Je la serrai légèrement contre moi.
Si Charlotte aimait un garçon, je n'avais aucun doute sur le fait qu'elle serait avec lui d'ici demain. Peut-être la passion allongerait-elle leur relation? Cela ôterait tout espoir à Antoine d'avoir à nouveau une chance avec elle. Peut-être l'oublierait-il plus facilement? Finalement, je partageais la joie de Charlotte, bien qu'égoïstement. Je la pris par les épaules et la regardai dans les yeux.
- Et dis-moi, de qui s'agit-il?
- D'Antoine. Depuis que je l'ai quitté, je pense tout le temps à lui. C'est une vraie obsession. Je regrette tellement de l'avoir largué... Tu crois qu'il me reprendra?
Charlotte me regardait avec ses yeux d'anges. Une espérance innocente luisait dans son regard.
- Bien sûr...
Je lui adressai un sourire forcé dans lequel même un chacal aurait vu ma détresse. Charlotte est pire qu'un chacal. Elle n'a rien vu. Elle m'a à nouveau sauté dans les bras puis a couru retrouver Antoine.

16 mai
Cette vie est une vaste blague.

17 mai
Ca fait deux jours que Charlotte invente tous les plans possibles et imaginables pour reprendre Antoine. Ca fait deux jours que je casse méthodiquement chacun de ces mêmes plans. Ca fait deux jours qu'Antoine me demande systématiquement dans le bus pourquoi je passe autant de temps avec elle. Ca fait deux jours que je lui réponds que j'aimerais m'en défaire mais qu'elle refuse. Ca fait deux jours qu'il veut que je la ramène près de lui.
Alors je l'ai fait. Aujourd'hui. Parce que je suis faible.
C'était comme s'ils ne s'étaient jamais quitté.
J'ai pleuré toute la soirée.

18 mai
Et c'est reparti.
Me revoici dans mon coin, à les regarder s'aimer, pour de bon cette fois. Je ne semble bonne qu'à souffrir de mes élans de gentillesse.
Je dois reconnaître que malgré le fait qu'elle sorte avec un garçon, Charlotte me dit bonjour tous les matins et me demande si je vais bien avant de rejoindre Antoine. C'est la première fois que ça arrive depuis qu'on se connait. Généralement, elle me délaissait au profit des ses câlineries "amoureuses".
Par contre, pour Antoine, je n'existe de nouveau plus.
Et ça fait mal de voir qu'une fille comme Charlotte me prette plus d'attention que le garçon qui est mon ami depuis toujours, le mec que j'aime imbécilement mais irréversiblement.

19 mai
Le temps pase...

20 mai
Sauf pour moi.

21 mai
J'ai l'impression d'être... spectatrice de ma propre vie.

22 mai
Je me sens tellement impuissante, transparente.
Je me demande même si les gens ont conscience de mon existence...

23 mai
Génial...
Comme si j'avais besoin de cela!!
Je n'existe plus pour Antoine, mais Alex - un crétin brun de première classe, toujours entouré d'une armada de potes, et qui ne sait probablement pas compter jusqu'à cinq - s'est mis en tête de me charrier jusqu'à ce que je lui adresse un sourire parce que, soi-disant, il avait l'impression de jouer dans le remake de "Attaque de zombies" chaque fois qu'il me croisait dans les couloirs!
Merci, Seigneur, mais je ne suis pas sûre d'apprécier votre sens de l'humour...

24 mai
Antoine m'a bousculée tout à l'heure. Il ne s'en est même pas rendu compte.

25 mai
Je suis maudite!
Il n'y a que trois choses dans ma vie dont je suis certaine :
Primo, je m'appelle Sophie;
Secundo, je suis désespérément amoureuse d'Antoine;
Tertio, celui-ci ne sait même plus que j'existe.
Ah! En fait, il y en a quatre :
Quarto, Alex sait compter, il aime les maths. Encore un fou. Il baisse d'un cran en plus dans mon estime.

26 mai
"Sophie! Tu viens au ciné avec nous demain après la remise des bulletins?"
J'ai dévisagé Alex comme s'il débarquait d'un OVNI en plein milieu d'une parade de majorettes. J'avais l'habitude d'entendre sa voix grave m'adresser des "Sophie! Tu as encore oublié tes anti-dépresseurs?", des "Chérie! Tu veux que je t'offre un miroir et que je t'apprenne à sourire?", ou encore des "Eh, poulette, j'ai perdu mon livre "Un mois de déprime", je suis sûr que c'est toi qui me l'a piqué, ta tête t'a trahie!". Ca faisait une semaine qu'il me tannait avec son humour ridicule. Mais je ne me serrais pas attendue à ce que ce mec que je connais à peine - non, en fait, je ne le connais pas, je ne sais pas pourquoi il a commencé à m'adresser la parole, je ne sais même pas comment il connait mon nom - m'invite au cinéma. En fait, aucun mec ne m'a jamais invitée au cinéma, en-dehors d'Antoine.
Je ne savais pas quoi dire, mais je soupçonnais encore une vanne débile, c'est pourquoi j'ai fermé mon casier et je suis passée devant Alex sans lui répondre ni même le regarder.
Un de ses amis a gueulé "Houuuuuu, Alex s'est pris un rateau!", puis tous se sont esclaffés, lui compris.
Je n'y ai plus repensé.

27 mai
Mon bulletin est catastrophique. Je n'avais pas vraiment remarqué que j'avais arrêté de travailler ces dernières semaines, mais les conséquences sont bien là.
Je suis pettée en sciences, en géo, en histoire et en maths. Surtout en maths. Je dois avoir 25 ou trente pour cent. Je ne sais plus. Je m'en fous. C'est du moins ce que j'essaye de faire croire à tout le monde. Mais je devais peut-être quand même tirer une tête pire que d'habitude, parce que là-tantôt, dans la rue qui mène à mon arrêt de bus, j'ai entendu une voix m'appeler. Je me suis retounrée. Alex me faisait de grands signes depuis la file pour le ciné, entouré de son indissoluble bande d'amis.
Cette fois, je me suis dirigée vers lui à grand pas. Je me suis plantée face à lui et je l'ai engueulé du mieux que j'ai pu. Je me suis sans doute un peu énervée. Mais j'ai vite eu fini, et j'ai tourné les talons en courant presque, m'attendant à des rires moqueurs, voire à des insultes. Mais rien n'est venu. À la place de ça, un silence étrange, puis un bruit de course derrière moi, et une main qui s'est abattue sur mon épaule, m'empêchant de m'éloigner de la bande de plus des cinq pas que j'avais pu faire. Je me suis encore retournée.
"Sophie, je sais que je dois te sembler ridicule, mais je sais aussi que tu as besoin de te changer les idées, même si je ne sais pas quelles sont ces idées en question. Tout le monde parle de toi à l'école comme si tu étais la dernière des paumées dépressive, et moi ça m'énerve ces cons qui poignardent ceux qu'ils ne connaissent même pas. Alors je me dis que les gens extravertis comme moi ça sert à ça: à recueillir ceux qui ont pas eu de chance, sans que personne sache pourquoi parce qu'ils sont plutôt du style discret. Viens au ciné, reste avec nous au moins u,e fois, aujourd'hui, et je te promets que tu iras mieux."
Je n'avais aucune envie d'aller au ciné. Je n'avais aucune envie de me coltinner une bande de cons en vadrouille sous prétexte que j'avais l'air malheureuse. Je n'avais aucune envie de devoir sourire à la fin de la journée pour ne pas vexer ce mec qui n'était peut-être pas si méchant que ça pour finir.
Alors j'ai refusé. Alex ne m'a pas écoutée. Il m'a prise par l'épaule et m'a emmenée dans la file. Je me suis laissée faire. Ses copains m'ont souri. Je me suis dit qu'ils avaient sans doute été dans le même cas que moi.
À la fin de la journée, je souriais. Et je ne faisais pas semblant.
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Amandine

Amandine


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Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptySam 13 Fév - 20:05

25 avril.
Regardez-les. Regardez comme ils ont l'air heureux, ensemble. Regardez comme l'amour gicle entre eux, comme on a l'impression d'être face à de la guimauve, entre leurs petits sourires et regards amoureux. Regardez comme tout cela est écoeurant.
Mais moi, ne me regardez pas. Ne me regardez surtout pas ou vous verrez que j'en meurs de jalousie. Ne me regardez pas parce que je n'ai pas envie que vous le sachiez que je suis malade qu'ils restent ensemble et qu'il l'aime. Alors que moi, il m'aime depuis bien plus longtemps. On se connait depuis bientôt dix ans. Pas depuis dix jours.
On a toujours été amis parce que le jour où il est arrivé dans mon école, j'ai été la seule à aller vers lui, alors qu'il ne connaissait personne.
Alors qu'elle, il la connait depuis dix jours. Et il me la préfère tout de même, alors que jamais elle n'a été à son chevet quand il était malade, que jamais elle n'a partagé tous ses secrets avec lui, que jamais elle ne lui a dit qu'il était tout pour elle. Oh pardon, si, elle lui a dit. Avec une telle dose d'amour que ça me donnait envie de vomir. C'est ce qu'elle a dit à Maxime, à Olivier, à Thibault, à François, à des dizaines d'autres avant de le dire encore maintenant à Antoine. Comment peut-il la croire sincèrement? J'aimerais que quelqu'un m'explique comment fonctionne un cerveau masculin.
Et les voir rester comme ça toute la journée scotchés l'un à l'autre non seulement me dégoûte, mais aussi, même si j'aime moins l'avouer, m'attriste énormément. C'est vrai quoi, il sait bien que je l'aime à en mourir, et lui tout ce qu'il trouve à faire c'est s'afficher en sa compagnie à tout bout de champ. On dirait vraiment qu'il n'a aucun souvenir de tout ce que l'on a traversé ensemble... Depuis ces dix jours, il avait bien changé. Avant cela, on partageait beaucoup, mais apparemment, dès l'instant où Charlotte est apparue dans sa vie, tout était fini. Il a tiré un trait sur moi, même inconsciemment peut-être. Toujours est-il qu'il l'a fait, et que ça me fait mal.

26 avril.
Il ne m'a même pas dit bonjour. Il est passé à côté de moi, sans me voir, dans le bus. Avant, il marchait jusque chez moi, deux arrêts avant le sien, le matin pour qu'on prenne le bus en même temps. Il disait que se lever plus tôt ne le dérangeait pas, que marcher lui était complètement égal s'il pouvait me voir plus longtemps. Les rares fois où il montait à l'arrêt juste devant chez lui, c'était qu'il était vraiment à la bourre.
Je l'ai espionné, en me cachant bêtement derrière une mèche de mes cheveux. Il a commencé par ranger son abonnement dans sa poche gauche, il a passé la main dans ses cheveux puis sur sa tirette pour l'ouvrir, il a sorti son gsm de sa poche droite, a eu l'air absorbé, puis l'a porté à son oreille droite. J'ai détourné un regard qu'il n'avait même pas vu. Il lui téléphonait. Bien sûr. Il allait la voir dans dix minutes, mais quand on s'aime tellement, on ne peut pas attendre aussi longtemps, comprenez-vous?

27 avril.
Ca m'étonne qu'ils n'aient pas encore cassé. Encore cinq jours ainsi et Charlotte aura battu son record. Non, je ne rigole pas. Je la connais bien, malheureusement. Elle est détestée par tellement de filles que les rares jours où elle est célibataire, elle me colle, car je suis la seule qui n'aie pas le courage de lui dire ce que je pense d'elle. Je suis au courant de toutes ses conquêtes amoureuses. Et je sais que plus d'une semaine avec un même garçon, c'est pour elle un manque de diversité. Je lui ai déjà demandé comment elle pouvait plaquer aussi facilement les garçons si elles les aimait. Elle m'a répondu que c'était parce qu'elle les aimait tous, et que comme elle avait du mal à choisir, elle les essayait un par un. Je ne crois pas qu'elle ait eu mauvaise conscience en me disant cela. Je crois que c'est pour elle quelque chose de naturel. Seulement, il y a une semaine, elle est arrivée au bout de sa liste de garçons à "essayer". C'est à ce moment qu'elle a commencé à s'intéresser à Antoine. Elle m'a demandé comment s'appelait "mon ami roux" et si je ne voulais pas le lui présenter. J'ai accepté parce que j'étais sûre qu'Antoine ne tomberait pas dans le panneau, et je me disais que ça lui donnerait, en quelque sorte, une leçon. Mais je m'étais trompée. Après dix jours, ils sortaient déjà ensemble.
Antoine n'est ni beau ni moche. Il n'est pas banal, il est spécial. Il a les cheveux blond vénitien coupés assez court, mais il va les laisser pousser car Charlotte lui a dit que ça lui irait mieux. Il me l'a dit au début de leur "relation", quand on se parlait encore. Ses yeux son vert banane pas mûre, ce qui donne un contraste étrange avec ses cheveux. Il a la peau très pâle et est de taille moyenne. Une chose est certaine, c'est qu'il s'habille super bien. En tout cas de mon point de vue. C'est normal, je l'accompagne toujours quand il a besoin de nouvelles fringues. Enfin, je l'accompagnais...
Mais je ne me fais pas de soucis. Dans quelques jours ils ne seront plus ensemble, et je pardonnerai Antoine, parce que je n'aurai rien d'autre à faire. Je ne veux pas laisser cette sale p*** casser notre amitié.

28 avril
Je me surprends à cocher les jours sur mon calendrier. Comme si j'étais pressée d'atteindre une certaine date. Mais j'ignore laquelle c'est. J'ignore quand ils vont casser. J'ai l'impression que je vais encore pouvoir cocher longtemps. Car je semble être la seule à attendre cette date.
Allons, je me décourage trop facilement. Ils n'en sont qu'à leur troisième jour...
C'est long, mine de rien, 3 jours. 259 200 secondes. 259 200 qu'ils ont passées à penser l'un à l'autre, à s'envoyer des messages à l'eau de rose, à s'aimer à un point que ça donne envie de vomir. Faites que pas une seconde de plus ne soit consacrée à cette ignoble perte de temps. Faites qu'elle le largue une bonne fois pour toutes et qu'il revienne pleurnicher dans mes bras pour enfin se rendre compte qu'il n'y a que moi qui suis toujours là pour lui. Pour qu'il voie enfin à quel point je me meurs d'amour pour lui.

29 avril
Si demain tout ça n'est pas fini, j'irai lui parler.

30 avril
Non, je n'ai pas lâchement abandonné. Quand il est arrivé dans le bus, ce matin, j'ai joué des coudes assez violemment pour pouvoir le rejoindre. Cette fois il ne m'a pas ignorée. Il m'a regardé venir avec un drôle d'air. Pas méchant, mais il avait l'air de se demander pourquoi cette inconnue frappait tout le monde pour se diriger vers lui. Il ne me restait qu'un mètre à parcourir quand il a sorti son gsm et a commencé à téléphoner. Je suis restée plantée devant lui jusqu'à la fin du trajet. On est sortis du bus et on s'est dirigés ensemble vers l'école, mais il a accéléré l'allure pour ne pas devoir marcher à ma hauteur. Alors j'ai abandonné. Je suis devenue une inconnue pour lui. Une inconnue.

1er mai.
Congé. Heureusement. Ca va me faire un jour où je n'aurai pas à les voir.
Bon sang, pourquoi faut-il que je sois amoureuse de ce crétin?

1er mai, plus tard.
J'aurais dû profiter de cette journée pour étudier, mais je n'ai réussi qu'à penser et à pleurer. J'ai trop pensé, et j'ai encore l'impression de ne pas avoir assez pleuré. Je me suis toujours demandé comment les gens amoureux réussissaient dans la vie. Moi, ça me semble impossible de me concentrer sur autre chose que sur lui. Mes cotes à l'école baissent de plus en plus, ça ne me remonte pas le moral.

2 mai.
Je n'en peux plus, je voudrais pouvoir enfin me réveiller, mais je sais que cet espoir de cauchemar n'est qu'un rêve ridicule. Aussi aimerais-je pouvoir m'endormir, même dans un sommeil tourmenté, car de toute manière aucun cauchemar ne sera plus horrible que celui-ci.
Je voudrais tout oublier. Je voudrais que tout ceci n'ait jamais existé.
Je maudis tous ces films où les héros s'aiment réciproquement. C'est vrai que personne n'irait voir un film où le personnage principal se contente de mourir de désespoir mais sincèrement, ce serait moins cruel envers tous ceux qui n'ont le droit qu'à aller pleurnicher devant des histoires où tout finit toujours bien. Ou parfois mal, c'est vrai, comme dans Titanic, mais au final, ça revient au même: ils meurent d'amour l'un pour l'autre, Leonardo et Kate. Même si leur histoire est tragique. Au moins, ça nous change.

3 mai.
Il m'a parlé! Ce matin dans le bus, il y avait une place libre à côté de moi, il est directement venu près de moi et m'a dit bonjour.
"Excuse-moi pour tous ces matins où je t'ai ignoré. Je n'ai pas d'excuse. En fait, je pensais que tu n'aimais pas Charlotte et que donc tu m'en voulais, mais j'ai réfléchis et j'ai pensé que c'était vraiment trop bête de casser notre amitié comme ça."
J'avoue que je débarquais un peu. J'aurais aimé voir ma tête à cet instant-là, elle devait être amusante. Mais je me suis vite reprise. Et je ne sais toujours pas pourquoi j'ai réagi ainsi.
"Ca me touche beaucoup, merci."
Je me suis levée et j'ai été attendre devant la porte du bus comme si j'allais en sortir bientôt, bien qu'il restât encore la moitié du trajet à parcourir.
J'ai brièvement espéré qu'il me rejoigne. Il ne l'a pas fait. Il a sorti son gsm et a commencé à téléphoné. J'ai tout entendu.
"Je lui ai dit ce que tu m'avais dit de dire, mais je crois que ça ne sert à rien. Ton idée était foireuse... oui... à tout de suite."
Ainsi donc c'était elle qui lui avait demandé de me parler.
C'est à cette instant que j'ai fait une croix sur Antoine. Je l'aime encore, mais désormais, je le déteste. Expliquez-moi sincèrement pourquoi il a fallu que je tombe sur cet imbécile. Expliquez-moi quelle était la probabilité pour que le mec que j'aime - que je déteste, pardon - rencontre la fille la plus sadique au monde et que tous deux s'associent à moi.

4 mai.
Plus dans le bus, cette fois. A la sortie de l'école.
"Pourquoi tu me tires la tête? Tu m'épuises, à la fin, ça fait une semaine que tu me regardes comme de la merde. C'est quoi, ton problème?
- C'est encore Charlotte qui t'envoie?
- Charlotte est partie à son cours de gym, à cette heure-ci.
- Ah d'accord. Je me disais aussi que c'était étrange que tu perdes encore ton temps alors que tu pouvais être avec elle.
- J'ai pas envie qu'on joue à ce stupide petit jeu, tous les deux.
- Faudra t'y habituer, c'est toi qui as commencé la partie."
Et je l'ai planté là.
J'aurais dû lui dire. Lui dire que je mentais. Que rien n'était plus important que lui pour moi.
Mais je ne l'aime plus. Je le déteste. Alors je ne peux pas.

5 mai.
Désormais c'est moi qui le nie. Ca m'arrivait de le faire, avant, juste pour qu'il vienne lui-même vers moi et que j'aie le sentiment que je comptais pour lui. Je faisais ça comme toutes les filles. Maintenant je me rends compte combien c'était ridicule. Il est venu me dire bonjour dans le bus. Pourtant je n'en suis pas moins sans savoir que je ne vaux rien à ses yeux.

6 mai.
Il m'a demandé pourquoi je ne lui disais plus rien. Pourquoi? Parce qu'il n'y a plus rien à dire. Je suis triste, et alors? Si ça, c'était quelque chose, je pourrais tout aussi bien lui raconter la dernière aventure de mon canari, la fois où il avait avalé une graine de travers dans le fond de sa cage. Et le pire, je trouve, c'est qu'il ose me reprocher de ne plus rien lui confier. Alors que lui, du jour au lendemain, il avait arrêté de me parler, pour ne plus faire que téléphoner, envoyer des messages, passer du temps avec Charlotte. Il croyait vraiment qu'il était clean, lui? Je me le demandais. Etais-je vraiment si naïve d'habitude pour qu'il croie que je pense que j'étais la seule en tort?

7 mai.
RRAH! Elle l'a quitté! Pas trop tôt, on commençait presque à croire qu'elle l'aimait vraiment.
C'est samedi aujourd'hui. Il est venu sonner chez moi et comme personne d'autre n'était là, c'est moi qui ai ouvert. Il est tombé dans mes bras en pleurnichant, comme dans les films les plus pathétiques. Je l'ai regardé de travers, ai songé à lui dire d'aller trouver quelqu'un d'autre pour le consoler. Et l'ai laissé rentrer. Bien entendu.
Il m'a raconté comment ça s'était passé. Elle ne lui a même pas dit en face. Ca ne m'étonne pas d'elle. Vous imaginez peut-être qu'elle lui a téléphoné pour lui expliquer? Même pas. Elle a préféré le larguer par sms. Croyez-vous qu'elle s'est excusée ou qu'elle a dit pourquoi? Où avez-vous la tête? Elle lui a juste envoyé "C'est fini entre nous.", sans aucune autre forme de procès. Quand il lui a répondu, tombé des nues puisque tout allait bien entre eux, en lui demandant le pourquoi du comment, elle est devenue injoignable. Evidemment, à partir de ce moment-là, son GSM était éteint, personne ne décrochait chez elle... On aurait pu s'y attendre. Mais, même en ayant Antoine effondré dans mes bras, je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était beaucoup mieux pour lui qu'elle soit (enfin) partie. Mais ça, je ne pouvais pas lui dire. Je me voyais mal lui expliquer qu'elle le manipulait et qu'elle ne l'aimait pas. Je crois que ce n'était pas à moi de le faire, ça.

8 mai.
Je suis heureuse, vous ne pouvez même pas vous imaginer.

9 mai.
C'est une blague? Charlotte me colle. Elle croit que je l'aime, ou quoi?

10 mai.
C'est de pire en pire. Antoine est toujours aussi mal, et Charlotte reste de plus en plus avec moi. Et plus Charlotte reste avec moi, plus Antoine va mal. C'est un cercle vicieux, et je ne sais rien faire pour le contrer. Je suis beaucoup trop farouche pour avouer à l'ex de celui que j'aime que je ne supporte pas sa présence incessante à mes côtés, même si je suis consciente que c'est de nous voir ensemble qui le rend malheureux.

12 mai.
Il faut que je reprenne les choses en main...
C'est vrai quoi! Je ne peux pas passer ma vie à materner la cause de mon malheur!
Pour ça, j'ai un plan d'enfer...
Puisque Charlotte semble à cours de garçons à essayer, je vais lui en présenter un autre. Un que je connais à peine, et qui me déchargera d'elle, me laissant seule avec Antoine, comme avant. On fera comme si rien ne s'était passé. Je n'ai pas hésité longtemps, j'ai vite choisi Benjamin, un ami d'une copine, que j'avais rencontré lors d'une sortie au cinéma où nous étions tous les deux invités. Je l'avais tout de suite détesté, il était arrogant, égoïste, trop sûr de lui. Mais je dois reconnaitre qu'il n'est pas mal foutu. Le mec idéal pour Charlotte. Je vais lui dire quelque chose de la part de ma copine, Valérie, un truc passe-partout, du genre "elle veut te parler". Si on me demande après pourquoi j'ai dit ça, j'improviserai. Je m'arrangerai juste pour que Charlotte soit avec moi quand je le lui dirai. "Coup de foudre" assuré, et elle me lâchera pendant au moins une semaine. J'ai hâte d'être demain.

13 mai.
Dernière heure de cours.
J'attends la sonnerie dans le tapotement incessant de mon crayon sur le banc.
Le plan est lancé.
Reste à voir si il va se crasher...

Tard le soir.
Bon. C'est raté pour cette fois, mais, c'est promis, je m'y mets demain. Tout ça pourquoi? Parce qu'évidemment je ne l'ai pas trouvé à la sortie. C'est toujours comme ça, je suis maudite. Maintenant j'ai attiré des doutes de la part de Charlotte mais bon... Avec son cerveau de la taille d'un petit pois si ça tombe elle n'y a vu que du feu quand je me suis assurée qu'elle me suivait quand je cherchais Ben. J'espère. Vivement demain.

14 mai.
"Tu crois que j'ai pas vu ton petit plan hier, ou quoi? m'a demandé rageusement Charlotte au début de la journée. Je le connais déjà, Benjamin. Notre histoire a duré deux jours, si tu tiens à le savoir. Franchement, il est hors de question que je me remette avec ce type.
- Hein? De quoi tu parles?
- Fais pas ton innocente. Tu me mettras pas de mauvaise humeur pour ça."
Elle a souri:
"Allez, on oublie. Je suppose que tu faisais ça pour moi. C'est pas un mec qui viendra à bout de notre amitié."
Super. Par contre, c'est une fille qui parvient à casser mon amitié avec Antoine. Youpie.
Il me regarde comme si j'étais un parasite.
Voyons le positif, au moins il me regarde.

Plus tard.
Il m'a envoyé ces merveilleux sms: "Tu veux me faire souffrir ou quoi? Pourquoi tu restes encore avec elle?" et "Je l'aime encore. J'en guérirai, tu crois?"
Je doute qu'il finisse un jour par se rendre compte que je l'aime.

15 mai
Je ne pensais pas qu'une telle chose puisse arriver.
Ce matin, Charlotte arrive près de moi, la mine pensive. Je lui fis la bise avec beaucoup de mauvaise volonté sans engager de conversation. Elle ne sembla pas s'en rendre compte.
- Sophie, ça t'es déjà arrivé d'être amoureuse?
Je la regardai, étonnée.
- Oui...
- Je crois que moi, ça ne m'était jamais arrivé.
- Je crois aussi.
Elle ne réagit pas, continuant son monologue sans se soucier de ce que je pouvais en penser.
- Mais là, je suis tombée amoureuse. Tu te rends compte? Je suis amoureuse! C'est génial! Je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie!
Là, sans prévenir, Charlotte me tomba dans les bras, au bord des larmes.
Je ne savais pas quelle attitude adopter. Je méprisais légèrement son attitude puérile, sans
pouvoir m'empêcher d'être touchée par un telle débordement de joie. Je la serrai légèrement contre moi.
Si Charlotte aimait un garçon, je n'avais aucun doute sur le fait qu'elle serait avec lui d'ici demain. Peut-être la passion allongerait-elle leur relation? Cela ôterait tout espoir à Antoine d'avoir à nouveau une chance avec elle. Peut-être l'oublierait-il plus facilement? Finalement, je partageais la joie de Charlotte, bien qu'égoïstement. Je la pris par les épaules et la regardai dans les yeux.
- Et dis-moi, de qui s'agit-il?
- D'Antoine. Depuis que je l'ai quitté, je pense tout le temps à lui. C'est une vraie obsession. Je regrette tellement de l'avoir largué... Tu crois qu'il me reprendra?
Charlotte me regardait avec ses yeux d'anges. Une espérance innocente luisait dans son regard.
- Bien sûr...
Je lui adressai un sourire forcé dans lequel même un chacal aurait vu ma détresse. Charlotte est pire qu'un chacal. Elle n'a rien vu. Elle m'a à nouveau sauté dans les bras puis a couru retrouver Antoine.

16 mai
Cette vie est une vaste blague.

17 mai
Ca fait deux jours que Charlotte invente tous les plans possibles et imaginables pour reprendre Antoine. Ca fait deux jours que je casse méthodiquement chacun de ces mêmes plans. Ca fait deux jours qu'Antoine me demande systématiquement dans le bus pourquoi je passe autant de temps avec elle. Ca fait deux jours que je lui réponds que j'aimerais m'en défaire mais qu'elle refuse. Ca fait deux jours qu'il veut que je la ramène près de lui.
Alors je l'ai fait. Aujourd'hui. Parce que je suis faible.
C'était comme s'ils ne s'étaient jamais quitté.
J'ai pleuré toute la soirée.

18 mai
Et c'est reparti.
Me revoici dans mon coin, à les regarder s'aimer, pour de bon cette fois. Je ne semble bonne qu'à souffrir de mes élans de gentillesse.
Je dois reconnaître que malgré le fait qu'elle sorte avec un garçon, Charlotte me dit bonjour tous les matins et me demande si je vais bien avant de rejoindre Antoine. C'est la première fois que ça arrive depuis qu'on se connait. Généralement, elle me délaissait au profit des ses câlineries "amoureuses".
Par contre, pour Antoine, je n'existe de nouveau plus.
Et ça fait mal de voir qu'une fille comme Charlotte me prette plus d'attention que le garçon qui est mon ami depuis toujours, le mec que j'aime imbécilement mais irréversiblement.

19 mai
Le temps pase...

20 mai
Sauf pour moi.

21 mai
J'ai l'impression d'être... spectatrice de ma propre vie.

22 mai
Je me sens tellement impuissante, transparente.
Je me demande même si les gens ont conscience de mon existence...

23 mai
Génial...
Comme si j'avais besoin de cela!!
Je n'existe plus pour Antoine, mais Alex - un crétin brun de première classe, toujours entouré d'une armada de potes, et qui ne sait probablement pas compter jusqu'à cinq - s'est mis en tête de me charrier jusqu'à ce que je lui adresse un sourire parce que, soi-disant, il avait l'impression de jouer dans le remake de "Attaque de zombies" chaque fois qu'il me croisait dans les couloirs!
Merci, Seigneur, mais je ne suis pas sûre d'apprécier votre sens de l'humour...

24 mai
Antoine m'a bousculée tout à l'heure. Il ne s'en est même pas rendu compte.

25 mai
Je suis maudite!
Il n'y a que trois choses dans ma vie dont je suis certaine :
Primo, je m'appelle Sophie;
Secundo, je suis désespérément amoureuse d'Antoine;
Tertio, celui-ci ne sait même plus que j'existe.
Ah! En fait, il y en a quatre :
Quarto, Alex sait compter, il aime les maths. Encore un fou. Il baisse d'un cran en plus dans mon estime.

26 mai
"Sophie! Tu viens au ciné avec nous demain après la remise des bulletins?"
J'ai dévisagé Alex comme s'il débarquait d'un OVNI en plein milieu d'une parade de majorettes. J'avais l'habitude d'entendre sa voix grave m'adresser des "Sophie! Tu as encore oublié tes anti-dépresseurs?", des "Chérie! Tu veux que je t'offre un miroir et que je t'apprenne à sourire?", ou encore des "Eh, poulette, j'ai perdu mon livre "Un mois de déprime", je suis sûr que c'est toi qui me l'a piqué, ta tête t'a trahie!". Ca faisait une semaine qu'il me tannait avec son humour ridicule. Mais je ne me serrais pas attendue à ce que ce mec que je connais à peine - non, en fait, je ne le connais pas, je ne sais pas pourquoi il a commencé à m'adresser la parole, je ne sais même pas comment il connait mon nom - m'invite au cinéma. En fait, aucun mec ne m'a jamais invitée au cinéma, en-dehors d'Antoine.
Je ne savais pas quoi dire, mais je soupçonnais encore une vanne débile, c'est pourquoi j'ai fermé mon casier et je suis passée devant Alex sans lui répondre ni même le regarder.
Un de ses amis a gueulé "Houuuuuu, Alex s'est pris un râteau!", puis tous se sont esclaffés, lui compris.
Je n'y ai plus repensé.

27 mai
Mon bulletin est catastrophique. Je n'avais pas vraiment remarqué que j'avais arrêté de travailler ces dernières semaines, mais les conséquences sont bien là.
Je suis pettée en sciences, en géo, en histoire et en maths. Surtout en maths. Je dois avoir 25 ou trente pour cent. Je ne sais plus. Je m'en fous. C'est du moins ce que j'essaye de faire croire à tout le monde. Mais je devais peut-être quand même tirer une tête pire que d'habitude, parce que là-tantôt, dans la rue qui mène à mon arrêt de bus, j'ai entendu une voix m'appeler. Je me suis retournée. Alex me faisait de grands signes depuis la file pour le ciné, entouré de son indissoluble bande d'amis.
Cette fois, je me suis dirigée vers lui à grand pas. Je me suis plantée face à lui et je l'ai engueulé du mieux que j'ai pu. Je me suis sans doute un peu énervée. Mais j'ai vite eu fini, et j'ai tourné les talons en courant presque, m'attendant à des rires moqueurs, voire à des insultes. Mais rien n'est venu. À la place de ça, un silence étrange, puis un bruit de course derrière moi, et une main qui s'est abattue sur mon épaule, m'empêchant de m'éloigner de la bande de plus des cinq pas que j'avais pu faire. Je me suis encore retournée.
"Sophie, je sais que je dois te sembler ridicule, mais je sais aussi que tu as besoin de te changer les idées, même si je ne sais pas quelles sont ces idées en question. Tout le monde parle de toi à l'école comme si tu étais la dernière des paumées dépressives, et moi ça m'énerve ces cons qui poignardent ceux qu'ils ne connaissent même pas. Alors je me dis que les gens extravertis comme moi ça sert à ça: à recueillir ceux qui ont pas eu de chance, sans que personne sache pourquoi parce qu'ils sont plutôt du style discret. Viens au ciné, reste avec nous au moins une fois, aujourd'hui, et je te promets que tu iras mieux."
Je n'avais aucune envie d'aller au ciné. Je n'avais aucune envie de me coltiner une bande de cons en vadrouille sous prétexte que j'avais l'air malheureuse. Je n'avais aucune envie de devoir sourire à la fin de la journée pour ne pas vexer ce mec qui n'était peut-être pas si méchant que ça pour finir.
Alors j'ai refusé. Alex ne m'a pas écoutée. Il m'a prise par l'épaule et m'a emmenée dans la file. Je me suis laissée faire. Ses copains m'ont souri. Je me suis dit qu'ils avaient sans doute été dans le même cas que moi.
À la fin de la journée, je souriais. Et je ne faisais pas semblant.

28 mai
Vous pourriez croire que je meurs de bonheur. Eh bien non, mes amis. Parce que j'ai bien réfléchi aux paroles d'Antoine qui m'ont entre autre appris que je passe aux yeux de tout le monde pour une fille complètement désespérée. Bon, vous remarquerez que, de ce côté, les gens ne se trompent qu'à moitié. Vu la vie merveilleuse que je me tape...
Par contre, maintenant, je suis complètement perdue. Je m'explique. Alex m'a refilé son numéro de gsm en disant (je cite): "Comme ça, si tu as un problème, si tu veux parler à quelqu'un, tu peux m'appeler, je serai là pour toi". Il avait l'air trop bienveillant en disant ça. Il me regardait un peu comme Antoine avant, avec une sorte d'amour débordant qui me faisait me sentir extraordinaire.
Et maintenant, il y a un truc bizarre au fond de mon ventre quand je pense à lui. Manquait plus que ça.

29 mai
C'est l'anniversaire d'Antoine. J'ai pas pu résister, j'ai téléphoné à Alex et je lui ai déballé toute ma vie en pleurant.


Spoiler:
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Héléna

Héléna


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MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptyDim 14 Fév - 1:06

Euh... c'est pas Alex qui lui dit que tt le monde la prend pr la grosse dépressive de service?? :S
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MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptyDim 14 Fév - 18:57

25 avril.
Regardez-les. Regardez comme ils ont l'air heureux, ensemble. Regardez comme l'amour gicle entre eux, comme on a l'impression d'être face à de la guimauve, entre leurs petits sourires et regards amoureux. Regardez comme tout cela est écoeurant.
Mais moi, ne me regardez pas. Ne me regardez surtout pas ou vous verrez que j'en meurs de jalousie. Ne me regardez pas parce que je n'ai pas envie que vous le sachiez que je suis malade qu'ils restent ensemble et qu'il l'aime. Alors que moi, il m'aime depuis bien plus longtemps. On se connait depuis bientôt dix ans. Pas depuis dix jours.
On a toujours été amis parce que le jour où il est arrivé dans mon école, j'ai été la seule à aller vers lui, alors qu'il ne connaissait personne.
Alors qu'elle, il la connait depuis dix jours. Et il me la préfère tout de même, alors que jamais elle n'a été à son chevet quand il était malade, que jamais elle n'a partagé tous ses secrets avec lui, que jamais elle ne lui a dit qu'il était tout pour elle. Oh pardon, si, elle lui a dit. Avec une telle dose d'amour que ça me donnait envie de vomir. C'est ce qu'elle a dit à Maxime, à Olivier, à Thibault, à François, à des dizaines d'autres avant de le dire encore maintenant à Antoine. Comment peut-il la croire sincèrement? J'aimerais que quelqu'un m'explique comment fonctionne un cerveau masculin.
Et les voir rester comme ça toute la journée scotchés l'un à l'autre non seulement me dégoûte, mais aussi, même si j'aime moins l'avouer, m'attriste énormément. C'est vrai quoi, il sait bien que je l'aime à en mourir, et lui tout ce qu'il trouve à faire c'est s'afficher en sa compagnie à tout bout de champ. On dirait vraiment qu'il n'a aucun souvenir de tout ce que l'on a traversé ensemble... Depuis ces dix jours, il avait bien changé. Avant cela, on partageait beaucoup, mais apparemment, dès l'instant où Charlotte est apparue dans sa vie, tout était fini. Il a tiré un trait sur moi, même inconsciemment peut-être. Toujours est-il qu'il l'a fait, et que ça me fait mal.

26 avril.
Il ne m'a même pas dit bonjour. Il est passé à côté de moi, sans me voir, dans le bus. Avant, il marchait jusque chez moi, deux arrêts avant le sien, le matin pour qu'on prenne le bus en même temps. Il disait que se lever plus tôt ne le dérangeait pas, que marcher lui était complètement égal s'il pouvait me voir plus longtemps. Les rares fois où il montait à l'arrêt juste devant chez lui, c'était qu'il était vraiment à la bourre.
Je l'ai espionné, en me cachant bêtement derrière une mèche de mes cheveux. Il a commencé par ranger son abonnement dans sa poche gauche, il a passé la main dans ses cheveux puis sur sa tirette pour l'ouvrir, il a sorti son gsm de sa poche droite, a eu l'air absorbé, puis l'a porté à son oreille droite. J'ai détourné un regard qu'il n'avait même pas vu. Il lui téléphonait. Bien sûr. Il allait la voir dans dix minutes, mais quand on s'aime tellement, on ne peut pas attendre aussi longtemps, comprenez-vous?

27 avril.
Ca m'étonne qu'ils n'aient pas encore cassé. Encore cinq jours ainsi et Charlotte aura battu son record. Non, je ne rigole pas. Je la connais bien, malheureusement. Elle est détestée par tellement de filles que les rares jours où elle est célibataire, elle me colle, car je suis la seule qui n'aie pas le courage de lui dire ce que je pense d'elle. Je suis au courant de toutes ses conquêtes amoureuses. Et je sais que plus d'une semaine avec un même garçon, c'est pour elle un manque de diversité. Je lui ai déjà demandé comment elle pouvait plaquer aussi facilement les garçons si elles les aimait. Elle m'a répondu que c'était parce qu'elle les aimait tous, et que comme elle avait du mal à choisir, elle les essayait un par un. Je ne crois pas qu'elle ait eu mauvaise conscience en me disant cela. Je crois que c'est pour elle quelque chose de naturel. Seulement, il y a une semaine, elle est arrivée au bout de sa liste de garçons à "essayer". C'est à ce moment qu'elle a commencé à s'intéresser à Antoine. Elle m'a demandé comment s'appelait "mon ami roux" et si je ne voulais pas le lui présenter. J'ai accepté parce que j'étais sûre qu'Antoine ne tomberait pas dans le panneau, et je me disais que ça lui donnerait, en quelque sorte, une leçon. Mais je m'étais trompée. Après dix jours, ils sortaient déjà ensemble.
Antoine n'est ni beau ni moche. Il n'est pas banal, il est spécial. Il a les cheveux blond vénitien coupés assez court, mais il va les laisser pousser car Charlotte lui a dit que ça lui irait mieux. Il me l'a dit au début de leur "relation", quand on se parlait encore. Ses yeux son vert banane pas mûre, ce qui donne un contraste étrange avec ses cheveux. Il a la peau très pâle et est de taille moyenne. Une chose est certaine, c'est qu'il s'habille super bien. En tout cas de mon point de vue. C'est normal, je l'accompagne toujours quand il a besoin de nouvelles fringues. Enfin, je l'accompagnais...
Mais je ne me fais pas de soucis. Dans quelques jours ils ne seront plus ensemble, et je pardonnerai Antoine, parce que je n'aurai rien d'autre à faire. Je ne veux pas laisser cette sale p*** casser notre amitié.

28 avril
Je me surprends à cocher les jours sur mon calendrier. Comme si j'étais pressée d'atteindre une certaine date. Mais j'ignore laquelle c'est. J'ignore quand ils vont casser. J'ai l'impression que je vais encore pouvoir cocher longtemps. Car je semble être la seule à attendre cette date.
Allons, je me décourage trop facilement. Ils n'en sont qu'à leur troisième jour...
C'est long, mine de rien, 3 jours. 259 200 secondes. 259 200 qu'ils ont passées à penser l'un à l'autre, à s'envoyer des messages à l'eau de rose, à s'aimer à un point que ça donne envie de vomir. Faites que pas une seconde de plus ne soit consacrée à cette ignoble perte de temps. Faites qu'elle le largue une bonne fois pour toutes et qu'il revienne pleurnicher dans mes bras pour enfin se rendre compte qu'il n'y a que moi qui suis toujours là pour lui. Pour qu'il voie enfin à quel point je me meurs d'amour pour lui.

29 avril
Si demain tout ça n'est pas fini, j'irai lui parler.

30 avril
Non, je n'ai pas lâchement abandonné. Quand il est arrivé dans le bus, ce matin, j'ai joué des coudes assez violemment pour pouvoir le rejoindre. Cette fois il ne m'a pas ignorée. Il m'a regardé venir avec un drôle d'air. Pas méchant, mais il avait l'air de se demander pourquoi cette inconnue frappait tout le monde pour se diriger vers lui. Il ne me restait qu'un mètre à parcourir quand il a sorti son gsm et a commencé à téléphoner. Je suis restée plantée devant lui jusqu'à la fin du trajet. On est sortis du bus et on s'est dirigés ensemble vers l'école, mais il a accéléré l'allure pour ne pas devoir marcher à ma hauteur. Alors j'ai abandonné. Je suis devenue une inconnue pour lui. Une inconnue.

1er mai.
Congé. Heureusement. Ca va me faire un jour où je n'aurai pas à les voir.
Bon sang, pourquoi faut-il que je sois amoureuse de ce crétin?

1er mai, plus tard.
J'aurais dû profiter de cette journée pour étudier, mais je n'ai réussi qu'à penser et à pleurer. J'ai trop pensé, et j'ai encore l'impression de ne pas avoir assez pleuré. Je me suis toujours demandé comment les gens amoureux réussissaient dans la vie. Moi, ça me semble impossible de me concentrer sur autre chose que sur lui. Mes cotes à l'école baissent de plus en plus, ça ne me remonte pas le moral.

2 mai.
Je n'en peux plus, je voudrais pouvoir enfin me réveiller, mais je sais que cet espoir de cauchemar n'est qu'un rêve ridicule. Aussi aimerais-je pouvoir m'endormir, même dans un sommeil tourmenté, car de toute manière aucun cauchemar ne sera plus horrible que celui-ci.
Je voudrais tout oublier. Je voudrais que tout ceci n'ait jamais existé.
Je maudis tous ces films où les héros s'aiment réciproquement. C'est vrai que personne n'irait voir un film où le personnage principal se contente de mourir de désespoir mais sincèrement, ce serait moins cruel envers tous ceux qui n'ont le droit qu'à aller pleurnicher devant des histoires où tout finit toujours bien. Ou parfois mal, c'est vrai, comme dans Titanic, mais au final, ça revient au même: ils meurent d'amour l'un pour l'autre, Leonardo et Kate. Même si leur histoire est tragique. Au moins, ça nous change.

3 mai.
Il m'a parlé! Ce matin dans le bus, il y avait une place libre à côté de moi, il est directement venu près de moi et m'a dit bonjour.
"Excuse-moi pour tous ces matins où je t'ai ignoré. Je n'ai pas d'excuse. En fait, je pensais que tu n'aimais pas Charlotte et que donc tu m'en voulais, mais j'ai réfléchis et j'ai pensé que c'était vraiment trop bête de casser notre amitié comme ça."
J'avoue que je débarquais un peu. J'aurais aimé voir ma tête à cet instant-là, elle devait être amusante. Mais je me suis vite reprise. Et je ne sais toujours pas pourquoi j'ai réagi ainsi.
"Ca me touche beaucoup, merci."
Je me suis levée et j'ai été attendre devant la porte du bus comme si j'allais en sortir bientôt, bien qu'il restât encore la moitié du trajet à parcourir.
J'ai brièvement espéré qu'il me rejoigne. Il ne l'a pas fait. Il a sorti son gsm et a commencé à téléphoné. J'ai tout entendu.
"Je lui ai dit ce que tu m'avais dit de dire, mais je crois que ça ne sert à rien. Ton idée était foireuse... oui... à tout de suite."
Ainsi donc c'était elle qui lui avait demandé de me parler.
C'est à cette instant que j'ai fait une croix sur Antoine. Je l'aime encore, mais désormais, je le déteste. Expliquez-moi sincèrement pourquoi il a fallu que je tombe sur cet imbécile. Expliquez-moi quelle était la probabilité pour que le mec que j'aime - que je déteste, pardon - rencontre la fille la plus sadique au monde et que tous deux s'associent à moi.

4 mai.
Plus dans le bus, cette fois. A la sortie de l'école.
"Pourquoi tu me tires la tête? Tu m'épuises, à la fin, ça fait une semaine que tu me regardes comme de la merde. C'est quoi, ton problème?
- C'est encore Charlotte qui t'envoie?
- Charlotte est partie à son cours de gym, à cette heure-ci.
- Ah d'accord. Je me disais aussi que c'était étrange que tu perdes encore ton temps alors que tu pouvais être avec elle.
- J'ai pas envie qu'on joue à ce stupide petit jeu, tous les deux.
- Faudra t'y habituer, c'est toi qui as commencé la partie."
Et je l'ai planté là.
J'aurais dû lui dire. Lui dire que je mentais. Que rien n'était plus important que lui pour moi.
Mais je ne l'aime plus. Je le déteste. Alors je ne peux pas.

5 mai.
Désormais c'est moi qui le nie. Ca m'arrivait de le faire, avant, juste pour qu'il vienne lui-même vers moi et que j'aie le sentiment que je comptais pour lui. Je faisais ça comme toutes les filles. Maintenant je me rends compte combien c'était ridicule. Il est venu me dire bonjour dans le bus. Pourtant je n'en suis pas moins sans savoir que je ne vaux rien à ses yeux.

6 mai.
Il m'a demandé pourquoi je ne lui disais plus rien. Pourquoi? Parce qu'il n'y a plus rien à dire. Je suis triste, et alors? Si ça, c'était quelque chose, je pourrais tout aussi bien lui raconter la dernière aventure de mon canari, la fois où il avait avalé une graine de travers dans le fond de sa cage. Et le pire, je trouve, c'est qu'il ose me reprocher de ne plus rien lui confier. Alors que lui, du jour au lendemain, il avait arrêté de me parler, pour ne plus faire que téléphoner, envoyer des messages, passer du temps avec Charlotte. Il croyait vraiment qu'il était clean, lui? Je me le demandais. Etais-je vraiment si naïve d'habitude pour qu'il croie que je pense que j'étais la seule en tort?

7 mai.
RRAH! Elle l'a quitté! Pas trop tôt, on commençait presque à croire qu'elle l'aimait vraiment.
C'est samedi aujourd'hui. Il est venu sonner chez moi et comme personne d'autre n'était là, c'est moi qui ai ouvert. Il est tombé dans mes bras en pleurnichant, comme dans les films les plus pathétiques. Je l'ai regardé de travers, ai songé à lui dire d'aller trouver quelqu'un d'autre pour le consoler. Et l'ai laissé rentrer. Bien entendu.
Il m'a raconté comment ça s'était passé. Elle ne lui a même pas dit en face. Ca ne m'étonne pas d'elle. Vous imaginez peut-être qu'elle lui a téléphoné pour lui expliquer? Même pas. Elle a préféré le larguer par sms. Croyez-vous qu'elle s'est excusée ou qu'elle a dit pourquoi? Où avez-vous la tête? Elle lui a juste envoyé "C'est fini entre nous.", sans aucune autre forme de procès. Quand il lui a répondu, tombé des nues puisque tout allait bien entre eux, en lui demandant le pourquoi du comment, elle est devenue injoignable. Evidemment, à partir de ce moment-là, son GSM était éteint, personne ne décrochait chez elle... On aurait pu s'y attendre. Mais, même en ayant Antoine effondré dans mes bras, je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était beaucoup mieux pour lui qu'elle soit (enfin) partie. Mais ça, je ne pouvais pas lui dire. Je me voyais mal lui expliquer qu'elle le manipulait et qu'elle ne l'aimait pas. Je crois que ce n'était pas à moi de le faire, ça.

8 mai.
Je suis heureuse, vous ne pouvez même pas vous imaginer.

9 mai.
C'est une blague? Charlotte me colle. Elle croit que je l'aime, ou quoi?

10 mai.
C'est de pire en pire. Antoine est toujours aussi mal, et Charlotte reste de plus en plus avec moi. Et plus Charlotte reste avec moi, plus Antoine va mal. C'est un cercle vicieux, et je ne sais rien faire pour le contrer. Je suis beaucoup trop farouche pour avouer à l'ex de celui que j'aime que je ne supporte pas sa présence incessante à mes côtés, même si je suis consciente que c'est de nous voir ensemble qui le rend malheureux.

12 mai.
Il faut que je reprenne les choses en main...
C'est vrai quoi! Je ne peux pas passer ma vie à materner la cause de mon malheur!
Pour ça, j'ai un plan d'enfer...
Puisque Charlotte semble à cours de garçons à essayer, je vais lui en présenter un autre. Un que je connais à peine, et qui me déchargera d'elle, me laissant seule avec Antoine, comme avant. On fera comme si rien ne s'était passé. Je n'ai pas hésité longtemps, j'ai vite choisi Benjamin, un ami d'une copine, que j'avais rencontré lors d'une sortie au cinéma où nous étions tous les deux invités. Je l'avais tout de suite détesté, il était arrogant, égoïste, trop sûr de lui. Mais je dois reconnaitre qu'il n'est pas mal foutu. Le mec idéal pour Charlotte. Je vais lui dire quelque chose de la part de ma copine, Valérie, un truc passe-partout, du genre "elle veut te parler". Si on me demande après pourquoi j'ai dit ça, j'improviserai. Je m'arrangerai juste pour que Charlotte soit avec moi quand je le lui dirai. "Coup de foudre" assuré, et elle me lâchera pendant au moins une semaine. J'ai hâte d'être demain.

13 mai.
Dernière heure de cours.
J'attends la sonnerie dans le tapotement incessant de mon crayon sur le banc.
Le plan est lancé.
Reste à voir si il va se crasher...

Tard le soir.
Bon. C'est raté pour cette fois, mais, c'est promis, je m'y mets demain. Tout ça pourquoi? Parce qu'évidemment je ne l'ai pas trouvé à la sortie. C'est toujours comme ça, je suis maudite. Maintenant j'ai attiré des doutes de la part de Charlotte mais bon... Avec son cerveau de la taille d'un petit pois si ça tombe elle n'y a vu que du feu quand je me suis assurée qu'elle me suivait quand je cherchais Ben. J'espère. Vivement demain.

14 mai.
"Tu crois que j'ai pas vu ton petit plan hier, ou quoi? m'a demandé rageusement Charlotte au début de la journée. Je le connais déjà, Benjamin. Notre histoire a duré deux jours, si tu tiens à le savoir. Franchement, il est hors de question que je me remette avec ce type.
- Hein? De quoi tu parles?
- Fais pas ton innocente. Tu me mettras pas de mauvaise humeur pour ça."
Elle a souri:
"Allez, on oublie. Je suppose que tu faisais ça pour moi. C'est pas un mec qui viendra à bout de notre amitié."
Super. Par contre, c'est une fille qui parvient à casser mon amitié avec Antoine. Youpie.
Il me regarde comme si j'étais un parasite.
Voyons le positif, au moins il me regarde.

Plus tard.
Il m'a envoyé ces merveilleux sms: "Tu veux me faire souffrir ou quoi? Pourquoi tu restes encore avec elle?" et "Je l'aime encore. J'en guérirai, tu crois?"
Je doute qu'il finisse un jour par se rendre compte que je l'aime.

15 mai
Je ne pensais pas qu'une telle chose puisse arriver.
Ce matin, Charlotte arrive près de moi, la mine pensive. Je lui fis la bise avec beaucoup de mauvaise volonté sans engager de conversation. Elle ne sembla pas s'en rendre compte.
- Sophie, ça t'es déjà arrivé d'être amoureuse?
Je la regardai, étonnée.
- Oui...
- Je crois que moi, ça ne m'était jamais arrivé.
- Je crois aussi.
Elle ne réagit pas, continuant son monologue sans se soucier de ce que je pouvais en penser.
- Mais là, je suis tombée amoureuse. Tu te rends compte? Je suis amoureuse! C'est génial! Je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie!
Là, sans prévenir, Charlotte me tomba dans les bras, au bord des larmes.
Je ne savais pas quelle attitude adopter. Je méprisais légèrement son attitude puérile, sans
pouvoir m'empêcher d'être touchée par un telle débordement de joie. Je la serrai légèrement contre moi.
Si Charlotte aimait un garçon, je n'avais aucun doute sur le fait qu'elle serait avec lui d'ici demain. Peut-être la passion allongerait-elle leur relation? Cela ôterait tout espoir à Antoine d'avoir à nouveau une chance avec elle. Peut-être l'oublierait-il plus facilement? Finalement, je partageais la joie de Charlotte, bien qu'égoïstement. Je la pris par les épaules et la regardai dans les yeux.
- Et dis-moi, de qui s'agit-il?
- D'Antoine. Depuis que je l'ai quitté, je pense tout le temps à lui. C'est une vraie obsession. Je regrette tellement de l'avoir largué... Tu crois qu'il me reprendra?
Charlotte me regardait avec ses yeux d'anges. Une espérance innocente luisait dans son regard.
- Bien sûr...
Je lui adressai un sourire forcé dans lequel même un chacal aurait vu ma détresse. Charlotte est pire qu'un chacal. Elle n'a rien vu. Elle m'a à nouveau sauté dans les bras puis a couru retrouver Antoine.

16 mai
Cette vie est une vaste blague.

17 mai
Ca fait deux jours que Charlotte invente tous les plans possibles et imaginables pour reprendre Antoine. Ca fait deux jours que je casse méthodiquement chacun de ces mêmes plans. Ca fait deux jours qu'Antoine me demande systématiquement dans le bus pourquoi je passe autant de temps avec elle. Ca fait deux jours que je lui réponds que j'aimerais m'en défaire mais qu'elle refuse. Ca fait deux jours qu'il veut que je la ramène près de lui.
Alors je l'ai fait. Aujourd'hui. Parce que je suis faible.
C'était comme s'ils ne s'étaient jamais quitté.
J'ai pleuré toute la soirée.

18 mai
Et c'est reparti.
Me revoici dans mon coin, à les regarder s'aimer, pour de bon cette fois. Je ne semble bonne qu'à souffrir de mes élans de gentillesse.
Je dois reconnaître que malgré le fait qu'elle sorte avec un garçon, Charlotte me dit bonjour tous les matins et me demande si je vais bien avant de rejoindre Antoine. C'est la première fois que ça arrive depuis qu'on se connait. Généralement, elle me délaissait au profit des ses câlineries "amoureuses".
Par contre, pour Antoine, je n'existe de nouveau plus.
Et ça fait mal de voir qu'une fille comme Charlotte me prette plus d'attention que le garçon qui est mon ami depuis toujours, le mec que j'aime imbécilement mais irréversiblement.

19 mai
Le temps passe...

20 mai
Sauf pour moi.

21 mai
J'ai l'impression d'être... spectatrice de ma propre vie.

22 mai
Je me sens tellement impuissante, transparente.
Je me demande même si les gens ont conscience de mon existence...

23 mai
Génial...
Comme si j'avais besoin de cela!!
Je n'existe plus pour Antoine, mais Alex - un crétin brun de première classe, toujours entouré d'une armada de potes, et qui ne sait probablement pas compter jusqu'à cinq - s'est mis en tête de me charrier jusqu'à ce que je lui adresse un sourire parce que, soi-disant, il avait l'impression de jouer dans le remake de "Attaque de zombies" chaque fois qu'il me croisait dans les couloirs!
Merci, Seigneur, mais je ne suis pas sûre d'apprécier votre sens de l'humour...

24 mai
Antoine m'a bousculée tout à l'heure. Il ne s'en est même pas rendu compte.

25 mai
Je suis maudite!
Il n'y a que trois choses dans ma vie dont je suis certaine :
Primo, je m'appelle Sophie;
Secundo, je suis désespérément amoureuse d'Antoine;
Tertio, celui-ci ne sait même plus que j'existe.
Ah! En fait, il y en a quatre :
Quarto, Alex sait compter, il aime les maths. Encore un fou. Il baisse d'un cran en plus dans mon estime.

26 mai
"Sophie! Tu viens au ciné avec nous demain après la remise des bulletins?"
J'ai dévisagé Alex comme s'il débarquait d'un OVNI en plein milieu d'une parade de majorettes. J'avais l'habitude d'entendre sa voix grave m'adresser des "Sophie! Tu as encore oublié tes anti-dépresseurs?", des "Chérie! Tu veux que je t'offre un miroir et que je t'apprenne à sourire?", ou encore des "Eh, poulette, j'ai perdu mon livre "Un mois de déprime", je suis sûr que c'est toi qui me l'a piqué, ta tête t'a trahie!". Ca faisait une semaine qu'il me tannait avec son humour ridicule. Mais je ne me serrais pas attendue à ce que ce mec que je connais à peine - non, en fait, je ne le connais pas, je ne sais pas pourquoi il a commencé à m'adresser la parole, je ne sais même pas comment il connait mon nom - m'invite au cinéma. En fait, aucun mec ne m'a jamais invitée au cinéma, en-dehors d'Antoine.
Je ne savais pas quoi dire, mais je soupçonnais encore une vanne débile, c'est pourquoi j'ai fermé mon casier et je suis passée devant Alex sans lui répondre ni même le regarder.
Un de ses amis a gueulé "Houuuuuu, Alex s'est pris un râteau!", puis tous se sont esclaffés, lui compris.
Je n'y ai plus repensé.

27 mai
Mon bulletin est catastrophique. Je n'avais pas vraiment remarqué que j'avais arrêté de travailler ces dernières semaines, mais les conséquences sont bien là.
Je suis pettée en sciences, en géo, en histoire et en maths. Surtout en maths. Je dois avoir 25 ou trente pour cent. Je ne sais plus. Je m'en fous. C'est du moins ce que j'essaye de faire croire à tout le monde. Mais je devais peut-être quand même tirer une tête pire que d'habitude, parce que là-tantôt, dans la rue qui mène à mon arrêt de bus, j'ai entendu une voix m'appeler. Je me suis retournée. Alex me faisait de grands signes depuis la file pour le ciné, entouré de son indissoluble bande d'amis.
Cette fois, je me suis dirigée vers lui à grand pas. Je me suis plantée face à lui et je l'ai engueulé du mieux que j'ai pu. Je me suis sans doute un peu énervée. Mais j'ai vite eu fini, et j'ai tourné les talons en courant presque, m'attendant à des rires moqueurs, voire à des insultes. Mais rien n'est venu. À la place de ça, un silence étrange, puis un bruit de course derrière moi, et une main qui s'est abattue sur mon épaule, m'empêchant de m'éloigner de la bande de plus des cinq pas que j'avais pu faire. Je me suis encore retournée.
"Sophie, je sais que je dois te sembler ridicule, mais je sais aussi que tu as besoin de te changer les idées, même si je ne sais pas quelles sont ces idées en question. Tout le monde parle de toi à l'école comme si tu étais la dernière des paumées dépressives, et moi ça m'énerve ces cons qui poignardent ceux qu'ils ne connaissent même pas. Alors je me dis que les gens extravertis comme moi ça sert à ça: à recueillir ceux qui ont pas eu de chance, sans que personne sache pourquoi parce qu'ils sont plutôt du style discret. Viens au ciné, reste avec nous au moins une fois, aujourd'hui, et je te promets que tu iras mieux."
Je n'avais aucune envie d'aller au ciné. Je n'avais aucune envie de me coltiner une bande de cons en vadrouille sous prétexte que j'avais l'air malheureuse. Je n'avais aucune envie de devoir sourire à la fin de la journée pour ne pas vexer ce mec qui n'était peut-être pas si méchant que ça pour finir.
Alors j'ai refusé. Alex ne m'a pas écoutée. Il m'a prise par l'épaule et m'a emmenée dans la file. Je me suis laissée faire. Ses copains m'ont souri. Je me suis dit qu'ils avaient sans doute été dans le même cas que moi.
À la fin de la journée, je souriais. Et je ne faisais pas semblant. [on dit que c'était le vendredi, heiin?]

28 mai
Vous pourriez croire que je meurs de bonheur. Eh bien non, mes amis. Parce que j'ai bien réfléchi aux paroles d'Alex qui m'ont entre autre appris que je passe aux yeux de tout le monde pour une fille complètement désespérée. Bon, vous remarquerez que, de ce côté, les gens ne se trompent qu'à moitié. Vu la vie merveilleuse que je me tape...
Par contre, maintenant, je suis complètement perdue. Je m'explique. Alex m'a refilé son numéro de gsm en disant (je cite): "Comme ça, si tu as un problème, si tu veux parler à quelqu'un, tu peux m'appeler, je serai là pour toi". Il avait l'air trop bienveillant en disant ça. Il me regardait un peu comme Antoine avant, avec une sorte d'amour débordant qui me faisait me sentir extraordinaire.
Et maintenant, il y a un truc bizarre au fond de mon ventre quand je pense à lui. Manquait plus que ça.

29 mai
C'est l'anniversaire d'Antoine. J'ai pas pu résister, j'ai téléphoné à Alex et je lui ai déballé toute ma vie en pleurant.

Tard dans la nuit...
"Chuuut, ça va aller, Sophie,... Tout va s'arranger, je te le promets."
Je n'arrête pas de penser à ces paroles, les dernières qu'Alex a prononcées avant de raccrocher.
Et plus j'y pense, plus quelque chose me dérange...

30 mai
J'ai évolué dans cette journée comme dans un rêve, tout était tellement étrange...
Quand il est monté dans le bus, Antoine m'a demandé s'il pouvait s'asseoir à côté de moi. J'ai dû le regarder avec des gros yeux car il a baissé la tête. Refusant de laisser passer une occasion pareil, j'ai répondu par l'affirmative. Nous avons échangé les banalités d'occasion, puis un silence gêné s'est installé entre nous. Je voyais qu'il rougissait et fuyait mon regard. Je ne m'étais tellement pas attendue à cela que je ne trouvais rien à dire pour briser la glace.
Arrivés à l'école, il a prétexté devoir fignoler un travail de groupe et est parti, les yeux toujours baissés. Charlotte, quant à elle, fut au petit soin pour moi toute la journée, enfin... autant qu'elle peut l'être pour une autre personne qu'elle-même. Quand je lui ai demandé ce qu'il se passait, elle a eu une drôle d'expression, un sourire plein de sous-entendu déformé par un air gêné et légèrement anxieux, mais n'a rien répondu. Je n'ai pas parlé à Alex de la journée. Je l'ai bien aperçu au bout d'un couloir, mais quand je l'ai appelé, il ne s'est pas retourné, alors que chacun de ses amis que j'ai croisé aujourd'hui m'a adressé un sourire et un petit signe de tête. Je n'y comprends rien, mais je suis tellement contente qu'Antoine m'ait reparlé!
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Héléna

Héléna


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Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: Je vais commencer, n'est-ce pas? :D   Je vais commencer, n'est-ce pas? :D - Page 3 EmptySam 8 Sep - 20:32

25 avril.
Regardez-les. Regardez comme ils ont l'air heureux, ensemble. Regardez comme l'amour gicle entre eux, comme on a l'impression d'être face à de la guimauve, entre leurs petits sourires et regards amoureux. Regardez comme tout cela est écoeurant.
Mais moi, ne me regardez pas. Ne me regardez surtout pas ou vous verrez que j'en meurs de jalousie. Ne me regardez pas parce que je n'ai pas envie que vous le sachiez que je suis malade qu'ils restent ensemble et qu'il l'aime. Alors que moi, il m'aime depuis bien plus longtemps. On se connait depuis bientôt dix ans. Pas depuis dix jours.
On a toujours été amis parce que le jour où il est arrivé dans mon école, j'ai été la seule à aller vers lui, alors qu'il ne connaissait personne.
Alors qu'elle, il la connait depuis dix jours. Et il me la préfère tout de même, alors que jamais elle n'a été à son chevet quand il était malade, que jamais elle n'a partagé tous ses secrets avec lui, que jamais elle ne lui a dit qu'il était tout pour elle. Oh pardon, si, elle lui a dit. Avec une telle dose d'amour que ça me donnait envie de vomir. C'est ce qu'elle a dit à Maxime, à Olivier, à Thibault, à François, à des dizaines d'autres avant de le dire encore maintenant à Antoine. Comment peut-il la croire sincèrement? J'aimerais que quelqu'un m'explique comment fonctionne un cerveau masculin.
Et les voir rester comme ça toute la journée scotchés l'un à l'autre non seulement me dégoûte, mais aussi, même si j'aime moins l'avouer, m'attriste énormément. C'est vrai quoi, il sait bien que je l'aime à en mourir, et lui tout ce qu'il trouve à faire c'est s'afficher en sa compagnie à tout bout de champ. On dirait vraiment qu'il n'a aucun souvenir de tout ce que l'on a traversé ensemble... Depuis ces dix jours, il avait bien changé. Avant cela, on partageait beaucoup, mais apparemment, dès l'instant où Charlotte est apparue dans sa vie, tout était fini. Il a tiré un trait sur moi, même inconsciemment peut-être. Toujours est-il qu'il l'a fait, et que ça me fait mal.

26 avril.
Il ne m'a même pas dit bonjour. Il est passé à côté de moi, sans me voir, dans le bus. Avant, il marchait jusque chez moi, deux arrêts avant le sien, le matin pour qu'on prenne le bus en même temps. Il disait que se lever plus tôt ne le dérangeait pas, que marcher lui était complètement égal s'il pouvait me voir plus longtemps. Les rares fois où il montait à l'arrêt juste devant chez lui, c'était qu'il était vraiment à la bourre.
Je l'ai espionné, en me cachant bêtement derrière une mèche de mes cheveux. Il a commencé par ranger son abonnement dans sa poche gauche, il a passé la main dans ses cheveux puis sur sa tirette pour l'ouvrir, il a sorti son gsm de sa poche droite, a eu l'air absorbé, puis l'a porté à son oreille droite. J'ai détourné un regard qu'il n'avait même pas vu. Il lui téléphonait. Bien sûr. Il allait la voir dans dix minutes, mais quand on s'aime tellement, on ne peut pas attendre aussi longtemps, comprenez-vous?

27 avril.
Ca m'étonne qu'ils n'aient pas encore cassé. Encore cinq jours ainsi et Charlotte aura battu son record. Non, je ne rigole pas. Je la connais bien, malheureusement. Elle est détestée par tellement de filles que les rares jours où elle est célibataire, elle me colle, car je suis la seule qui n'aie pas le courage de lui dire ce que je pense d'elle. Je suis au courant de toutes ses conquêtes amoureuses. Et je sais que plus d'une semaine avec un même garçon, c'est pour elle un manque de diversité. Je lui ai déjà demandé comment elle pouvait plaquer aussi facilement les garçons si elles les aimait. Elle m'a répondu que c'était parce qu'elle les aimait tous, et que comme elle avait du mal à choisir, elle les essayait un par un. Je ne crois pas qu'elle ait eu mauvaise conscience en me disant cela. Je crois que c'est pour elle quelque chose de naturel. Seulement, il y a une semaine, elle est arrivée au bout de sa liste de garçons à "essayer". C'est à ce moment qu'elle a commencé à s'intéresser à Antoine. Elle m'a demandé comment s'appelait "mon ami roux" et si je ne voulais pas le lui présenter. J'ai accepté parce que j'étais sûre qu'Antoine ne tomberait pas dans le panneau, et je me disais que ça lui donnerait, en quelque sorte, une leçon. Mais je m'étais trompée. Après dix jours, ils sortaient déjà ensemble.
Antoine n'est ni beau ni moche. Il n'est pas banal, il est spécial. Il a les cheveux blond vénitien coupés assez court, mais il va les laisser pousser car Charlotte lui a dit que ça lui irait mieux. Il me l'a dit au début de leur "relation", quand on se parlait encore. Ses yeux son vert banane pas mûre, ce qui donne un contraste étrange avec ses cheveux. Il a la peau très pâle et est de taille moyenne. Une chose est certaine, c'est qu'il s'habille super bien. En tout cas de mon point de vue. C'est normal, je l'accompagne toujours quand il a besoin de nouvelles fringues. Enfin, je l'accompagnais...
Mais je ne me fais pas de soucis. Dans quelques jours ils ne seront plus ensemble, et je pardonnerai Antoine, parce que je n'aurai rien d'autre à faire. Je ne veux pas laisser cette sale p*** casser notre amitié.

28 avril
Je me surprends à cocher les jours sur mon calendrier. Comme si j'étais pressée d'atteindre une certaine date. Mais j'ignore laquelle c'est. J'ignore quand ils vont casser. J'ai l'impression que je vais encore pouvoir cocher longtemps. Car je semble être la seule à attendre cette date.
Allons, je me décourage trop facilement. Ils n'en sont qu'à leur troisième jour...
C'est long, mine de rien, 3 jours. 259 200 secondes. 259 200 qu'ils ont passées à penser l'un à l'autre, à s'envoyer des messages à l'eau de rose, à s'aimer à un point que ça donne envie de vomir. Faites que pas une seconde de plus ne soit consacrée à cette ignoble perte de temps. Faites qu'elle le largue une bonne fois pour toutes et qu'il revienne pleurnicher dans mes bras pour enfin se rendre compte qu'il n'y a que moi qui suis toujours là pour lui. Pour qu'il voie enfin à quel point je me meurs d'amour pour lui.

29 avril
Si demain tout ça n'est pas fini, j'irai lui parler.

30 avril
Non, je n'ai pas lâchement abandonné. Quand il est arrivé dans le bus, ce matin, j'ai joué des coudes assez violemment pour pouvoir le rejoindre. Cette fois il ne m'a pas ignorée. Il m'a regardé venir avec un drôle d'air. Pas méchant, mais il avait l'air de se demander pourquoi cette inconnue frappait tout le monde pour se diriger vers lui. Il ne me restait qu'un mètre à parcourir quand il a sorti son gsm et a commencé à téléphoner. Je suis restée plantée devant lui jusqu'à la fin du trajet. On est sortis du bus et on s'est dirigés ensemble vers l'école, mais il a accéléré l'allure pour ne pas devoir marcher à ma hauteur. Alors j'ai abandonné. Je suis devenue une inconnue pour lui. Une inconnue.

1er mai.
Congé. Heureusement. Ca va me faire un jour où je n'aurai pas à les voir.
Bon sang, pourquoi faut-il que je sois amoureuse de ce crétin?

1er mai, plus tard.
J'aurais dû profiter de cette journée pour étudier, mais je n'ai réussi qu'à penser et à pleurer. J'ai trop pensé, et j'ai encore l'impression de ne pas avoir assez pleuré. Je me suis toujours demandé comment les gens amoureux réussissaient dans la vie. Moi, ça me semble impossible de me concentrer sur autre chose que sur lui. Mes cotes à l'école baissent de plus en plus, ça ne me remonte pas le moral.

2 mai.
Je n'en peux plus, je voudrais pouvoir enfin me réveiller, mais je sais que cet espoir de cauchemar n'est qu'un rêve ridicule. Aussi aimerais-je pouvoir m'endormir, même dans un sommeil tourmenté, car de toute manière aucun cauchemar ne sera plus horrible que celui-ci.
Je voudrais tout oublier. Je voudrais que tout ceci n'ait jamais existé.
Je maudis tous ces films où les héros s'aiment réciproquement. C'est vrai que personne n'irait voir un film où le personnage principal se contente de mourir de désespoir mais sincèrement, ce serait moins cruel envers tous ceux qui n'ont le droit qu'à aller pleurnicher devant des histoires où tout finit toujours bien. Ou parfois mal, c'est vrai, comme dans Titanic, mais au final, ça revient au même: ils meurent d'amour l'un pour l'autre, Leonardo et Kate. Même si leur histoire est tragique. Au moins, ça nous change.

3 mai.
Il m'a parlé! Ce matin dans le bus, il y avait une place libre à côté de moi, il est directement venu près de moi et m'a dit bonjour.
"Excuse-moi pour tous ces matins où je t'ai ignoré. Je n'ai pas d'excuse. En fait, je pensais que tu n'aimais pas Charlotte et que donc tu m'en voulais, mais j'ai réfléchis et j'ai pensé que c'était vraiment trop bête de casser notre amitié comme ça."
J'avoue que je débarquais un peu. J'aurais aimé voir ma tête à cet instant-là, elle devait être amusante. Mais je me suis vite reprise. Et je ne sais toujours pas pourquoi j'ai réagi ainsi.
"Ca me touche beaucoup, merci."
Je me suis levée et j'ai été attendre devant la porte du bus comme si j'allais en sortir bientôt, bien qu'il restât encore la moitié du trajet à parcourir.
J'ai brièvement espéré qu'il me rejoigne. Il ne l'a pas fait. Il a sorti son gsm et a commencé à téléphoné. J'ai tout entendu.
"Je lui ai dit ce que tu m'avais dit de dire, mais je crois que ça ne sert à rien. Ton idée était foireuse... oui... à tout de suite."
Ainsi donc c'était elle qui lui avait demandé de me parler.
C'est à cette instant que j'ai fait une croix sur Antoine. Je l'aime encore, mais désormais, je le déteste. Expliquez-moi sincèrement pourquoi il a fallu que je tombe sur cet imbécile. Expliquez-moi quelle était la probabilité pour que le mec que j'aime - que je déteste, pardon - rencontre la fille la plus sadique au monde et que tous deux s'associent à moi.

4 mai.
Plus dans le bus, cette fois. A la sortie de l'école.
"Pourquoi tu me tires la tête? Tu m'épuises, à la fin, ça fait une semaine que tu me regardes comme de la merde. C'est quoi, ton problème?
- C'est encore Charlotte qui t'envoie?
- Charlotte est partie à son cours de gym, à cette heure-ci.
- Ah d'accord. Je me disais aussi que c'était étrange que tu perdes encore ton temps alors que tu pouvais être avec elle.
- J'ai pas envie qu'on joue à ce stupide petit jeu, tous les deux.
- Faudra t'y habituer, c'est toi qui as commencé la partie."
Et je l'ai planté là.
J'aurais dû lui dire. Lui dire que je mentais. Que rien n'était plus important que lui pour moi.
Mais je ne l'aime plus. Je le déteste. Alors je ne peux pas.

5 mai.
Désormais c'est moi qui le nie. Ca m'arrivait de le faire, avant, juste pour qu'il vienne lui-même vers moi et que j'aie le sentiment que je comptais pour lui. Je faisais ça comme toutes les filles. Maintenant je me rends compte combien c'était ridicule. Il est venu me dire bonjour dans le bus. Pourtant je n'en suis pas moins sans savoir que je ne vaux rien à ses yeux.

6 mai.
Il m'a demandé pourquoi je ne lui disais plus rien. Pourquoi? Parce qu'il n'y a plus rien à dire. Je suis triste, et alors? Si ça, c'était quelque chose, je pourrais tout aussi bien lui raconter la dernière aventure de mon canari, la fois où il avait avalé une graine de travers dans le fond de sa cage. Et le pire, je trouve, c'est qu'il ose me reprocher de ne plus rien lui confier. Alors que lui, du jour au lendemain, il avait arrêté de me parler, pour ne plus faire que téléphoner, envoyer des messages, passer du temps avec Charlotte. Il croyait vraiment qu'il était clean, lui? Je me le demandais. Etais-je vraiment si naïve d'habitude pour qu'il croie que je pense que j'étais la seule en tort?

7 mai.
RRAH! Elle l'a quitté! Pas trop tôt, on commençait presque à croire qu'elle l'aimait vraiment.
C'est samedi aujourd'hui. Il est venu sonner chez moi et comme personne d'autre n'était là, c'est moi qui ai ouvert. Il est tombé dans mes bras en pleurnichant, comme dans les films les plus pathétiques. Je l'ai regardé de travers, ai songé à lui dire d'aller trouver quelqu'un d'autre pour le consoler. Et l'ai laissé rentrer. Bien entendu.
Il m'a raconté comment ça s'était passé. Elle ne lui a même pas dit en face. Ca ne m'étonne pas d'elle. Vous imaginez peut-être qu'elle lui a téléphoné pour lui expliquer? Même pas. Elle a préféré le larguer par sms. Croyez-vous qu'elle s'est excusée ou qu'elle a dit pourquoi? Où avez-vous la tête? Elle lui a juste envoyé "C'est fini entre nous.", sans aucune autre forme de procès. Quand il lui a répondu, tombé des nues puisque tout allait bien entre eux, en lui demandant le pourquoi du comment, elle est devenue injoignable. Evidemment, à partir de ce moment-là, son GSM était éteint, personne ne décrochait chez elle... On aurait pu s'y attendre. Mais, même en ayant Antoine effondré dans mes bras, je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était beaucoup mieux pour lui qu'elle soit (enfin) partie. Mais ça, je ne pouvais pas lui dire. Je me voyais mal lui expliquer qu'elle le manipulait et qu'elle ne l'aimait pas. Je crois que ce n'était pas à moi de le faire, ça.

8 mai.
Je suis heureuse, vous ne pouvez même pas vous imaginer.

9 mai.
C'est une blague? Charlotte me colle. Elle croit que je l'aime, ou quoi?

10 mai.
C'est de pire en pire. Antoine est toujours aussi mal, et Charlotte reste de plus en plus avec moi. Et plus Charlotte reste avec moi, plus Antoine va mal. C'est un cercle vicieux, et je ne sais rien faire pour le contrer. Je suis beaucoup trop farouche pour avouer à l'ex de celui que j'aime que je ne supporte pas sa présence incessante à mes côtés, même si je suis consciente que c'est de nous voir ensemble qui le rend malheureux.

12 mai.
Il faut que je reprenne les choses en main...
C'est vrai quoi! Je ne peux pas passer ma vie à materner la cause de mon malheur!
Pour ça, j'ai un plan d'enfer...
Puisque Charlotte semble à cours de garçons à essayer, je vais lui en présenter un autre. Un que je connais à peine, et qui me déchargera d'elle, me laissant seule avec Antoine, comme avant. On fera comme si rien ne s'était passé. Je n'ai pas hésité longtemps, j'ai vite choisi Benjamin, un ami d'une copine, que j'avais rencontré lors d'une sortie au cinéma où nous étions tous les deux invités. Je l'avais tout de suite détesté, il était arrogant, égoïste, trop sûr de lui. Mais je dois reconnaitre qu'il n'est pas mal foutu. Le mec idéal pour Charlotte. Je vais lui dire quelque chose de la part de ma copine, Valérie, un truc passe-partout, du genre "elle veut te parler". Si on me demande après pourquoi j'ai dit ça, j'improviserai. Je m'arrangerai juste pour que Charlotte soit avec moi quand je le lui dirai. "Coup de foudre" assuré, et elle me lâchera pendant au moins une semaine. J'ai hâte d'être demain.

13 mai.
Dernière heure de cours.
J'attends la sonnerie dans le tapotement incessant de mon crayon sur le banc.
Le plan est lancé.
Reste à voir si il va se crasher...

Tard le soir.
Bon. C'est raté pour cette fois, mais, c'est promis, je m'y mets demain. Tout ça pourquoi? Parce qu'évidemment je ne l'ai pas trouvé à la sortie. C'est toujours comme ça, je suis maudite. Maintenant j'ai attiré des doutes de la part de Charlotte mais bon... Avec son cerveau de la taille d'un petit pois si ça tombe elle n'y a vu que du feu quand je me suis assurée qu'elle me suivait quand je cherchais Ben. J'espère. Vivement demain.

14 mai.
"Tu crois que j'ai pas vu ton petit plan hier, ou quoi? m'a demandé rageusement Charlotte au début de la journée. Je le connais déjà, Benjamin. Notre histoire a duré deux jours, si tu tiens à le savoir. Franchement, il est hors de question que je me remette avec ce type.
- Hein? De quoi tu parles?
- Fais pas ton innocente. Tu me mettras pas de mauvaise humeur pour ça."
Elle a souri:
"Allez, on oublie. Je suppose que tu faisais ça pour moi. C'est pas un mec qui viendra à bout de notre amitié."
Super. Par contre, c'est une fille qui parvient à casser mon amitié avec Antoine. Youpie.
Il me regarde comme si j'étais un parasite.
Voyons le positif, au moins il me regarde.

Plus tard.
Il m'a envoyé ces merveilleux sms: "Tu veux me faire souffrir ou quoi? Pourquoi tu restes encore avec elle?" et "Je l'aime encore. J'en guérirai, tu crois?"
Je doute qu'il finisse un jour par se rendre compte que je l'aime.

15 mai
Je ne pensais pas qu'une telle chose puisse arriver.
Ce matin, Charlotte arrive près de moi, la mine pensive. Je lui fis la bise avec beaucoup de mauvaise volonté sans engager de conversation. Elle ne sembla pas s'en rendre compte.
- Sophie, ça t'es déjà arrivé d'être amoureuse?
Je la regardai, étonnée.
- Oui...
- Je crois que moi, ça ne m'était jamais arrivé.
- Je crois aussi.
Elle ne réagit pas, continuant son monologue sans se soucier de ce que je pouvais en penser.
- Mais là, je suis tombée amoureuse. Tu te rends compte? Je suis amoureuse! C'est génial! Je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie!
Là, sans prévenir, Charlotte me tomba dans les bras, au bord des larmes.
Je ne savais pas quelle attitude adopter. Je méprisais légèrement son attitude puérile, sans
pouvoir m'empêcher d'être touchée par un telle débordement de joie. Je la serrai légèrement contre moi.
Si Charlotte aimait un garçon, je n'avais aucun doute sur le fait qu'elle serait avec lui d'ici demain. Peut-être la passion allongerait-elle leur relation? Cela ôterait tout espoir à Antoine d'avoir à nouveau une chance avec elle. Peut-être l'oublierait-il plus facilement? Finalement, je partageais la joie de Charlotte, bien qu'égoïstement. Je la pris par les épaules et la regardai dans les yeux.
- Et dis-moi, de qui s'agit-il?
- D'Antoine. Depuis que je l'ai quitté, je pense tout le temps à lui. C'est une vraie obsession. Je regrette tellement de l'avoir largué... Tu crois qu'il me reprendra?
Charlotte me regardait avec ses yeux d'anges. Une espérance innocente luisait dans son regard.
- Bien sûr...
Je lui adressai un sourire forcé dans lequel même un chacal aurait vu ma détresse. Charlotte est pire qu'un chacal. Elle n'a rien vu. Elle m'a à nouveau sauté dans les bras puis a couru retrouver Antoine.

16 mai
Cette vie est une vaste blague.

17 mai
Ca fait deux jours que Charlotte invente tous les plans possibles et imaginables pour reprendre Antoine. Ca fait deux jours que je casse méthodiquement chacun de ces mêmes plans. Ca fait deux jours qu'Antoine me demande systématiquement dans le bus pourquoi je passe autant de temps avec elle. Ca fait deux jours que je lui réponds que j'aimerais m'en défaire mais qu'elle refuse. Ca fait deux jours qu'il veut que je la ramène près de lui.
Alors je l'ai fait. Aujourd'hui. Parce que je suis faible.
C'était comme s'ils ne s'étaient jamais quitté.
J'ai pleuré toute la soirée.

18 mai
Et c'est reparti.
Me revoici dans mon coin, à les regarder s'aimer, pour de bon cette fois. Je ne semble bonne qu'à souffrir de mes élans de gentillesse.
Je dois reconnaître que malgré le fait qu'elle sorte avec un garçon, Charlotte me dit bonjour tous les matins et me demande si je vais bien avant de rejoindre Antoine. C'est la première fois que ça arrive depuis qu'on se connait. Généralement, elle me délaissait au profit des ses câlineries "amoureuses".
Par contre, pour Antoine, je n'existe de nouveau plus.
Et ça fait mal de voir qu'une fille comme Charlotte me prette plus d'attention que le garçon qui est mon ami depuis toujours, le mec que j'aime imbécilement mais irréversiblement.

19 mai
Le temps passe...

20 mai
Sauf pour moi.

21 mai
J'ai l'impression d'être... spectatrice de ma propre vie.

22 mai
Je me sens tellement impuissante, transparente.
Je me demande même si les gens ont conscience de mon existence...

23 mai
Génial...
Comme si j'avais besoin de cela!!
Je n'existe plus pour Antoine, mais Alex - un crétin brun de première classe, toujours entouré d'une armada de potes, et qui ne sait probablement pas compter jusqu'à cinq - s'est mis en tête de me charrier jusqu'à ce que je lui adresse un sourire parce que, soi-disant, il avait l'impression de jouer dans le remake de "Attaque de zombies" chaque fois qu'il me croisait dans les couloirs!
Merci, Seigneur, mais je ne suis pas sûre d'apprécier votre sens de l'humour...

24 mai
Antoine m'a bousculée tout à l'heure. Il ne s'en est même pas rendu compte.

25 mai
Je suis maudite!
Il n'y a que trois choses dans ma vie dont je suis certaine :
Primo, je m'appelle Sophie;
Secundo, je suis désespérément amoureuse d'Antoine;
Tertio, celui-ci ne sait même plus que j'existe.
Ah! En fait, il y en a quatre :
Quarto, Alex sait compter, il aime les maths.

26 mai
"Sophie! Tu viens au ciné avec nous demain après la remise des bulletins?"
J'ai dévisagé Alex comme s'il débarquait d'un OVNI en plein milieu d'une parade de majorettes. J'avais l'habitude d'entendre sa voix grave m'adresser des "Sophie! Tu as encore oublié tes anti-dépresseurs?", des "Chérie! Tu veux que je t'offre un miroir et que je t'apprenne à sourire?", ou encore des "Eh, poulette, j'ai perdu mon livre "Un mois de déprime", je suis sûr que c'est toi qui me l'a piqué, ta tête t'a trahie!". Ca faisait une semaine qu'il me tannait avec son humour ridicule. Mais je ne me serrais pas attendue à ce que ce mec que je connais à peine - non, en fait, je ne le connais pas, je ne sais pas pourquoi il a commencé à m'adresser la parole, je ne sais même pas comment il connait mon nom - m'invite au cinéma. En fait, aucun mec ne m'a jamais invitée au cinéma, en-dehors d'Antoine.
Je ne savais pas quoi dire, mais je soupçonnais encore une vanne débile, c'est pourquoi j'ai fermé mon casier et je suis passée devant Alex sans lui répondre ni même le regarder.
Un de ses amis a gueulé "Houuuuuu, Alex s'est pris un râteau!", puis tous se sont esclaffés, lui compris.
Je n'y ai plus repensé.

27 mai
Mon bulletin est catastrophique. Je n'avais pas vraiment remarqué que j'avais arrêté de travailler ces dernières semaines, mais les conséquences sont bien là.
Je suis pettée en sciences, en géo, en histoire et en maths. Surtout en maths. Je dois avoir 25 ou trente pour cent. Je ne sais plus. Je m'en fous. C'est du moins ce que j'essaye de faire croire à tout le monde. Mais je devais peut-être quand même tirer une tête pire que d'habitude, parce que là-tantôt, dans la rue qui mène à mon arrêt de bus, j'ai entendu une voix m'appeler. Je me suis retournée. Alex me faisait de grands signes depuis la file pour le ciné, entouré de son indissoluble bande d'amis.
Cette fois, je me suis dirigée vers lui à grand pas. Je me suis plantée face à lui et je l'ai engueulé du mieux que j'ai pu. Je me suis sans doute un peu énervée. Mais j'ai vite eu fini, et j'ai tourné les talons en courant presque, m'attendant à des rires moqueurs, voire à des insultes. Mais rien n'est venu. À la place de ça, un silence étrange, puis un bruit de course derrière moi, et une main qui s'est abattue sur mon épaule, m'empêchant de m'éloigner de la bande de plus des cinq pas que j'avais pu faire. Je me suis encore retournée.
"Sophie, je sais que je dois te sembler ridicule, mais je sais aussi que tu as besoin de te changer les idées, même si je ne sais pas quelles sont ces idées en question. Tout le monde parle de toi à l'école comme si tu étais la dernière des paumées dépressives, et moi ça m'énerve ces cons qui poignardent ceux qu'ils ne connaissent même pas. Alors je me dis que les gens extravertis comme moi ça sert à ça: à recueillir ceux qui ont pas eu de chance, sans que personne sache pourquoi parce qu'ils sont plutôt du style discret. Viens au ciné, reste avec nous au moins une fois, aujourd'hui, et je te promets que tu iras mieux."
Je n'avais aucune envie d'aller au ciné. Je n'avais aucune envie de me coltiner une bande de cons en vadrouille sous prétexte que j'avais l'air malheureuse. Je n'avais aucune envie de devoir sourire à la fin de la journée pour ne pas vexer ce mec qui n'était peut-être pas si méchant que ça pour finir.
Alors j'ai refusé. Alex ne m'a pas écoutée. Il m'a prise par l'épaule et m'a emmenée dans la file. Je me suis laissée faire. Ses copains m'ont souri. Je me suis dit qu'ils avaient sans doute été dans le même cas que moi.
À la fin de la journée, je souriais. Et je ne faisais pas semblant. [on dit que c'était le vendredi, heiin?]

28 mai
Vous pourriez croire que je meurs de bonheur. Eh bien non, mes amis. Parce que j'ai bien réfléchi aux paroles d'Alex qui m'ont entre autre appris que je passe aux yeux de tout le monde pour une fille complètement désespérée. Bon, vous remarquerez que, de ce côté, les gens ne se trompent qu'à moitié. Vu la vie merveilleuse que je me tape...
Par contre, maintenant, je suis complètement perdue. Je m'explique. Alex m'a refilé son numéro de gsm en disant (je cite): "Comme ça, si tu as un problème, si tu veux parler à quelqu'un, tu peux m'appeler, je serai là pour toi". Il avait l'air trop bienveillant en disant ça. Il me regardait un peu comme Antoine avant, avec une sorte d'amour débordant qui me faisait me sentir extraordinaire.
Et maintenant, il y a un truc bizarre au fond de mon ventre quand je pense à lui. Manquait plus que ça.

29 mai
C'est l'anniversaire d'Antoine. J'ai pas pu résister, j'ai téléphoné à Alex et je lui ai déballé toute ma vie en pleurant.

Tard dans la nuit...
"Chuuut, ça va aller, Sophie,... Tout va s'arranger, je te le promets."
Je n'arrête pas de penser à ces paroles, les dernières qu'Alex a prononcées avant de raccrocher.
Et plus j'y pense, plus quelque chose me dérange...

30 mai
J'ai évolué dans cette journée comme dans un rêve, tout était tellement étrange...
Quand il est monté dans le bus, Antoine m'a demandé s'il pouvait s'asseoir à côté de moi. J'ai dû le regarder avec des gros yeux car il a baissé la tête. Refusant de laisser passer une occasion pareil, j'ai répondu par l'affirmative. Nous avons échangé les banalités d'occasion, puis un silence gêné s'est installé entre nous. Je voyais qu'il rougissait et fuyait mon regard. Je ne m'étais tellement pas attendue à cela que je ne trouvais rien à dire pour briser la glace.
Arrivés à l'école, il a prétexté devoir fignoler un travail de groupe et est parti, les yeux toujours baissés. Charlotte, quant à elle, fut au petit soin pour moi toute la journée, enfin... autant qu'elle peut l'être pour une autre personne qu'elle-même. Quand je lui ai demandé ce qu'il se passait, elle a eu une drôle d'expression, un sourire plein de sous-entendu déformé par un air gêné et légèrement anxieux, mais n'a rien répondu. Je n'ai pas parlé à Alex de la journée. Je l'ai bien aperçu au bout d'un couloir, mais quand je l'ai appelé, il ne s'est pas retourné, alors que chacun de ses amis que j'ai croisé aujourd'hui m'a adressé un sourire et un petit signe de tête. Je n'y comprends rien, mais je suis tellement contente qu'Antoine m'ait reparlé!

1er Juin
Ca fait maintenant trois jours qu’Antoine a recommencé à me parler. Nous avons repris une relation amicale à peu près normale, néanmoins ponctuée de quelques malaises et de nombreuses absences, Antoine accordant la priorité à son duo d’amoureux transis. Quant à moi, je suis sidérée par ma capacité d’adaptation. Je connais par cœur l’horaire de ces tourtereaux en guimauve et parviens à m’accaparer chaque seconde du temps libre d’Antoine. Je suis presque – je dis bien presque – totalement immunisée à la vue de ce couple, et je peux en entendre parler sans risquer de défaillir d’un moment à l’autre. Après tout, JE suis responsable de cette situation. Si j’avais été moins faible et avais refusé de jouer les agents matrimoniaux contre mon intérêt, tout cela ne serait jamais arrivé. Mais voilà, je SUIS faible. Il ne me reste plus qu’à l’assumer. Et puis, je ne peux espérer avoir une chance avec Antoine si je l’ignore et le raye de ma vie. Autant rester dans l’ombre et attendre mon heure.
L’avantage du dérapage du mois dernier, c’est que maintenant, je reviens plus en forme que jamais, parée pour une session d’examen qui se promet d’être longue et ardue, ET que j’ai de nouvelles fréquentations profitables à ma santé – mentale entre autres. Il s’agit de Sam et Raphaël, membres de l’éternel bande d’Alex. À propos de ce dernier, eh bien, aucune apparition en vue, excepté une silhouette furtive au coin d’un couloir. Sa phase « Je-mets-mon-extraordinaire-personnalité-extravertie-au-service-des-autres » lui sera passée.
Enfin voilà. Je me réanime peu à peu, l’espoir m’habite à nouveau.

2 Juin
Tout va bien. Je ne devrais pas me plaindre. La situation s’arrange.
Pourtant, quelque chose me dérange.
Quelque part au fond de moi, il y a comme un vide.
Une étrange sensation de manque que je ne devrais pas ressentir.
Cela m’intrigue…
… et m’effraie.
Je refuse d’y penser.

14 Juin
Demain a lieu mon premier examen.
Cela semble étrange, mais je suis on ne peut plus impatiente d’entamer cette session. Evidemment, il y a une raison à cela : Antoine et Charlotte ont décidé d’un commun accord de ne pas se voir pendant les examens. Et j’ai réussi à le convaincre de travailler avec moi – « Comme ça, on pourra se faire réciter et s’expliquer mutuellement les points qui posent problème ». Du coup, je vais l’avoir à moi toute seule pendant une longue semaine. Et je compte bien mettre mon grain de sel.
Désolée, Charlotte, mais il est temps que je pense un peu à moi – et que je prenne les choses en main.

22 Juin
Après cette merveilleuse période d’étude durant laquelle j’avais enfin retrouvé mon Antoine à moi, il a malheureusement fallu que je redescende sur terre. Et la chute a été brutale. Malgré mon programme intensif de récupération basé sur une kyrielle de séquences mélancoliques « Ah, c’était le bon vieux temps ! » appuyées à grand renfort d’yeux de biche et de sourires éblouissants, Antoine et Charlotte ont immédiatement récupéré leur statut de siamois après le dernier examen – c’est-à-dire hier. Et voilà comment mes plans sont tombés à l’eau. Mais… je ne désespère pas ! S’il y a bien une vertu que je possède, c’est la patience, et je sens que cela ne va pas m’être superflu.
Enfin bref, je pense avoir réussi le défi – ô combien immense – de rattraper les conséquences désastreuses de mon laisser-aller scolaire, et nous avons dignement fêté cela hier avec Sam, Raphaël et leurs copines respectives. C’est quand nous sommes passés devant le cinéma que cette pensée m’a traversé l’esprit. « Au fait les gars, on ne voit plus beaucoup Alex avec vous… D’ailleurs, on ne le voit plus tout court.
Oui, c’est vrai, m’a répondu Sam, mais il est assez étrange ces temps-ci…
J’ai comme l’impression qu’il nous évite, a ajouté Raphaël. »
Cet échange m’a laissée pensive pendant quelques instants, puis a disparu de mon esprit tout comme a disparu le nuage qui cachait le soleil, et j’ai offert mon visage à la douce caresse d‘un rayon, voulant profiter au maximum de ce ciel radieux, plein de promesses.

24 Juin
Charlotte m'a téléphoné ce matin à la fois affolée et surexcitée. « Sophie, il faut absolument que tu m'aides : je n'ai toujours pas de chaussures et le bal est ce soir ! » Je suis restée silencieuse plusieurs secondes, attendant que l'information pénètre mon cerveau embrumé. « Sophie ?... Sophie !
Mais de quoi parles-tu Charlotte ?
Du bal de fin d'année, enfin !

Ne me dis pas que tu avais oublié ?
Euh... J'en ignorais la date – et même l'existence, mais bon, ça, il valait mieux le garder pour moi.
Quoi ?! Donc tu n'as rien pour venir ce soir ? Ni robe, ni chaussures, ni bijoux ?
Euh, eh bien, en fait...
Je passe te prendre dans dix minutes. Prépare ton porte-feuille. »
Et c'est ainsi que je me suis retrouvée à arpenter frénétiquement le centre commercial en compagnie de Charlotte. L'avantage avec notre chère Charlotte, c'est qu'elle a suffisamment d'enthousiasme et d'égo pour deux. Je me contentais donc de la suivre et de hocher la tête sur commande. Elle parlait, parlait, parlait ! Et moi, je tentais de calculer sa capacité pulmonaire pour voir quand elle manquerait ENFIN de souffle. Cela a fini par arriver.
Charlotte me faisait subir ses babillages incessants sur son exceptionnel talent pour assortir les vêtements, comme en témoignaient ses nouveaux escarpins qui iraient à « raviiiiiiiiir » avec sa robe ; je venais justement d'enfiler le dernier modèle dans la montagne qu'elle m'avait tendue – avec d'ailleurs un regard décidé, qui devait probablement signifier « Au boulot » - et sortait de la cabine d'essayage quand la « chose » s'est produite. L'instant d'avant, Charlotte remuait activement les lèvres, l'instant d'après, elle était bouche-bée, les yeux exorbités, avec l'air effaré de quelqu'un qui vient de croiser un mort. « Quoi ? Ca me grossit ? » ai-je aussitôt demandé, inquiète. « Sophie ! » fut tout ce qu'elle trouva à répliquer. Voyant que je ne saisissais toujours pas le sens de son propos, elle me fit pivoter face au miroir. Et là, c'est moi qui ai manqué de souffle.
Le miroir me renvoyait une image tout simplement surréaliste. Moi, Sophie, Sophie l'introvertie, Sophie la décalée, Sophie la dépressive, moi, Sophie, eh bien dans cette robe je semblais... divine. J'ai vu dans le miroir mes yeux s'écarquiller et mes joues rosir, ce qui ne faisait qu'ajouter au charme du reflet. Charlotte, toujours derrière moi, a rassemblé mes cheveux en un chignon haut, dégageant ainsi ma nuque, et en a sorti aux niveaux des oreilles deux longues mèches qui ondulaient le long de mon cou. La robe, d'un bleu pastel, doux tel une caresse, dégageait la naissance des épaules et de la poitrine grâce à un grand col elliptique, qui se fermait en courtes manches fluides couvrant les dix premiers centimètres du bras. Ceintrée depuis les épaules à la taille, elle tombait ensuite jusqu'aux pieds en plis flous dont les minuscules perles de verre brodées à la tulle, luisant à la lumière, en accentuaient l'aspect vaporeux.
« Je crois qu'on a trouvé ta robe », a murmuré Charlotte.

Début de soirée
Le reste a été très vite. On eut tôt fait de me trouver de simples chaussures à talons ouvertes, qui de toute façon, seront masquées par ma robe, ainsi qu'un trio pendantes – collier – bague assorti, à la fois discret et élégant, composé d'argent et de pierres transparentes légèrement bleutées. Charlotte a également insisté pour que j'embarque un long ruban du même bleu que ma robe, dans un but connu d'elle seule, et nous avons terminé notre tournée entre les mains expertes d'une esthéticienne. Plus tard, elle m'a déposée à la maison et m'a dit qu'elle viendrait pour m'aider vers huit heure, le bal débutant à neuf heure. « Mais... tu ne devais pas partir avec Antoine ? C'est ton cavalier...
Oh, si, mais je suis sure qu'il comprendra », répondit-elle avec un grand sourire.
J'ai beau ne pas particulièrement apprécier Charlotte et la considérer comme ma rivale dans l'affaire « Antoine », sa sollicitude et son amitié m'allèrent droit au cœur et le sourire que je lui ai rendu n'était pas feint. « À tantôt alors... » J'ai claqué la portière et regagné ma chambre entourée de mes précieux achats.
À peine ai-je eu le temps de faire un somme et de manger un bout que Charlotte était déjà de retour. J'ai baissé les yeux sous le poids de son regard courroucé et grimpé les escaliers quatre à quatre. De fait, je n'avais pas encore entamer les préparatifs et nous ne disposions plus que d'une heure, une heure que j'ai passée sous la houlette de Charlotte. Je me sentais comme une poupée Barbie : Charlotte m'habillait, me maquillait, me coiffait et me pârait de bijoux. C'est à ce moment que j'ai découvert l'utilité de ce fameux ruban. Après m'avoir aidée à enfiler ma robe et maquillée légèrement, elle a brossé mes cheveux et entrepris d'exécuter ma coiffure. Le ruban servait à la fois de bandeau et de lien pour retenir le chignon, et artistement passé, repassé, noué et renoué, le résultat était beau et sophistiqué. Je me suis plantée devant le miroir en pied qui se trouvait dans un coin de ma chambre pendant que Charlotte se préparait. Je n'en revenais pas de m'y trouver si belle, et ne pouvant m'empêcher de me mirer sous toutes les coutures, je me faisais l'effet d'être une princesse de conte de fée, ou bien une nymphe émergée d'une source. Charlotte est venue se poster à mes côtés et j'ai pu admirer sa robe fuschia qui rehaussait l'éclat de son teint. « Waouh, Charlotte, tu es splendide !
Crois-moi, pas autant que toi », dit-elle en riant.
Je rougis, ce qui la fit rire de plus belle. « Allez, viens sinon on va être en retard. » J'étais ébahie par sa bonne humeur et son inhabituelle générosité. Elle nous a vite remis à toutes deux une touche de maquillage et nous avons filé à toute vitesse.

25 Juin (très très tôt...)
Le bal s'est avéré être un moment étrange.
Tout s'annonçait pourtant pour le mieux. J'étais dans la voiture avec Charlotte, en route pour le bal et d'une exceptionnelle bonne humeur. Nous sommes arrivées sur les lieux avec à peine dix minutes de retard. Antoine attendait Charlotte, un immense sourire scotché sur le visage, et l'a embrassée quand elle l'eut rejoint. J'ai senti un léger pincement dans ma poitrine mais je me suis bien abstenue de montrer quoi que ce soit et me suis avancée pour lui dire bonjour. Lorsqu'il m'a aperçue, ce fut son tour d'écarquiller les yeux. « N'est-ce pas ? » a commenté Charlotte. Je gardais les yeux rivés au sol, embarassée. Charlotte a eut un frisson et nous nous sommes enfin décidé à entrer.
Je m'étais par le passé souvent demandé d'où sortaient les grands clichés, s'ils venaient vraiment de la réalité. J'ai obtenu la réponse le soir-même. À peine avions-nous franchi le seuil de la salle que tous les yeux se sont tournés vers nous. J'ai demandé à Charlotte : « Pourquoi vous fixent-ils ainsi ? ». Mais c'est Antoine qui m'a répondu. « C'est toi qu'ils regardent, Sophie » a-t-il doucement murmuré. Je n'ai rien su ajouter. Heureusement, au bout de quelques minutes, toutes ces paires de prunelles se sont détournées et j'ai pu me détendre.
Nous avons tranquillement bavardé, et Sam, Raphaël, Nora et Jess – leurs copines respectives – nous ont rejoints. « Tu es radieuse, Sophie ! » m'a complimentée Nora avec un immense sourire. J'ai bafouillé un merci avant de piquer un fard, ce qui m'a valu un clin d'oeil de la part de Jess. Puis, comme c'est toujours le cas dans ce genre de soirée, le « slow-time » est arrivé. Et étant donné qu'un malheur ne vient jamais seul, c'était bien entendu MA chanson qui passait. J'ai tout de suite compris que regarder Charlotte et Antoine danser serait au-dessus de mes forces. « J'ai besoin d'air frais » ai-je bredouillé lamentablement avant de me précipiter dehors.
Une large terrasse en dalles de pierre surplombait de vastes et luxuriants jardins desquels s'échappaient des bouffées de senteurs enivrantes. Accoudée à la balustrade, j'offrais mon visage à la clarté irréelle des étoiles et mes poumons à l'air frais du soir, lorsque j'entendis des bruits de pas s'arrêter derrière moi. « Bonsoir, Sophie », dit posément une voix dont la moindre inflexion s'était, à mon insu, gravée dans ma mémoire. Je me suis retournée. Alex se tenait devant moi, mortellement élégant dans son smoking noir. « Cela faisait longtemps » ai-je répondu. La musique douce et mélancolique nous parvenait légèrement étouffée de l'intérieur. « On danse ? » m'a-t-il proposé en me tendant la main. Je n'ai pas eu le temps de refuser qu'il me saisissait déjà et m'entrainait dans un doux balancement au rythme de la chanson.
« Comment se sont passés tes examens ?
Oh, plutôt bien, je pense avoir réussi à rattraper les dégâts...
Et avec Antoine ? »
Mon visage était en feu. « Tout va bien, on est amis.
C'est déjà ça. »
Il avait ajouté cela d'un ton si dur que j'ai relevé la tête. Ses yeux noirs me fixaient, intenses, et soudain n'existait plus au monde que ces puits sans fond.
À l'intérieur, le slow a pris fin et un morceau pop entrainant lui a succédé. Je me suis écartée d'Alex, secouant la tête comme pour dissiper quelque brume dans mon esprit. « Bon, il faut que j'y aille » ai-je lâché avant de m'engouffrer à l'intérieur sous le poids de son regard.
Je n'avais fait que quelques pas quand Charlotte m'est tombée dessus. « Ah, Sophie, je commençais à m'inquiéter ! » Puis, alarmée par mon expression : « Mon dieu, Sophie, tu es toute pâle, tu n'as vraiment pas l'air bien. C'est décidé, je te reconduis ! » Ayant rejoint Antoine, elle l'a brièvement mis au courant de la situation et l'a embrassé avant de me tirer par la main vers la sortie. Le trajet du retour s'est déroulé dans un silence absolu et lorsque la voiture se fut arrêtée devant ma maison, Charlotte s'est tournée vers moi, anxieuse. « Tu es sure que ça va aller ?
Mais oui, c'est juste une petite faiblesse, ne t'en fais pas pour moi, retourne t'amuser » ai-je répondu avec un pauvre sourire.
Charlotte a aquiescé, l'air incertain. Maintenant, en pyjama et enfouie sous ma couette, je ne peux m'empêcher de me repasser le film de la soirée en essayant, en vain, de mettre les choses au clair.

27 Juin
Les pensées tourbillonnent et s'emmêlent dans ma tête. Tant d'incompréhensions, de choses à remettre en question...
Hier, Charlotte et Antoine sont passés à la maison pour voir comment j'allais. Après m'être étendue sur mon retour au top de la forme, ce fut au tour de Charlotte de me conter la fin de la soirée, appuyée par Antoine qui hochait de temps à autres la tête. Charlotte me demandant si je m'étais amusée malgré mon départ précipité, je la rassurai. « Ah, j'ai croisé Alex aussi, je ne l'avais plus vu depuis longtemps.
Ah bon ? Nous pensions pourtant que vous étiez des amis proches, après ce qu'il a fait pour toi... s'est étonnée Charlotte.
Quoi, comment ça ce qu'il a fait pour moi ?
Eh bien, a dit Antoine, c'est lui qui nous a expliqué à quel point tu étais mal depuis que j'étais avec Charlotte, que tu vais l'impression que notre amitié était oubliée et combien Charlotte et moi te délaissions. Nous, nous ne nous en étions pas rendu compte, mais quand il nous a parlé, on s'est aperçu qu'il disait vrai et on est revenu vers toi, car tu nous manquais aussi. On est vraiment désolé de t'avoir laissée de côté. »
Les événements récents m'apparaissaient sous un jour nouveau . Ma confession à Alex, le brusque retour d'Antoine et Charlotte, la disparition d'Alex, ses paroles au bal... Tout cela prenait un tout autre sens que je ne parvenais pourtant pas à comprendre. La seule chose que je voyais clairement était que j'avais été terriblement injuste envers Alex, qui semblait se soucier de moi peut-être plus que quiconque, et je l'avais remercié en me contentant de l'oublier purement et simplement. La vague de reconnaissance qui montait en moi à cet instant me forçait à réparer cet énorme erreur de jugement.
J'ai cependant tâché de ne rien laissé paraître de mon trouble et me suis contentée de répondre : « Ah oui, c'est juste, il m'avait raconté. Nous avions tout deux beaucoup de travail pour les examens, ce qui explique que nous nous soyons un peu perdu de vue. »
Après encore quelques minutes de conversations futiles, Antoine et Charlotte sont partis, me laissant libre de réfléchir à la situation.

28 Juin
En cet idyllique mois de Juin, jour décisif : la remise des bulletins. La question étant : mes efforts herculéens ont-ils payés ? Je me suis rendue à l'école en croisant les doigts. J'ai rencontré quelques têtes connues sur le chemin de la classe J107, mon titulaire ayant demandé à me rendre mon bulletin personnellement à l'occasion d'un petit entretien, élément que je ne savais comment interpréter. Après avoir frappé à la porte, je suis entrée et me suis installée face à mon professeur. « Ha, Sophie ! Je dois dire que nous avons tous été surpris par ta chute vertigineuse ce dernier trimestre ! Que s'est-il passé ?
Euh... Eh bien je dois dire que je n'étais pas très bien...
Ce sont des choses qui arrivent. Par contre, tes examens... » - J'attendais le verdict, respiration retenue - « … tout bonnement époustouflants ! Je n'ai jamais vu quelqu'un réussir de la sorte après un tel décrochage, ta moyenne est remontée en flèche. Félicitations, Sophie, beau travail !
Merci monsieur, ai-je répondu avant de me lever et de me diriger vers la porte. Au revoir !
J'étais sur le point d'exploser de joie. À moitié dansant, je regagnais la sortie de l'école lorsque j'aperçus Alex qui marchait juste devant moi. « Alex ! » ai-je appelé d'une voix pleine d'entrain. Celui-ci n'a cependant pas semblé m'avoir entendue. « Alex » ai-je répété. Là, c'était visible, il accélérait le pas. J'ai couru à sa suite, lui ai attrapé le bras et obligé à me faire face. « Bonjour ! Ai-je lancé comme un défi.
Sophie. »
Il allait repartir mais j'ai continué sur le ton de la conversation. « Alors ton bulletin ?
Bon, et toi ?
Je me suis incroyablement bien rattrapée. Au fait, merci pour ton intervention auprès d'Antoine et Charlotte ! »
Il a eu un regard surpris, et un soupir résigné. « De rien...
Peut-on savoir en quel honneur tu as endossé l'armure de chevalier servant ? »
Il m'a alors fixée intensément. « Tu n'as toujours pas compris, n'est-ce pas ?
Compris quoi ?
J'ai soudain perçu le monde alentour avec une acuité nouvelle. La brise fraîche s'insinuant dans l'école par la grand-porte ouverte, transportant des effluves estivales, le soleil qui à travers les vitres chauffait l'air autour de nous, les éclats de rire provenant d'un groupe de jeunes un peu plus loin, mais rien de tout cela n'avait plus d'importance. Seuls importaient les lèvres d'Alex, chaudes et soyeuses sur les miennes, son bras enserrant ma taille et sa main sur ma nuque. Le monde extérieur disparaissait dans un tourbillon fulgurant dont nous étions le centre.
Alex s'est écarté avec un sourire désolé. « Excuse-moi ». Malgré mon ryhtme cardiaque inquiétant et mon souffle hâché, j'ai réussi à articuler : « Il n'y a rien à excuser ». Le regard plongé dans le sien, j'essayais de comprendre le magma en fusion qui remplaçait mon cœur. Je revoyais Alex, hilare, me charriant dans les couloirs. Je le revoyais attentionné, m'invitant au cinéma et m'intégrant à sa bande. Je réentendais sa voix douce et compréhensive au téléphone, retrouvais l'intensité de ses yeux noirs le soir du bal. Tout ce temps où, enfermée dans la mélancolie d'un passé révolu, aveuglée par une habitude que je pensais immuable, je n'avais rien vu. Rien vu de ce qu'il se passait hors de moi et en moi, par peur peut-être, ou par facilité. Et aujourd'hui, la lumière se faisait. Une lumière déchirante, éclatante, et qui me dévoilait la merveille qui était née et me libérait de la douleur que je m'infligeais jusqu'ici. Mes yeux s'arrondirent d'étonnement. « Alex... ai-je soufflé.
Je sais, a-t-il répondu dans un sourire d'enfant.
Il a pris ma main, et nous sommes sortis sous un soleil rieur.

30 Juin
Débordante de joie, j'attends Alex. Nous avons déjà prévu de rattraper le temps perdu pendant les vacances et devons nous organiser cette après-midi avant de partir pour notre premier rendez-vous. Nous allons au cinéma, il paraît qu'un « Attaque de zombies 2 » est sorti.


THE END (:
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